L’IA va affecter 40 % des emplois : il faut s’adapter dès maintenant, alerte l’ONU

L'IA va avoir un impact massif sur le marché de l'emploi. Si les bonnes décisions sont prises au moment adéquat, cet impact peut ne pas être que négatif. Mais il faut agir dès maintenant pour commencer à s'adapter à la nouvelle ère dans laquelle nous sommes en train d'entrer. 

robot intelligence artificielle
Crédit : 123rf

Les conséquences de l'IA sur l'économie et les travailleurs ne vont pas tarder à se faire ressentir et une très grande part de la population risque d'être directement affectée par son émergence, indique le dernier rapport sur la technologie et l'innovation de la CNUCED (Commission des Nations Unies pour le commerce et le développement), organe de l'ONU.

“L'IA pourrait impacter 40 % des emplois dans le monde, offrant des gains de productivité, mais suscitant également des inquiétudes quant à l'automatisation et aux suppressions d'emplois”, explique l'étude. Celle-ci rappelle que “les avantages de l'automatisation induite par l'IA favorisent souvent le capital au détriment du travail”. Si les entreprises pourraient donc gagner à son utilisation pour améliorer ses rendements, ce serait au détriment des salariés ou travailleurs indépendants, dont un grand nombre pourrait à terme être remplacés par des systèmes d'IA.

L'emploi est menacé par l'IA

La CNUCED craint que ce phénomène puisse “creuser les inégalités et réduire l'avantage concurrentiel de la main-d'œuvre à bas coût dans les économies en développement”. Mais tous les pays et tous les niveaux de qualification peuvent être touchés. Pour la Commission des Nations Unies pour le commerce et le développement, l'IA n'est toutefois pas forcément une mauvaise chose, mais il va falloir s'y adapter, et le plus vite possible.

“L'IA ne se limite pas à remplacer des emplois : elle peut aussi créer de nouvelles industries et autonomiser les travailleurs”, estime la CNUCED. Pour éviter que l'IA ne crée une crise de l'emploi et pour qu'elle participe plutôt à un nouvel élan d'opportunités, “investir dans la requalification, le perfectionnement et l'adaptation de la main-d'œuvre est essentiel”, pointe le rapport.

IA emplois
Crédit : CNUCED

Rebeca Grynspan, la Secrétaire générale de la CNUCED, appelle à une coopération internationale plus forte dans le but de “réorienter l’attention de la technologie vers les humains, permettant aux pays de créer ensemble un cadre mondial de l'intelligence artificielle”.

Un défi qui prend déjà un chemin tout inverse. Deux pays, les États-Unis et la Chine, dominent outrageusement l'industrie de l'IA et ne laissent que des miettes aux autres. “L'accès à l'infrastructure et à l'expertise en IA reste concentré dans quelques économies. Seules 100 entreprises […] représentent 40 % des dépenses mondiales en recherche et développement”, alerte la CNUCED.

La toute-puissance de quelques grands groupes, qui vont pouvoir imposer leurs règles au monde pour accéder à ce qui va devenir indispensable d'un point de vue économique et du développement, est inquiétante. “Les géants technologiques de premier plan, tels qu'Apple, Nvidia et Microsoft, affichent chacun une valeur marchande d'environ 3 000 milliards de dollars, rivalisant avec le produit intérieur brut de l'ensemble du continent africain”, rappelle l'ONU. De nouvelles fractures technologiques pourraient encore creuser les inégalités.

L'IA est entre les mains de quelques privilégiés

“L'IA peut être un catalyseur de progrès, d'innovation et de prospérité partagée, mais seulement si les pays façonnent activement sa trajectoire”, considère la CNUCED, pour laquelle “il est temps d’agir” pour que “l'IA profite à tous, plutôt que de renforcer les divisions existantes”.

Pour ne pas que “l'IA ne serve que les intérêts de quelques-uns”, la CNUCED veut que tout le monde puisse participer aux grands débats sur sa gouvernance. Elle dénombre actuellement 118 pays qui sont complètement absents des discussions et réglementations à son sujet. L'organisation plaide par ailleurs sur l'instauration d'une infrastructure partagée mondiale, qui fournirait un accès équitable à l’IA. Il n'est par contre pas précisé comment ce projet ambitieux, voire utopique, pourrait voir le jour.

IA part de marché
Crédit : CNUCED

L'ONU évoque aussi l'open data et l'open source pour démocratiser les connaissances et les ressources, “favorisant ainsi une innovation inclusive en matière d'IA”. Elle imagine une “collaboration mondiale” qui mènerait à une plus grande accessibilité des technologies d'IA. Si les pays les plus développés refusent de partager leur savoir et leurs infrastructures, le rapport exhorte les pays en voie de développement à s'allier pour réunir leurs forces et essayer de ne pas se laisser distancer.

L'IA pourrait atteindre une valeur marchande de 4 800 milliards de dollars US d'ici à 2033, devenant le moteur principal de la transformation numérique, devant l'Internet des Objets ou la Blockchain.


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