Le prix de l’électricité devient négatif en France, quelles conséquences sur les factures ?
Le prix de l'électricité passe en négatif de plus en plus régulièrement en France. Ce phénomène concerne surtout les producteurs d'énergie, mais les consommateurs peuvent-ils espérer une baisse du montant de leurs factures d'électricité ?
La France produit trop d'électricité certains jours aux heures de faible demande. Conséquence, le prix de l'électricité peut parfois devenir négatif. La semaine dernière, le tarif du mégawattheure tombait à – 5,76 euros, le plus bas atteint depuis quatre ans, rapporte Bloomberg. Dans le même temps et pour un contrat équivalent, le mégawattheure était facturé 7,64 euros en Allemagne.
L'entreprise publique Électricité de France, premier producteur et fournisseur d'électricité national, a même demandé la suspension de la production de plusieurs centrales nucléaires. EDF s'est exécuté et a mis à l'arrêt provisoirement les sites de Golfech 2, Cruas 2 et Tricastin 1. Certains producteurs d'énergie renouvelable sont également contraints, par contrat, d'arrêter leur production lorsqu'un tel cas de figure de produit, sous peine de pénalités. La France n'est pas dotée de suffisamment d'infrastructures de stockage de l'énergie pour se permettre de produire beaucoup plus qu'elle ne consomme.
La production française d'électricité se porte bien
Après la crise de l'énergie rencontrée avec la guerre en Ukraine et les difficultés à s'approvisionner en gaz, cumulée à des problèmes de corrosion dans certaines centrales nucléaires, la France s'est vite relevée. Son parc nucléaire représente 2/3 de la production en électricité, et la part des énergies renouvelables ne cesse de croître. Le retour du soleil et une météo venteuse ont contribué à booster la production d'énergie solaire et éolienne lors de ces derniers jours.
Les épisodes de prix négatif sont de plus en plus nombreux en France. Ils se produisent essentiellement durant les week-ends, mais aussi en heures creuses pendant la semaine. Cela signifie surtout que les producteurs doivent payer pour faire absorber leur électricité par le réseau, mais pas que nos factures d'électricité deviennent moins salées à court-terme.
Le prix de l'électricité en France pour 2025 baisserait de 28 %, selon les données de la Bourse européenne de l'énergie. L'Allemagne, dépendante du gaz et du charbon, ne connaîtrait qu'une diminution de 5 %. À contrat équivalent, le tarif du mégawattheure coûterait 25 euros de moins en France qu'en Allemagne.
La facture d'électricité va-t-elle diminuer ?
Mais alors, les consommateurs vont-ils payer leur électricité moins chère ? Pas forcément. Ce n'est pas parce que votre fournisseur d'énergie paye un prix plus faible, qu'il va répercuter cette baisse à ses clients. Tout dépendra évidemment de votre contrat, mais aussi des stratégies adoptées par les acteurs du marché. Une possibilité évoquée est de rendre les heures creuses encore plus intéressantes financièrement ou de les étendre pour tenter de déplacer une partie de la consommation aux heures de la journée où la demande est plus faible que l'offre. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a justement demandé à Enedis de plancher sur une réforme des heures creuses.
Il ne faut en tout cas pas s'attendre à une forte réduction du montant de votre facture d'électricité grâce aux conditions de votre distributeur. La volonté politique aura aussi son importance. Depuis la fin du bouclier tarifaire, les tarifs de l'électricité pour les consommateurs ont fortement augmenté. Début juin, Bruno Le Maire avait promis une baisse de 10 % à 15 % du prix de l'électricité pour tous les Français à partir de février 2025, permettant d'ailleurs de retrouver des prix aux alentours de ceux pratiqués durant la période de bouclier tarifaire.