Le PDG de Xiaomi nous a expliqué comment il a développé la SU7, la berline électrique qui donne des cauchemars à Tesla et Porsche

Uniquement commercialisée en Chine pour le moment, la Xiaomi SU7 est la toute première voiture électrique du constructeur que l'on connait surtout pour ses smartphones, ses objets connectés et autres trottinettes. Nous avons pu la découvrir au sein même de l'usine où elle est produite, à quelques encablures de Pékin. Ce modèle conçu en un temps record peut-il rivaliser avec la crème des voitures électriques aujourd'hui ? Les constructeurs occidentaux ont-ils du souci à se faire ? On vous dit tout.

SU7

Drôle d'histoire que celle de la genèse de la Xiaomi SU7, une berline 100 % électrique qui, sur le papier, est capable de rivaliser avec les modèles de Tesla non sans afficher un tarif autrement plus agressif. Mais aussi une voiture née dans la douleur entre Covid et sanctions du Département d'État américain. Car c'est bel et bien ce dernier qui est à l'origine de l’arrivée de Xiaomi sur ce segment, alors qu'on connaissait avant tout la marque pour ses nombreux produits d'électronique grand public, à commencer par ses smartphones à l'excellent rapport prestations/prix.

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L'usine où est produite la SU7

À l'occasion de la désormais traditionnelle conférence annuelle de l'entreprise à Pékin à laquelle nous avons pu assister, Lei Jun, le fondateur et PDG de Xiaomi a relaté la genèse de la SU7. Une mise en scène soignée soulignée par une BO évocatrice au piano pour le récit de cette success story. Et pendant un peu plus d'une heure d'une très (trop) longue présentation de trois heures, Lei Jun a détaillé son implication hors du commun dans ce projet, non sans partager quelques anecdotes étonnantes.

Une voiture conçue en trois ans seulement

Face à la menace de sanctions de la part de l'administration Trump en 2020, le Conseil d'Administration de Xiaomi s'est vite posé la question d'investir l'industrie automobile. Un constat qui faisait déjà sens au regard à la convergence de l'électronique grand public et le segment de la voiture électrique connectée. Pour autant, se lancer sur un tel marché sans aucune expérience implique un investissement très conséquent, évalué à quelque 10 milliards de dollars par Lei Jun. Une telle somme va légitimement inquiéter. En alors que l’entreprise traversait à l’époque une transformation importante avec les départs massifs de hauts profils, l’engagement du PDG de Xiaomi de prendre les commandes du projet en mars 2021 finira de convaincre le Conseil d'Administration.

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Lei Jun raconte avoir longuement hésité, se demandant notamment s'il n'était pas déjà trop tard pour se lancer dans un tel défi face à des concurrents déjà bien installés. Dès lors, plutôt de faire de Xiaomi EV une entreprise publique côté en Bourse, le PDG choisit de rester indépendant pour aller plus vite. 7 000 personnes sont impliquées dans le projet, dont 1 000 spécialistes issus du monde de l'automobile. Pour ne rien arranger, Xiaomi choisit de tout développer en interne plutôt que de travailler avec des OEM, notamment en développant son propre moteur électrique pour sa première voiture qui deviendra la Xiaomi SU7.

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De la même façon, afin de proposer la “dream car” électrique selon les propres morts de Lei Jun, ce ne sont pas trois prototypes de batterie qui sont conçus comme c'est normalement la norme, mais dix ! L'implication du PDG est totale et surtout inédite. Pour l'anecdote, celui-ci n'a pas hésité à visiter des concessions incognito, avant de parcourir le parking de Xiaomi à la recherche de modèles intéressants. Le patron n’hésitera d’ailleurs pas à laisser une note sur le parebrise de certains pour leur demander à essayer leur voiture et ainsi l’aider à parfaire sa connaissance du marché. Devenu essayeur automobile à l'instar des spécialistes, Lei Jun aurait ainsi abandonné sa voiture avec chauffeur pour prendre le volant de plus de 150 modèles différents.

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Non content d'avoir installé un simulateur qui ferait baver tout gamer, il s'est également lancé dans des cours de pilotage avant d'obtenir sa licence. Il entrainera d'ailleurs avec lui 100 employés dont des ingénieurs qui ont participé à plusieurs courses sur circuit avec quelques accrochages, qui ont délecté les spectateurs de la conférence de Pékin.

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Enfin, le PDG de Xiaomi a également pris part aux essais hivernaux de la SU7 en décembre 2022, avant de participer à ce qu'il n'hésite pas à qualifier sur scène de plus grand road trip de l'industrie automobile en janvier 2023 : 576 prototypes auront ainsi parcouru 5,4 millions de kilomètres entre 300 villes. Pour sa part, Lei Jun conduira 5 000 km au volant d'une Xiaomi SU7, allant même jusqu'à parcourir 1 276 km en 15 heures pour aller de Pékin à Shanghai par la route. Rarement un PDG aura autant donné de sa personne au cours du développement d'une voiture. Il faut dire que pour Lei Jun, il en allait de l'avenir de l'entreprise qu'il a fondé en 2010.

La Xiaomi SU7 à la conquête du Nürburgring et du monde

Avec cet investissement de 10 milliards de dollars, Xiaomi joue quitte ou double, et rien de plus que son avenir. Objectif avoué, faire de la marque une référence sur le segment de la voiture électrique et compter dans le top 5 des principaux constructeurs automobiles dans le monde.

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Non content d'avoir réussi son pari de développer une voiture en seulement trois ans, Xiaomi a en parallèle construit sa propre usine d'assemblage à Pékin. Des installations dédiées à la voiture électrique et qui couvrent une superficie de 718 046 m2, soit l'équivalent de celle de la cité interdite ! Et alors que le premier exemplaire est sorti de la chaîne d'assemblage le 16 aout 2023, ce sont désormais 40 voitures qui sont produites toutes les heures, soit une nouvelle voiture toutes les 76 secondes.

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Pour quel résultat ? Lei Jun peut aujourd'hui dormir tranquille. En effet, Xiaomi a enregistré 10 000 précommandes en quatre petites minutes, et même 50 000 en 27 minutes. Depuis, l'entreprise annonce ne plus être en mesure de satisfaire la demande et recommande carrément aux clients de s'adresser… à ses concurrents. L'annonce de la surpuissante Xiaomi SU7 Ultra qui va tenter de battre le record du tour sur le célèbre Nürburgring en Allemagne, ne devrait pas arranger les choses. Sa déclinaison de série est d'ailleurs théoriquement attendue en 2025 comme nous vous le disions ici.

Et l'Europe dans tout ça ? Si l'entreprise ambitionne de voir une voiture Xiaomi dans toutes les rues du monde, il est désormais acquis que la SU7 ne sera pas commercialisée sur le vieux continent. Bien occupé en Chine, Xiaomi se laisse en effet le temps de développer son réseau de distribution et de service après-vente. C'est donc un autre modèle qui devrait marquer l'arrivée de la marque sur le segment de la voiture électrique. Et probablement un énième SUV, n'en déplaise aux amateurs de la berline chinoise aux faux airs de Porsche Taycan.


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