Huawei : Washington veut forcer Londres à se passer des équipements 5G de la firme
Huawei est toujours dans le viseur de Washington, qui vient d'envoyer une délégation à Londres pour tenter de convaincre le pays de ne pas utiliser les équipements de la firme dans son déploiement 5G. Le ton semble néanmoins particulièrement acerbe avec ce pays, en délicatesse à cause de sa sortie des traités de l'Union Européenne.
Depuis le début de la guerre commerciale et des sanctions visant Huawei, les Etats-Unis n'ont de cesse que de tenter de convaincre leurs alliés de ne pas utiliser les technologies du constructeur chinois pour déployer leur réseau 5G. Un voeu pieux face à de nombreux partenaires. Se passer totalement de Huawei est en la matière très compliqué, et condamne les pays qui font ce choix à prendre du retard sur le déploiement de la technologie.
Ainsi, face à des accusations d'espionnage qui n'ont jamais pu être vraiment prouvées, les partenaires européens ont presque tous envoyé une fin de non-recevoir aux doléances américaines. Ce qui ne les empêche pas d'être prudents : la France a par exemple fait passer une loi qui oblige les opérateurs à solliciter une autorisation de la SGDSN pour les installations d'équipements stratégiques.
Le Royaume-Uni pourra-t-il tenir tête aux Etats-Unis ?
Néanmoins, au sein des 27, un Etat semble avoir nettement moins les coudées franches pour tenir tête aux Etats-Unis. On parle bien sûr du Royaume-Uni toujours empêtré dans le Brexit – le premier ministre Boris Johnson espère nouer un accord de libre échange avec les Etats-Unis dès que la sortie du pays de l'Union Européenne sera actée. Mais cette faiblesse, les Etats-Unis semblent justement avoir décidé de l'exploiter dans ce dossier.
Il y a quelques jours, le sénateur américain Tom Cotton (Parti Républicain), politiquement proche de Donald Trump, dévoilait une proposition de Loi qui, si elle était votée, pourrait interdire aux services de renseignement de collaborer avec les pays ayant déployé des équipements Huawei pour leur 5G. Or le Royaume-Uni, a, dans ce contexte difficile, repoussé plusieurs fois le choix de ses équipements pour son réseau 5G.
Le pays doit annoncer ses choix en la matière d'ici la fin du mois de janvier. Pour ajouter un peu de pression, une délégation américaine, composée, entre autres de Matt Pottinger, conseiller sécurité américain, vient de faire le déplacement à Londres. L'idée serait, selon BFM Business de “convaincre les autorités britanniques du bien fondé des accusations d'espionnage (qui n'ont jamais été prouvées) de la part du géant chinois”.
Pour autant, Londres montre une certaine forme de résistance, comme en témoignent les propos du chef du MI 5 Andrez Parker, qui estimait lundi que l'utilisation de certains équipements 5G Huawei ne menacerait pas l'accès du pays au renseignement américain. Le Royaume-Uni fait partie de l'alliance de sécurité anglo-saxonne Five Eyes, et perdre l'accès aux renseignements américains pourrait remettre en cause sa participation à plusieurs organisations sécuritaires et programmes impliquant les Etats-Unis.
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De son côté, 10 Downing Street explique “continuer à réfléchir à sa position” sur cette question et annoncera sa décision “en temps voulu”.
Source : BFM Business