Huawei et la Chine proposent New IP : une mise à jour d’internet pour les régimes autoritaires

La Chine présente avec Huawei et des opérateurs chinois un nouveau protocole internet baptisé New IP, devant l'Union Internationale des Télécommunications. Il s'agit en fait d'une modification du protocole TCP/IP avec plusieurs fonctionnalités qui semblent faciliter la censure des régimes autoritaires.

Equipement réseau
Crédits : Unsplash

Au coeur de ce qui permet à internet de fonctionner, on trouve une suite de protocoles conçus dans les années 1970-1980, nommée TCP/IP. Le nom en soit est évocateur – il rappelle les deux protocoles à l'origine d'internet : le protocole IP pour Internet Protocol qui attribue des adresses uniques aux différents points du réseau et le protocole TCP ou Transmission Control Protocol qui gère la transmission de données.

C'est sur cette suite de protocole que s'ajoute ce que l'on appelle la couche dite application avec les “applications réseau” que sont HHTP/HTTPS, SSH, DNS ou encore FTP pour ne citer qu'elles. On comprend donc que toute modification du protocole TCPI/IP débouche sur une modification profonde des règles du jeu pour les applications réseau.

New IP, le futur d'internet selon la Chine

Et c'est donc avec tout cela en tête que l'on découvre un article du Financial Times parlant de New IP, nouveau protocole pour internet proposé par un groupement d'intérêts qui rassemble la Chine, Huawei et des opérateurs chinois devant l'Union Internationale des Télécommunications (UIT). A première vue, New IP est plutôt un progrès dans la bonne direction, puisque le standard permet un adressage plus efficace ainsi qu'une meilleure gestion du réseau.

Mais plusieurs de ses caractéristiques ont de quoi inquiéter. Notamment la présence d'un kill switch, sorte de bouton d'arrêt d'urgence qui permet à un acteur central d'isoler une adresse IP du reste du réseau.  Celle-ci ne pourra alors plus envoyer ou recevoir de données. D'autres inquiétudes surgissent autour du fait que les adresses mais aussi les paquets envoyés et reçus seraient reliés à l'identité du propriétaire de l'ordinateur ou du titulaire de la connexion.

Autant de caractéristiques qui rendent le système parfait pour des régimes autoritaires qui pratiquent la censure sur leur réseau, mais aussi très inquiétant pour le reste du monde. De son côté, Huawei minimise cette dimension pour insister sur les besoin techniques que ce nouveau protocole doit combler. La firme voit ce nouveau système comme indispensable aux voitures connectées par exemple. Et souligne que le standard est “ouvert aux ingénieurs et scientifiques du monde entier”.

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Reste à savoir si cette ouverture est de nature à atténuer la dimension autoritaire de ce projet. Ou ce que l'UIT et ses membres vont en faire. Le système TCP/IP est en effet loin d'être parfait, mais il y a quelque chose de très rassurant dans le fait qu'il ne cherche pas forcément à tout identifier et à tout contrôler de manière centralisée.

Source : Financial Times


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