La fin des voitures thermiques en Europe pourrait coûter très cher selon ce rapport, dans tous les sens du terme

Un rapport de la Cour des comptes de l'Union européenne montre que viser les 100 % de voitures électriques n'est pas sans danger. Plusieurs paramètres se révèlent moins favorables que prévus.

Voiture electrique
Crédits : 123RF

Les émissions de gaz à effet de serre sont un problème auquel l'Europe s'attaque depuis plusieurs années. En 2050, le Vieux Continent vise zéro émission nette. Et comme le transport est responsable d'un quart de ces dernières, des mesures drastiques, mais indispensables, sont prises à son sujet. Plusieurs axes sont envisagés. D'abord, faire en sorte que les moteurs thermique soient moins polluants. Un échec selon un rapport de la Cour des comptes de l'UE : “la plupart des voitures thermiques actuelles émettent toujours la même quantité de CO2 qu’il y a 12 ans“.

En réalité, les moteurs actuels sont effectivement plus écologiques qu'avant. Sauf que leur puissance moyenne a augmenté pour contrebalancer la hausse globale du poids des véhicules. Les bénéfices s'annulent. Autre souci, la classification des hybrides rechargeables comme véhicules à faibles émissions. Malgré ce que l'on peut penser, “l’écart moyen entre les émissions mesurées en laboratoire […] et celles constatées sur route est de l’ordre de 250 %“. Pas si “propre” que ça au final. L'autre axe étudié est de mettre l'accent sur les carburants alternatifs, mais là aussi, c'est visiblement voué à l'échec.

En finir avec les voiture thermiques en Europe n'est pas aussi facile qu'on le croit

Pour la Cour des comptes, se lancer dans les biocarburants pour dépolluer l'Europe n'est “pas viable à grande échelle“. Elle n'en produit pas assez et quand bien même, ils ne seraient pas aussi avantageux qu'attendu. “Les matières premières utilisées pour les produire peuvent participer à la destruction des écosystèmes et nuire à la biodiversité, à la qualité des sols et de l’eau, ce qui soulève inévitablement des questions éthiques sur les priorités relatives accordées à l’alimentation et aux carburants“, souligne le rapport.

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Voilà pourquoi “la seule solution viable” est le passage au 100 % électrique sur les routes, soit l'adoption des véhicules électriques dans tous les pays membres de l'Union européenne. L'échéance est déjà actée puisque la vente des véhicules thermiques sera interdite en Europe en 2035. Là aussi pourtant, c'est loin d'être gagné. Les auteurs du document préviennent que ça “coûtera cher, tant à l’industrie qu’aux consommateurs européens”, dans la mesure où “cela pourrait mettre l’UE dans l’impasse, tiraillée entre la stratégie du pacte vert pour l’Europe et sa souveraineté industrielle“.

Le problème majeur est la production de batterie, où l'UE “est à la traîne” avec seulement 10 % de la capacité mondiale. C'est trop peu face au 76 % de la Chine et obligerait à les importer massivement, ce qui est déjà le cas pour les matières premières indispensables à la fabrication du composant. Lithium, manganèse, cobalt ou graphite proviennent entre 40 et 90 % environ de pays “instables politiquement” ou présentant “des risques géopolitiques pour l’autonomie stratégique de l’Europe”.

L'Europe doit agir en urgence pour réussir le pari de la transition vers les véhicules électriques

À tout cela s'ajoute le coût de fabrication d'une batterie de voiture électrique. En Europe, il s'avère “beaucoup plus élevé que prévu“, avec un prix qui “peut atteindre la somme astronomique de 15 000 euros en moyenne sur le Vieux Continent“. Les tarifs des véhicules propres européens pourraient donc être augmenté, ce qui les rendrait inaccessibles à plus de monde. On risque de se retrouver dans une situation où les “wattures” côtoient de vieux modèles thermiques polluants que leurs propriétaires n'auraient pas les moyens de remplacer.

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Dernier obstacle qu'il va falloir franchir rapidement, la construction de bornes et stations de recharge dans tous les pays de l'UE. La France est plutôt une bonne élève en la matière, ce qui est loin d'être le cas ailleurs.

Malgré plusieurs réussites comme l’émergence d’une prise standard commune au niveau européen, parcourir les routes des Vingt-Sept au volant d’une voiture électrique reste compliqué”, explique la Cour des comptes, qui relève que “ce type de borne est particulièrement rare à l’est, 70 % des points de recharge étant situés en France, en Allemagne et aux Pays-Bas“. On ne sait pas encore si l'Europe va pouvoir régler tout ça à temps, mais une chose est sûre : la route vers le 100 % électrique est encore longue.

Source : La Libre

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