Les jeux vidéo ne sont pas assez contrôlés, selon le coordinateur antiterroriste de l’UE
D'après Gilles de Kerchove, coordinateur de l'UE pour la lutte contre le terrorisme, les jeux vidéo méritent d'être davantage régulés. Quelques jours avant la présentation d'une loi visant à réduire les excès sur le Web, le responsable s'est exprimé auprès de l'AFP.
Si les jeux vidéo sont souvent le théâtre d'une vive polémique, eux que l'on accuse d'être nocifs à l'origine des pires maux de la société, voilà qui pourrait bien remettre un peu d'huile sur le feu. Gilles de Kerchove, nommé au poste de coordinateur antiterroriste de l'UE il y a 13 ans, a expliqué lors d'une interview avec l'AFP qu'il est grand temps de réguler davantage les jeux vidéo.
“Je ne dis pas que tout le secteur du jeu est un problème. Il y a deux milliards de personnes qui jouent en ligne, et c'est très bien”, argumente Gilles de Kerchove. En revanche, il ajoute que les jeux vidéo peuvent constituer un moyen alternatif de répandre l'idéologie de l'extrême droite, mais pas uniquement.
Les jeux vidéo peuvent aussi servir à blanchir de l'argent
Selon Gilles de Kerchove, il existe des “groupes d'extrême droite en Allemagne qui ont inventé des jeux dont le but de tirer sur des Arabes, ou sur le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros, ou sur Mme la chancelière allemande Angela Merkel pour sa politique d'immigration, etc.”
Le coordinateur antiterroriste explique également que les jeux vidéo peuvent servir à blanchir de l'argent. Des devises créées dans les jeux peuvent être échangées contre une monnaie légale. En outre, les jeux vidéo peuvent être une forme de communication et transmettre des messages chiffrés. Enfin, ils sont susceptibles d'être un moyen de tester des scénarios d'attaque.
Un projet de loi sur les services numériques sera présenté le 9 décembre prochain
Gilles de Kerchove estime par ailleurs que des plateformes comme Facebook et YouTube sont elles-aussi problématiques, car elles exploitent les réactions des utilisateurs pour stimuler leur engagement. Il s'agit de l'un des aspects qu'il souhaite aborder prochainement avec l'exécutif européen. Le 9 décembre prochain, la Commission européenne devrait présenter un projet de loi sur les services numériques, visant à réguler les excès et les discours de haine sur Internet.
Dans son collimateur, on trouve aussi les applications de messagerie chiffrées, comme WhatsApp. L'une des solutions envisagées pour lutter contre les messages haineux consisterait à obliger les fournisseurs de communications chiffrés à donner à la police et aux procureurs des versions non chiffrées des messages envoyés sur ordre d'un juge. Une mesure qui s'avère plutôt compliquée à mettre en œuvre, puisque le chiffrement de WhatsApp fonctionne de bout en bout.
Source : Barrons