Laisser l’IA piloter cette centrale nucléaire est-il vraiment une bonne idée ?
Une centrale nucléaire américaine commence à utiliser l’intelligence artificielle sur site. Officiellement, l’IA n’a qu’un petit rôle d’assistance. Mais certains élus s’inquiètent déjà d’une dérive vers des fonctions plus sensibles. Les enjeux de sécurité poussent à exiger davantage de garanties.

L’intelligence artificielle transforme déjà de nombreux domaines, de la santé à la recherche scientifique. Elle assiste par exemple les médecins dans la détection du cancer avec une précision impressionnante, parfois supérieure à celle des professionnels. Elle aide aussi les chercheurs à analyser des millions de données pour générer de nouvelles hypothèses scientifiques plus rapidement. Ces avancées montrent qu’elle peut réellement faciliter des tâches complexes. Mais lorsqu’elle commence à s’intégrer dans des infrastructures sensibles comme une centrale nucléaire, la prudence reste de mise. Et aux États-Unis, un premier cas concret attire l’attention.
La centrale de Diablo Canyon, en Californie, est la première du pays à accueillir une IA directement sur site. Développée par la startup Atomic Canyon, cette intelligence artificielle appelée Neutron Enterprise n’est pas connectée au cloud. Elle sert pour l’instant à rechercher et résumer les documents techniques et les réglementations. Ces documents représentent des millions de pages que les employés doivent consulter pour exploiter le site dans les règles.
La centrale nucléaire utilise l’IA Neutron Enterprise pour la documentation, mais son usage pourrait s’étendre
L’entreprise PG&E, qui gère la centrale, assure que l’IA ne prend aucune décision opérationnelle. Elle agit comme un assistant de recherche local, capable de traiter le jargon nucléaire et de trouver rapidement des consignes précises. Le but est de réduire le temps passé à consulter les bases de données internes. Pourtant, plusieurs responsables politiques et experts jugent ce type de déploiement préoccupant. Ils craignent que cette dernière, même bien intentionnée, soit progressivement utilisée pour des fonctions plus sensibles, sans cadre réglementaire suffisant.
Sur le même sujet – L’IA va affecter 40 % des emplois : il faut s’adapter dès maintenant, alerte l’ONU
Pour l’instant, la Commission de régulation nucléaire américaine suit le projet sans imposer de cadre strict. Certains élus locaux demandent plus de transparence et des garde-fous clairs, surtout si l’IA devait à l’avenir intervenir dans des décisions touchant directement à la sécurité de l’installation. Même si les objectifs affichés restent modestes, cette expérimentation ouvre la voie à une transformation profonde de la gestion des centrales. Une évolution qui, selon ses détracteurs, ne doit jamais se faire sans contrôle public rigoureux.
Source : The Markup