L’Europe ne fait rien pour empêcher la surveillance de masse, selon les experts

Les mesures de l’Union européenne visant à encadrer l’usage de l’intelligence artificielle pour la surveillance de masse sont jugées trop inefficaces par les experts. Ces derniers pointent en effet du doigt le fait que les nouvelles lois, bien qu’elles restreignent l’utilisation de ces technologies, n’interdisent pas réellement leur mise en place.

Union europeenne
Crédits : Unsplash

Le 21 avril dernier, la Commission européenne a dévoilé ses nouvelles mesures d’encadrement de l’intelligence artificielle utilisée à des fins de surveillance. Celles-ci comprennent également d’autres articles sur l’utilisation de l’IA de manière générale, mais c’est bien ce dernier point qui a attiré les foudres de plusieurs experts et activistes. Dans une lettre adressée à l’Union européenne, les 170 signataires appellent à l’interdiction pure et simple de cette technologie pour surveiller la population.

« Ces outils ont la capacité d’identifier, de suivre, de singulariser et de traquer les gens partout où ils vont, portant atteinte à nos droits de l’Homme et à nos libertés civiles — y compris les droits à la vie privée et à la protection des données, le droit à la liberté d’expression, le droit à la liberté de réunion et d’association […] ainsi que les droits à l’égalité et à la non-discrimination », écrivent-ils. Pour le moment, la loi votée par la Commission européenne se contente d’encadrer l’usage de l’intelligence artificielle.

L’Europe s’attire les foudres des défenseurs de la vie privée

Pour la Commission, l’enjeu a été de trouver un compromis. D’un côté, il s’agit avant tout de protéger la vie privée des citoyens européens. De l’autre, il faut aussi contenter les gouvernements qui avancent l’argument de la lutte contre le terrorisme et le crime pour mettre en place une surveillance assistée par IA. Pour ce faire, les députés ont voté en faveur d’une interdiction des systèmes de reconnaissance biométrique, sauf en cas de « crimes sérieux ». Les signataires de la lettre estiment que ce terme est trop vague et menace de mener à des dérives autoritaires.

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Qui plus est, une étude de Joy Buolamwini, membre du MIT, montre que les dispositifs de reconnaissance faciale ne parviennent pas à identifier avec précision les personnes racisées, ce qui peut mener à de faux jugements. Pour les activistes, le manque de fermeté de la part de l’UE peut également inciter d’autres pays, moins à cheval sur la vie privée de ses habitants, à adopter des mesures similaires, voire plus légères encore. Les signataires craignent de voir arriver des technologies de surveillance de masse, suite au mauvais exemple de l’UE.

« La première étape consiste à faire comprendre aux gens que la vie privée est importante et ce qui se passera si la vie privée n’est pas respectée pour les personnes qui n’ont rien fait [de mal], les personnes marginalisées, les personnes qui appartiennent à des communautés opprimées », a déclaré Anushka Jain membre de l’Internet Freedom Foundation. Reste à savoir sur l’Union européenne entendra les craintes des experts.

 


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