La voiture électrique à 100 € par mois va coûter plus cher, le gouvernement a oublié un petit détail
Le leasing social s'impose comme l'une des mesures les plus ambitieuses du gouvernement avec cette promesse d'une voiture électrique à 100 €/mois. Prometteur sur le papier, le dispositif permettra-t-il réellement de ne pas dépasser cette somme ? Malheureusement non.
De fil en aiguille, on commence à y voir plus clair concernant le fameux leasing social. Faisant partie des promesses phares de campagne d'Emmanuel Macron, cette mesure doit permettre aux ménages les plus modestes d'acquérir une voiture électrique pour seulement 100 € par mois.
Depuis que le président sortant est à nouveau à la tête de l'Etat, les contours du dispositif sont restés particulièrement flous. Il aura fallu attendre avril 2023 pour avoir du nouveau sur le sujet de la part d'Elisabeth Borne, qui a confirmé une présentation détaillée de la mesure en novembre 2023. Quant à son entrée en vigueur, elle est fixée au début d'année 2024.
Bruno LeMaire apporte quelques détails sur le leasing social
Or, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno LeMaire vient d'apporter des précisions supplémentaires sur le dispositif à l'occasion de la Journée de la Filière Automobile ce 24 octobre 2023. En premier lieu, le locataire de Bercy a rappelé quelques informations déjà connues. Le leasing social devrait coûter environ 50 millions d'euros à l'Etat, prélevés directement dans l'enveloppe de 1,5 milliard d'euros prévue pour financer le verdissement du parc automobile français (le bonus écologique en fait partie).
Si les critères d'éligibilité seront abordés en détail dans quelques semaines, on sait néanmoins que 50% des ménages les plus modestes (soit ceux affichant un revenu fiscal de référence par personne de moins de 20 850 €) pourront en profiter. Au total, cela représente environ 100 000 personnes d'après les dires de l'Etat.
Pas d'apport, mais pas d'assurance non plus
En revanche, donnée que l'on ne savait pas encore, Bruno LeMaire a confirmé que les bénéficiaires n'auront pas à payer d'apport. Comme l'ont précisé nos confrères des Echos hier, l'Etat voudrait proposer une subvention de 13 000 € maximum. Une somme essentielle pour garantir ces basses mensualités et pour assurer aux loueurs un premier loyer important. Précisons toutefois que la chose n'est pas encore figée dans le marbre, les négociations avec les constructeurs étant toujours en cours.
Là où le bât blesse, c'est que l'Etat n'a pas prévu d'inclure l'assurance auto dans cette fameuse mensualité de 100 €/mois. De facto, la promesse du gouvernement paraît fatalement non-tenue comme l'a fait remarqué le président de la Commission développement durable à l'Assemblée nationale Jean-Marc Zulesi : “Il faudra ensuite ajouter l'assurance. Autrement dit, le coût final pour l'automobiliste pourrait être de 120, 130 € voire plus”, a-t-il déclaré dans les colonnes du Parisien.
Les coûts inhérents aux contrats proposés
Il y a ensuite un autre point de friction. D'après le ministre de l'Economie, deux types de contrats seront proposés dans le cadre du leasing social. En effet, les bénéficiaires pourront opter au choix pour une location longue durée (LLD) ou bien pour une location avec option d'achat (LOA). Dans les deux cas, il faudra anticiper certains frais cachés.
Pour le LDD par exemple, il sera impératif de rendre le véhicule dans un état quasi neuf. En effet, à la fin du contrat, le bailleur envoie un expert pour vérifier le bon état de la voiture. Carrosserie, équipements, vitrage, batterie et mécanique, tout sera passé au peigne fin. Et en cas de dommage ou d'usure anormale, le conducteur devra s'acquitter de frais de remises en état parfois très onéreux.
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Dans le cas du LOA, la situation est similaire. A la fin du leasing, la voiture devra être rendue dans un très bon état. La carrosserie, la sellerie, les pneumatiques ou encore le kilométrage seront vérifiés et ici encore, des frais de remises en état seront exigés en cas d'irrégularités constatées. Le kilométrage revêt une importance toute particulière. En effet, un LOA prévoit toujours un nombre de km maximal à parcourir durant la durée du contrat. En cas de dépassement, il faudra payer une indemnité pour chaque kilomètre excédentaire. De quoi transformer ce leasing social en bourbier financier pour les ménages les plus modestes.
Enfin, il reste un autre important encore non élucidé. Pour cause, on ne sait pas encore si l'entretien du véhicule sera compris ou non dans les mensualités, s'il sera pris en charge par le gouvernement ou les constructeurs. Si ce n'est pas le cas, voilà des frais que les ménages devront encore prendre en compte (pneumatiques, diagnostic de la batterie, etc.).
Source : Le Parisien