L’Italie reconnait un lien entre utilisation des smartphones et cancer

La cour d'appel de Turin (Italie) vient de confirmer un jugement de 2017 établissant un lien de cause à effet entre utilisation prolongée d'un smartphone et l'apparition d'un cancer chez un salarié. Ce dernier s'était fait enlever une tumeur le rendant irrémédiablement sourd d'une oreille. La décision constitue un précédent. Et pourrait amener à long terme des organisations comme l'OMS à abaisser les seuils recommandés d'exposition aux ondes électromagnétiques. 

Smartphone cancer
Un homme passe un coup de fil sur son smartphone / Crédits : Pixabay

“Il y a un lien entre l'utilisation d'un téléphone cellulaire et certains types de cancers”, vient de confirmer la cour d'appel de Turin (Italie). Celle-ci avait été saisie par l'INAIL (l’institut italien contre les accidents du travail), après avoir perdu un procès en 2017 dont nous vous parlions sur PaperGeek.fr. Un premier procès intenté contre l'INAIL par un salarié de 57 ans atteint d'un cancer s'était conclu par une première reconnaissance d'un lien entre utilisation d'un téléphone et cancer. L'INAIL avait alors été condamnée à lui verser 500 euros par mois à vie. Une décision qui est donc confirmée par ce jugement.

A l'origine de cette affaire, il y a Roberto Romeo, un employé d'une grande entreprise dont le nom n'est pas cité, alors âgé de 57 ans. Pendant 15 ans, il a utilisé son téléphone pour passer des appels professionnels, sans oreillette, plus de trois heures par jour. Jusqu'à l'apparition d'un neurinome, un type de cancer du cerveau qu'il a fallu retirer chirurgicalement. L'opération a eu pour effet secondaire de le rendre irrémédiablement sourd d'une oreille.

Roberto Romeo raconte : “j'étais obligé d'utiliser mon téléphone cellulaire tout le temps pour parler à des collaborateurs et pour organiser le travail. Pendant 15 ans j'ai passé un nombre innombrable d'appels, parfois de vingt, trente minutes, à la maison, dans la voiture. Puis j'ai commencé à avoir la sensation continue d'avoir les oreilles bouchées, puis de troubles de l'audition. Et en 2010 on m'a diagnostiqué un cancer. Désormais je ne peux plus rien entendre de mon oreille droite car le nerf acoustique a été retiré”. 

La justice a tranché avant les scientifiques

Malgré ce verdict, il est nécessaire de souligner une chose importante : les juges Italiens n'ont pas fondé leur décision sur des études scientifiques établissant un lien clair entre utilisation de téléphones et cancers – tout simplement parce qu'il n'existe pas de consensus scientifique sur le sujet. Cette décision est donc avant tout une décision de justice, prise en vertu d'une loi qui permet en Italie “d'établir un lien causal en se basant sur le critère probabilistique”. Ce qui dans le cas de Roberto Romeo est apparu comme clair pour les juges en appel.

De son côté, malgré sa mésaventure, Roberto Romeo affirme ne pas vouloir “diaboliser l'utilisation de téléphones mobiles”, mais milite pour “une utilisation plus consciente de ces appareils”. Il a ouvert un site autour du type de cancer dont il était atteint, neurinomi.info, “où les utilisateurs peuvent aussi trouver des conseils sur la façon correcte d'utiliser un téléphone mobile”. Cette décision a le mérite de re-poser la question de la dangerosité des ondes des smartphones sous un nouveau jour.

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Les conséquences de ce jugement pourraient donc être l'établissement de nouvelles études sur la corrélation entre certains types de cancers et l'utilisation de téléphones. Et peut-être à plus long terme une réévaluation des seuils d'émission de ces appareils.

Source : Repubblica

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