L’Internet français pollue autant que 1000 tours du monde en voiture, selon une étude
Selon une récente étude réalisée par l’agence Razorfish, les sites web français génèrent 8 millions de kilos de CO2 par an, soit l’équivalent de 1140 tours du monde en voiture. En cause, le poids des fichiers téléchargés ou encore le manque d’optimisation du code. À ce rythme, Internet pourrait bientôt plus polluer que l’aéronautique.
Quand on parle de pollution, on imagine immédiatement des grosses voitures roulant sur des autoroutes bondées, ou des usines qui recrachent leur fumée dans le ciel. Si ces images sont loin d’être erronées, nous savons désormais qu’il existe d’autres formes de pollution, plus discrète, notamment dans l’industrie du numérique. Récemment, par exemple, nous apprenions que nos télévisions sont plus néfastes pour la planète que nos smartphones, sans parler de l’empreinte environnementale monumentale du Bitcoin.
Mais qu’en est-il d’Internet ? Nous savons également depuis quelques années que le streaming, pour ne citer que lui, rejette énormément de CO2. Mais il n’est pas le seul, puisque les sites web en eux-mêmes sont extrêmement pollueurs. C’est ce que révèle la nouvelle étude de Razorfish, agence digitale appartenant au groupe Publicis. En collaboration avec GreenIT, cette dernière a analysé l’empreinte carbone de 90 sites français, choisis pour représenter l’ensemble du web hexagonal. Le constat est assez inquiétant.
Les sites web français polluent beaucoup plus que la voiture
Selon Razorfish donc, les sites web français rejettent à eux seuls pas moins de 8 millions de kilos de CO2 ou équivalent par an. À titre de comparaison, cela est égal à 45 millions de kilomètres parcourus en voiture, soit… 1140 tours du monde ! Ce n’est d’ailleurs pas le seul facteur de pollution, puisque ces derniers utilisent également 119 millions de litres d’eau par an, soit ce que consomme le Français moyen en 2244 années. Rien que ça.
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Des chiffres alarmants, qui s’expliquent par la conception même des sites web. En moyenne, ces dernières obtiennent la note E, sur l’échelle de A à G qui évalue la consommation énergétique de nos appareils. Razorfish relève par ailleurs que les sites du service public obtiennent généralement un meilleur que ceux des entreprises privées, notamment celles du CAC 40.
« Il était nécessaire […] de créer un électrochoc en provoquant la comparaison, pour que chaque entreprise puisse se mesurer aux normes du marché », détaille ainsi Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France. Alors, comment réduire cet impact ? Il faut à tout prix revoir la manière dont nous gérons nos sites, explique Frédéric Bordage, fondateur de GreenIT : « Si l’on veut garder nos équipements plus longtemps, il faut que les sites web soient plus légers. »
Pour cela, des réflexes simples sont à adopter sans attendre. On peut par exemple réduire la taille des images publiées, retravailler le code de son site pour l’alléger ou encore simplifier le parcours de l’internaute pour trouver l’information qu’il cherche en moins de temps. À cela s’ajoutent bien entendu des formations destinées aux employés des entreprises, afin de sensibiliser à l’impact environnemental de nos habitudes sur le web et des bonnes pratiques à exécuter.
Car, en effet, la situation ne fait que s’empirer d’année en année. Aujourd’hui, une page web pèse en moyenne 155 fois plus lourd qu’il y a 10 ans. Il est donc urgent de revoir notre manière d’appréhender Internet, ainsi que le numérique dans son ensemble. Ainsi, d’après une étude du Sénat, l’industrie numérique représente à ce jour 2 % des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, dont 79 % rien que par les smartphones. Si rien n’est fait pour réduire son impact, celle-ci dépassera le secteur aéronautique d’ici 2040 avec 7 % des émissions de gaz à effet de serre.