Les voitures électriques polluent énormément moins que l’essence et le diesel
Transport & Environment une ONG spécialisée montre dans une enquête à quel point les voitures électriques polluent moins, tout au long de leur vie, que les voitures essence et diesel. L'étude vient tordre le coup aux théories qui affirment que l'électrique est un mal pire que le pétrole.
Cette décennie est fascinante. Alors que le thermomètre de la planète monte inlassablement, les Etats du monde entier ont presque tous signé – et ratifié – les accords de Paris sur le climat. Ce qui les engage à accélérer la transition énergétique. L'électrique n'est que l'une des solutions techniques pour réaliser cette transition, aux côtés des véhicules hybrides, à hydrogène et GPL.
L'électrique est néanmoins la technologie la plus aboutie. La crème de la crème des voitures de la catégorie disponible, la Tesla Model S Plaid+, délivre en une seule charge plus de 840 km d'autonomie, 1100 chevaux de puissance, jusqu'à 320 km/h sur autoroute (ou plutôt sur circuit) et un 400 m départ arrêté en moins de 9 secondes.
Les voitures électriques sont vraiment prêtes à remplacer les voitures essence diesel
Peu de véhicules thermiques, même dans les modèles les plus luxueux des écuries les plus prestigieuses peuvent se targuer de telles performances. Bien sûr l'une des plus grandes résistances et le temps de charge en comparaison de la durée nécessaire pour faire le plain, mais ici on est sur du raisonnable. Avec une telle voiture, 23 mn suffisent en effet à accumuler 428 km d'autonomie.
Ce qui est à peine moins pratique que de remplir le réservoir d'un véhicule essence (qui prend tout de même quelques minutes, plus souvent dans tous les cas, l'attente liée au passage en caisse). Tout changement suscite de la résistance, et cette transition-là en suscite beaucoup. Il y a en premier lieu les grands groupes pétroliers et automobiles qui font du lobbying et financent des études et contenus dont les conclusions vont forcément plutôt dans leur sens.
Mais aussi, il faut le dire, de nombreux conducteurs qui ne veulent pas entendre parler des inconvénients liés à un éventuel passage à l'électrique. C'est dans ce contexte que l'on a vu apparaitre de nombreuses théories qui tentent de faire passer l'idée qu'au cours de sa durée de vie l'électrique pollue en réalité plus que l'électrique.
Les coûts énergétiques comparés
Il était notamment question de l‘extraction des matériaux pour les pièces maîtresses de ces appareils, notamment les terres rares que l'on trouve en quantité dans les moteurs, et le cobalt dans les batteries. En soit, l'extraction des terres rares a effectivement un coût écologique important – principalement assumé par la Chine qui est le premier producteur mondial.
Le cobalt, a, lui, un coût social important à cause de ses conditions d'extraction et géopolitique, parce qu'il est souvent extrait dans des zones de conflits. Cela signifie-t-il pour autant que mis bout à bout ces coûts pour l'environnement dépassent ceux d'une voiture thermique tout au long de son cycle de vie ? Une étude fascinante de l'ONG Transport & Environment(T&E) nous permet d'y voir plus clair.
Plus précisément, cette enquête permet de se rendre compte la dimension quasi comique des débats qui tentent de mettre l'impact des voitures électriques et celui des voitures thermiques au même niveau. L'enquête, reprise par The Guardian, prend en compte l'ensemble du cycle de vie du véhicule, de sa fabrication à son recyclage – un point important en faveur, justement, de l'électrique.
Les voitures essence-diesel brûlent en moyenne 17 tonnes de carburant au cours de leur vie
Car les matériaux déjà extraits et transformés en pièces pour voitures électriques (par exemple en aimants, en électrodes, et autres composants) peuvent être assez facilement réutilisés ou recyclés. Contrairement aux matériaux des voitures thermiques en fin de vie. Ainsi l'étude montre qu'à l'issue de sa vie et après recyclage d'une voiture électrique, seules 30 kg de matières premières sont perdues. Pour les voitures thermiques, il faut d'emblée noter un niveau de recyclage moindre.
Surtout, tout au long de sa vie, une voiture thermique brûle en moyenne 17 tonnes de pétrole – entièrement libérés dans l'atmosphère sous forme de CO2, et quantité de produits de combustion mauvais pour la santé humaine comme le dioxyde de souffre et des particules fines. Or, T&E va plus loin et tente de répondre à l'autre grande critique de la transition vers l'électrique.
En effet, l'électrique est peut être mieux, mais est-ce bien raisonnable de demander à tout le monde de passer à cela sachant ce que cela implique en extraction soudaine et massive de matériaux ? T&E montre que cette crainte n'a pas lieu d'être. “Lorsque l'on se penche sur les matières premières, il n'y a simplement aucune comparaison possible“, explique un responsable de l'ONG qui souligne qu'une voiture électrique pollue moins qu'une essence ou une diesel quelque soit l'angle avec lequel on aborde la question.
Pour T&E ces comparaison à l'emporte-pièce sont impossibles lorsqu'on regarde vraiment les chiffres
Et T&E de poursuivre : “pendant tout son cycle de vie, un modèle moyen de voiture brule l'équivalent d'une colonne de barils d'une hauteur de 25 étages, si vous prenez en compte le recyclage des matériaux de la batterie, seuls 30 kg seront perdus – grossièrement le volume occupé par un ballon de foot“. Volume qui devrait réduire d'ailleurs dans les prochaines années grâce aux progrès techniques.
A cela s'ajoute les gains plus immédiats. Selon les calculs de T&C, les voitures électriques utilisent 58% moins d'énergie que les voitures thermiques et émettent, tous coûts inclus, 64% de dioxyde de carbone en moins. Cela a un avantage réel et indéniable pour la qualité de l'air dans les villes, puisque l'essentiel des coûts environnementaux ont lieu lors de la production d'une voiture électrique et non lors de son utilisation.
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Enfin, T&C note que l'on ne peut plus prendre le pétrole comme acquis. Les fluctuations des cours sont un risque étant donné la dépendance mondiale à cette énergie, les réserves ne sont pas infinies, et l'extraction a souvent lieu dans des pays au rôle géopolitique parfois trouble comme l'Arabie Saoudite, la Russie, la Chine, l'Irak, les Emirats Arabes Unis ou encore l'Iran. La France ne dispose dans tous les cas pas vraiment sur son territoire de réserves d'or noir notables. Mais elle a de l'électricité…
Source : The Guardian