Ils ont fait pousser les neurones d’un compositeur mort… qui continue à inventer de la musique !
Et si la mort n’était qu’un détail pour les artistes ? Alvin Lucier, compositeur décédé en 2021, prouve que la création peut survivre… grâce à un cerveau cultivé en éprouvette. Science-fiction ? Non, juste une collaboration entre bio-art et éthique.

Dans une galerie d’art de Perth, en Australie, une œuvre étrange attire les curieux : un amas de cellules cérébrales, issues du sang d’Alvin Lucier, génère en direct des mélodies expérimentales.
Connecté à un réseau d’électrodes, ce « mini-cerveau » réagit aux sons ambiants, compose, et perpétue l’esprit avant-gardiste du musicien. Un projet signé par des bio-artistes et validé par Lucier avant sa mort, qui pousse les limites de l’art posthume.
Lire également – Cette IA peut créer de la musique et s’adapte à vos moindres demandes, c’est bluffant
Du sang au synthétiseur cellulaire
Tout commence avec des échantillons de sang prélevés de son vivant. Les artistes Nathan Thompson, Guy Ben-Ary et le neuroscientifique Stuart Hodgetts transforment ses globules blancs en cellules souches, puis en neurones. Résultat : des organoïdes cérébraux, posés sur une grille de 64 électrodes. Ces amas de cellules, bien que minuscules, émettent des signaux électriques convertis en sons.
Dans la salle d’exposition, vingt plaques de laiton équipées de maillets répondent à ces impulsions. Chaque vibration, chaque pas des visiteurs, est capté par des micros et renvoyé vers les neurones, créant une boucle sonore en constante évolution. Au centre, une sculpture abrite ces cellules, permettant au public d’observer ce « compositeur » miniature sans le perturber.
Lire aussi : Spotify a trouvé une nouvelle idée pour vous faire payer plus et ça s’appelle l’IA
Lucier, connu pour ses expérimentations acoustiques, aurait adoré le concept. Son œuvre culte, I Am Sitting in a Room, jouait déjà sur la répétition et la dégradation du son. Revivification pousse plus loin : ici, le cerveau artificiel devient co-créateur, mélangeant héritage biologique et interactivité.
« C’est une extension cellulaire de sa vie, une immortalité artistique radicale », explique Nathan Thompson. Le projet interroge : qui est l’auteur, quand l’œuvre naît de neurones humains, mais sans conscience ? D’un point de vue éthique, le débat est ouvert, mais artistiquement, Lucier reste fidèle à lui-même, même après son départ.