La dépendance à la technologie durant la pandémie de COVID-19 a engendré de grandes inégalités au niveau de l’éducation

Le dernier rapport de l’UNESCO tire la sonnette d’alarme face aux inégalités grandissantes dans le milieu de l’éducation. Ces inégalités ont été creusées lors de la pandémie de COVID-19, qui a poussé les établissements scolaires à se tourner vers les nouvelles technologies pour continuer à donner des cours. Seulement, tous les élèves n’ont pas les mêmes accès à ces technologies.

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« Une tragédie de l’éducation à l’ère technologique ». Le nom donné au dernier rapport de l’UNESCO donne le ton. Durant 655 pages, ce dernier s’intéresse aux retombées dans la pandémie de COVID-19 sur le l’éducation, et notamment la dépendance à la technologie qui en a découlé pour maintenir le rythme des cours. Si cette dernière a certes permis aux professeurs du monde entier de continuer à transmettre le savoir, le constat des Nations-Unies est sans appel : elle a aussi creusé profondément des inégalités entre les élèves.

Début 2020, le monde entre dans sa première phase de confinement, forçant les écoles à trouver des solutions pour maintenir l’éducation des enfants. Les cours à distance se présentent alors comme l’alternative idéale, après des années de promotion intensive par les grands noms de la tech. À l’époque, il semblait même qu’il s’agissait du seul remplacement envisageable, permettant à des millions d’élèves de se retrouver et d’avoir accès à la documentation nécessaire.

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Ils existaient de meilleures solutions que les cours en ligne durant la pandémie, selon l’UNESCO

En mai 2020, 60 % des cours en distanciel nécessitaient d’avoir une connexion Internet. Or, selon l’UNESCO, cette condition a exclu environ 500 millions d’élèves à travers le monde, du fait d’un manque d’accès à un réseau stable ou de matériel nécessaire. Aux États-Unis comme au Pakistan, c’est ainsi un tiers des étudiants qui ont été privés d’éducation durant cette période. Seuls les foyers les plus aisés ont pu continuer les cours normalement.

Autre problème, l’éducation digitale a considérablement réduit la part d’apprentissage formel, remplacé majoritairement par diverses tâches informatiques, comme l’exploration de dossiers et la prise en main des plateformes éducatives. Les élèves se sont ainsi retrouvés contraints de « se déplacer au sein de contenus d’apprentissage automatisés, vérifier les mises à jour sur les plateformes de l’entreprise et supporter de longs appels vidéo », note l’UNESCO.

L’organisation déplore également le manque de socialisation entre les élèves et l’absence d’activités extrascolaires, qui a poussé nombre d’entre eux à décrocher de leur scolarisation. « Les données disponibles indiquent clairement que les points positifs des expériences ed-tech pendant la pandémie, bien qu’importants et méritant l’attention, ont été largement éclipsés par les échecs », écrivent les Nations-Unis. Le constat de l’UNESCO est clair : ce sont avant tout les grandes entreprises de la tech qui ont bénéficié de cette poussée vers l’enseignement en ligne, au détriment de l’aspect humain de l’éducation.

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L’UNESCO préconise un retour au low-tech dans l’éducation

Le rapport a reçu un accueil global très favorable des experts du secteur. Paul Lekas, directeur de la politique publique de la Software & Information Industry Association, association qui compte notamment Google, Apple et Amazon parmi ses membres, a qualifié le document « d’extrêmement important ». « Il y a beaucoup d’enseignements à tirer de la façon dont l’éducation numérique s’est déroulée pendant la pandémie et des moyens de réduire la fracture numérique. »

Par ailleurs, l’UNESCO n’a pas oublié de pointer du doigt la montée en puissance de l’IA dans le milieu de l’éducation, qui a lancé d’innombrables débats ces derniers mois, appelant à une utilisation responsabilisante des outils par les élèves plutôt qu’à une interdiction. Parmi les autres recommandations de l’organisation, on retrouve également un retour à des solutions moins avancées, mais bien plus adoptées par la population, telles que des cours par télévision ou par radio, voire un envoi par courrier de la documentation.

Enfin, l’UNESCO appelle plus de régulation autour des outils connectés, ainsi qu’à une formation plus complète des enseignants. À l’avenir, un retour au présentiel plus tôt est également préconisé. En 2021, la CNIL alertait déjà sur les dérives de l’arrivée des outils numériques dans l’enseignement.

Source : UNESCO


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