L’Internet européen est menacé, les câbles sous-marins vont finir par manquer
Selon les prévisions d’un bureau d’étude spécialisé dans les technologies de l’information et le haut débit, l’Europe pourrait être à court de câbles sous-marins dans les dix prochaines années.
Selon le cabinet Terabit Consulting, les échanges de données entre les serveurs étasuniens et européens vont augmenter dans des proportions telles que l’infrastructure actuelle se révélera vite insuffisante. Pire encore, selon les experts, sans investissements adéquats, la souveraineté numérique de la France et de l’Union européenne serait remise en question. À en croire les consultants, à l’horizon 2030, la demande en bande passante pour les données transitant à travers les câbles transatlantiques sera de l’ordre des 13,2 pétabits par seconde.
La capacité actuelle de ces méga-tuyaux d’information n’étant que de 4,7 Pb/s, on réalise l’urgence d’en installer rapidement de nouveaux. De tels travaux seront extrêmement longs et coûteux : il s’agit de tripler nos capacités de transit actuelles. C’est sans doute la raison pour laquelle aucun acteur (public ou privé), du côté européen comme aux États-Unis, n’a encore mis la main à la poche ou même exprimé son intention de le faire. Selon le directeur des réseaux internationaux d’Orange, pour soutenir la charge projetée par Terabit Consulting et relier les centres de données américains à l’Europe, il faudrait mettre pas moins de 4,25 milliards d’euros sur la table.
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En matière de câbles sous-marins, l’Europe est à la merci des GAFA
Les institutions françaises ou européennes ont pourtant tout intérêt à budgétiser l’installation de méga-câbles supplémentaires. Ces dernières ont beau trompeter l’importance de leur souveraineté numérique, il n’en reste pas moins que la majorité de nos données sont stockées dans des serveurs étasuniens. L'Europe, plus que tout autre continent, est une grosse consommatrice des services de Facebook, Google et consorts.
Les câbles sous-marins transatlantiques sont certes toujours plus nombreux, mais ils sont souvent co-financés par des géants de la Silicon Valley. Amazon, par exemple, est l’un des premiers bénéficiaires de ces installations. Il faut avouer qu'en dehors de son site marchand, Amazon est un gros consommateur de bande passante, en atteste ses services de Cloud AWS ou son service de streaming de vidéos, Amazon Prime, qui recueille d'ailleurs toujours plus d’abonnés.
Même Orange, pourtant le géant français des télécoms, ne peut pas se permettre une telle dépense d’infrastructure. Comme souvent alors, ce sont les Google, Amazon, Facebook et Apple, les fameux GAFA, qui vont être mis à contribution. Ces entreprises ont des budgets quasiment illimités et sont déjà propriétaires de 80% des câbles reliant le Vieux Continent et les États-Unis. Et qui dit plus de câbles et d’échanges de données à travers l’Atlantique dit plus de bénéfices pour les géants du numérique américain. Dans ces conditions, la souveraineté numérique européenne semble très loin d’être acquise.
Source : La Tribune