L’indice de réparabilité est trompeur, les scores sont beaucoup trop élevés
L'indice de réparabilité vient de souffler sa première bougie. L'occasion pour l'association HOP (Halte à l'obsolescence programmée) de dresser le bilan de cette mesure. Sans surprise, HOP pointe du doigt de nombreuses incohérences et donne des pistes pour rendre ce score plus efficace et surtout plus fiable.
Comme vous le savez peut-être, la France a instauré depuis le 1er janvier 2021 l'indice de réparabilité. Prenant la forme d'une note sur dix points, ce score donne des informations aux consommateurs sur la réparabilité d'un produit. Ce score est basé sur plusieurs critères comme la qualité et la clarté de la documentation fournie, la facilité de réparation, la disponibilité et le prix des pièces détachées ou encore le rapport entre la pièce détachée la plus chère et le prix de vente du produit.
Pour l'instant, l'indice de réparabilité porte sur cinq catégories de produits seulement, à savoir les smartphones, les téléviseurs, les ordinateurs portables, les tondeuses à gazon et les machines à laver. Un an après son entrée en application, l'association HOP pour Halte à l'obsolescence programmée vient de tirer un premier bilan.
L'association HOP dresse le bilan de l'indice de réparabilité
Pour ce faire, l'organisme a analysé une base de données comportant plus de 2000 scores de réparabilité afin d'évaluer le déploiement actuel de l'indice, examiner la clarté de la grille de calcul et vérifier si les notes attribuées par les fabricants sont bien représentatives des produits.
Et justement, l'un des principaux écueils mis en avant par HOP est l'incohérence de certaines notes. Dans le cadre de cet étude, HOP a réalisé une contre-expertise de six produits, à savoir trois smartphones, deux PC portables et une TV. À l'exception d'un produit, les notes obtenues par HOP sont inférieures à celles données par les fabricants (ce sont les constructeurs eux-mêmes qui calculent l'indice de réparabilité de leurs produits).
Selon HOP, les constructeurs ont survévalué la disponibilité des pièces détachées et la qualité de la documentation fournie. Par exemple, HOP a attribué la note de 5,8/10 à l'iPhone 7 Plus contre 6,4/10 selon la marque à la pomme. Même constat chez Samsung, avec une note qui passe de 8/10 à 6,6/10 pour HOP. Le bon score du Vivo Y21s de 7/10 doit également être remis en question, dans le sens où le fabricant ne propose aucune pièce détachée à la vente…
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HOP réclame plus de transparence et des contrôles indépendants
Face à ces écarts, l'association demande la mise en place d'un contrôle indépendant des notations, pour s'assurer que les constructeurs ne gonflent pas leurs notes. Selon elle, cette difficulté à identifier les produits les plus réparables est accentuée par le manque de discrimination entre les scores. En effet, les appareils avec un mauvais indice de réparabilité sont plutôt marginaux. Cela sous-entend deux choses :
- Soit les produits sont en majorité facilement réparables (ce qui n'est pas le cas d'après HOP)
- Soit l'actuelle grille de calcul ne parvient pas à établir de différences suffisamment importantes entre les produits et ne se montre pas assez stricte envers les mauvais élèves
Pour plus de transparence, HOP suggère la création d'un site internet public pour répertorier les scores des différents indices de réparabilité et les détails des grilles de calcul. Par ailleurs, l'organisme souhaite également que le système de notation soit revu et pointe du doigt la pondération des critères. À leurs yeux, le système est biaisé dans le sens où un appareil qui obtient une note exécrable en démontabilité ou en disponibilité des pièces détachées (synonyme de réparation impossible) pourra très bien afficher un bon indice de réparabilité en ayant de bonnes notes sur d'autres critères. En d'autres termes, l'indice final reflète mal les failles du produit.
“En somme, ce rapport adresse des demandes de clarification ainsi que des recommandations aux autorités françaises, d'une part pour renforcer l'indice et son ambition et d'autre part afin de les aider à cibler certains paramètres en priorité lors des indispensables contrôles qui devront être effectués”, conclut HOP.
Source : HOP