Instagram est le nouvel El Dorado des dealers, acheter de la drogue n’a jamais été aussi simple
Une nouvelle étude alarmante révèle à quel point il est facile d’acheter de la drogue sur Instagram. En plus de laisser des comptes de dealers actifs, le réseau social ne parvient pas à éradiquer efficacement les posts qui mentionnent explicitement certaines substances illégales. Pire encore, il suffit de suivre un de ces comptes pour s’en voir proposer d’autres.
Il y a exactement un an, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, qualifiait Snapchat de « réseau social de la drogue ». En effet, les dealers s’y sont installés depuis quelque temps maintenant, et il n’est pas rare de tomber sur du contenu faisant la promotion de substances en tout genre. Néanmoins, la plateforme n’est pas la seule à attirer ces vendeurs. En effet, Instagram est à son tour devenu une plaque tournante de la drogue sur Internet, sans que Meta ne semble pouvoir y faire grand-chose.
Voilà ce que révèle la dernière étude du groupe d’activistes The Tech Transparency Project qui a voulu évaluer la simplicité d’accès à des comptes commercialisant des substances illégales. Les découvertes sont effarantes. En créant simplement un profil test pour se faire passer pour des adolescents, les chercheurs ont pu tomber sans difficulté sur de nombreux comptes qui affichent explicitement leurs produits. Et sans, sans s’attirer les foudres du réseau social.
Les dealers ciblent les adolescents sur Instagram
Pour les trouver, rien de plus simple. Il suffit de taper dans la barre de recherches des expressions comme « MDMA à vendre » pour que plusieurs comptes de dealers soient proposés par Instagram. Cela fonctionne en réalité pour plusieurs types de substances, souligne les chercheurs, tels que l’antidépresseur Xanax ou encore « oxy », qui est le diminutif de l’oxycontin, un médicament pouvant être utilisé à des fins récréatives.
Bien entendu, le règlement d’Instagram stipule clairement que la vente de drogues est interdite sur sa plateforme. Mais en réalité, la modération s’avère bien plus compliquée que prévu. Pour l’heure, les mesures de la filiale de Meta se résument à bloquer l’utilisation de certains hashtags en lien avec le milieu de la drogue, ainsi qu’à afficher un message de prévention lorsque l’utilisateur s’aventure tout de même à taper les recherches citées ci-dessus.
Mais, comme le relève Katie Paul, directrice du Tech Transparency Project, ces restrictions sont loin d’être suffisantes pour lutter efficacement contre ce phénomène. « Instagram s’oppose à faire réellement quelque chose qui répondrait matériellement à ces préjudices sur sa plateforme parce qu’ils ne veulent pas rogner sur leurs résultats », ajoute-t-elle, puisque des mesures trop strictes pourraient réduire le temps de présence des utilisateurs.
Instagram ne fait pas assez pour se débarrasser des dealers
Qui plus est, ces efforts se révèlent beaucoup moins efficaces que prévu. En effet, les chercheurs ont découvert que certains hashtags bloqués pouvaient être contournés en étoffant l’expression. Par exemple, il n’est pas possible d’utiliser #fetanyl, mais #fetanylcalifornia affiche de nombreux résultats compromettants pour la plateforme. Également, le #Xanax bloqué sur la version web ne l’est pas sur la version smartphone de l’application.
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Pire encore, il arrive qu’Instagram encourage ces recherches. Alors que #opiates ne donne aucun résultat, le réseau social a suggéré l’utilisation de #opiatesforsale (« opiacés à vendre ») aux chercheurs. Cela va encore plus loin. En effet, il suffit de suivre un seul compte de dealer pour qu’Instagram en propose plusieurs autres à l’utilisateur. Certains d’entre eux se vantent de leur discrétion, tout en ayant un nom et une photo de profil particulièrement ne laissant que très peu de doutes quant à leurs activités.
« Nous n’autorisons pas la vente de drogues illicites et nos systèmes détectent et suppriment plus de 96 % des contenus illicites avant que les gens ne les signalent », a fait savoir Meta, en réponse à l’étude. La firme a par ailleurs supprimé tous les comptes signalés par The Tech Transparency Project. Reste que ces découvertes sont particulièrement embarrassantes pour cette dernière.
Alors qu’Instagram a récemment été pointé du doigt concernant son impact négatif sur la santé mentale de ses utilisateurs les plus jeunes, savoir que des adolescents peuvent aisément acheter de la drogue sur sa plateforme ne va pas améliorer son image. D’autant que si l’entreprise améliore régulièrement son contrôle parental, force est de constater que ce dernier présente encore de nombreuses lacunes.
Source : Forbes