Momo challenge : qu’est-ce que c’est et faut-il vraiment s’inquiéter ?

Le Momo challenge ne cesse de faire parler de lui. Signalé dans plusieurs pays du monde, le défi a d'abord été repéré sur WhatsApp avant de se répandre un peu partout sur internet. Aujourd'hui connecté à deux suicides, le challenge inquiète les autorités et les internautes. On fait le point ensemble. 

Fin juillet 2018, nous vous parlions pour la première fois de Momo, le terrifiant challenge WhatsApp qui “menace de vous disparaître de la surface de la terre”. Depuis ce premier article, le phénomène “Momo” a pris de l'ampleur, à tel point que les autorités et les forces de l'ordre s'intéressent de près au sujet et mettent en garde la population.

Momo challenge : qu'est-ce que c'est ?

D'abord repéré sur la messagerie instantanée WhatsApp en Amérique du Sud, Momo est un challenge qui vise en priorité les enfants et les adolescents. Via l'application, un internaute, caché sous le faciès de Momo, va défier les plus jeunes et les forcer à commettre des actes parfois très dangereux. Pour créer un climat de paranoïa, Momo assure qu'il “sait absolument tout de vous”. 

Pour le prouver, il déniche de nombreuses informations personnelles sur le compte de sa victime : nom, prénom, numéro de téléphone, adresse, date de naissance…Piochées à partir des réseaux sociaux, ces informations permettent à Momo de prendre l'ascendant psychologique sur les adolescents. Dans certains cas, Momo commence d'abord par demander à sa victime de relayer une chaîne de messages.

« Angelina, 11 ans, n’a pas cru à mon message et elle ne l’a pas transmis. Cette nuit, elle a entendu des bruits provenant d’un coin de sa chambre. Elle a été trouvée morte dans son lit. Tim, 15 ans, a envoyé mon message à seulement 6 personnes. Le lendemain matin, il s’est réveillé avec une jambe arrachée et un bras coupé » menace Momo en Allemagne. Par la suite, les défis de Momo mettront directement en danger l'intégrité physique et la vie de ses victimes.

Pour terroriser ses victimes, Momo s'est approprié le visage d'une sculpture exposée à la Gallery Vanilla de Tokyo en fin 2017. Aux dernières nouvelles, la photo de l'oeuvre aurait été récupérée par l'internaute à l'origine de Momo directement sur le compte Instagram de l’artiste japonaise Midori Hayashi. Pourtant, le visage de Momo circule sur le web depuis 2016.

Peu après le buzz généré par la photo, la japonaise a affirmé sur son compte Facebook ne pas être à l'origine de la sculpture. “Je n'ai pas créé cette poupée” explique la jeune femme, qui assure avoir simplement croisé l'oeuvre dans une galerie. “Link Factory est un artiste japonais. Il a créé cette poupée” souligne l'artiste sur Facebook. Conçue par une société spécialisée dans les effets spéciaux, l'oeuvre s'intitule “Mother Bird” soit “Mère Oiseau”.

Momo challenge : faut-il s'inquiéter ?

Particulièrement dérangeant, le challenge est déjà lié à 2 suicides en Argentine. Fin du mois de juillet 2018, une jeune fille de 12 ans s'est en effet pendue à un arbre afin de diffuser la vidéo sur les réseaux sociaux. Un individu de 18 ans, caché sous les traits de Momo, aurait poussé la victime à passer à l'acte. Il est toujours recherché par la police argentine. Peu après ce premier drame, un enfant de 13 ans s'est pendu dans sa chambre sur ordre de Momo.

“Les risques de ce challenge chez les adolescents sont élevés : suicide, harcèlement, dépression…” prévient la Computer Crime Unit du Mexique dans une campagne de prévention nationale. Même son de cloche du coté de la police allemande, qui conseille aux parents de rappeler à leurs enfants que “Momo n'est pas réel”. Outre les dégâts psychologiques, Momo pourrait aussi s'en prendre aux données personnelles de ses victimes. Le challenge pourrait en effet avoir été récupéré par des pirates malveillants, note 20 Minutes.

“Si vous prenez une photo avec votre portable, chez vous, avec la géolocalisation activée, celle-ci se retrouve dans les métadonnées du cliché. Le hacker peut donc connaître votre adresse” explique Aroua Biri, docteure en cybersécurité, à 20 Minutes. L'experte encourage à ne pas jamais mettre en ligne sur numéro de téléphone, que ce soit sur Facebook ou WhatsApp, et de ne surtout pas converser avec des inconnus. Pour résumer, si vous ne conversez pas avec un Momo sur la toile, vous n'avez aucune raison de vous inquiéter.

Qui se cache vraiment derrière le Momo challenge ?

Depuis le début du buzz, une kyrielle d'internautes se sont appropriés le visage de Momo. Comme le rapportent nos confrères de 20 Minutes, le numéro initial du challenge est japonais. Inactif depuis le début du mois de juillet, le compte n'a pas répondu à nos diverses sollicitations. D'abord imaginé comme un simple canular, le compte a-t-il finalement été dépassé par l'ampleur du phénomène ?

Sur les forums et les réseaux sociaux, on trouve en effet de nombreux numéros appartenant à des Momo russes, chinois, espagnols, argentins,etc… Contacté par nos confrères de 20 Minutes, un internaute français caché sous les traits de Momo, se contente de réciter “des énigmes en morse et parle de grand danger pouvant s’abattre sur la terre” sur Twitter.

D'après Mysterator, un internaute qui enquête sur le phénomène, Momo a lancé une véritable mode et de nombreux plaisantins, dont des hackers, s'amusent à l'imiter. “Vous souhaitez vous faire voler votre identité, voler des photos intimes et les voir sur le net, vous faire vider vos comptes bancaires, vous faire harceler et même pire ?” met en garde l'internaute sur Twitter.

Il encourage à ne surtout pas contacter un Momo sans avoir avoir intégré de protections à son smartphone. Sur son compte Twitter, il décortique et analyse l'apparition de chaque Momo et cherche à l'exposer publiquement. “Le vrai danger maintenant sont ceux qui se font passer pour Momo” explique l'internaute à nos confrères de 20 Minutes. Pour suivre de près son enquête, on vous invite à consulter sa page Twitter.

https://twitter.com/MYSTERATOR/status/1031619546233413634

Momo challenge : et en France ?

De plus en plus répandu sur internet, sur WhatsApp, Youtube, Minecraft ou encore Facebook, le Momo challenge suscite l'inquiétude sur plusieurs continents. Très populaire en Amérique du Sud ou en Espagne, le challenge fait aussi des émules en Allemagne, au Canada et au Luxembourg. “Aucune plainte n'a été déposée et il n'y a pas eu de blessé” expliquait récemment la police du Luxembourg, en précisant que le “phénomène” est pourtant bien présent dans le pays.

Dans la majorité des cas, le challenge se limite au cyberharcèlement et à l'intimidation. Si aucun cas sérieux n'a encore été rapporté en France, les autorités restent vigilantes. D'après 20 Minutes, le ministère de l'Intérieur surveille même de près l'évolution du challenge “depuis le lundi 13 août 2018”. On vous en dit plus dès que possible.

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