Netflix et Spotify consomment bien trop d’énergie, découvrez les chiffres chocs de l’Arcom
L'impact énergétique et environnemental de la consommation audiovisuelle est chiffrée par une étude française. Le streaming vidéo, notamment sur smartphone via les données mobiles, est pointé du doigt.
Les services de streaming vidéo et audio sont des gouffres énergétiques. Que ce soit sur appareil mobile ou Smart TV, l'usage de Netflix, Spotify et leurs concurrents consomme bien plus que celui de la télévision en linéaire traditionnelle ou de la radio FM. C'est ce qu'il ressort d'une étude sur l'impact environnemental des usages audiovisuels en France publiée par l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et menée en collaboration avec l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et l'ADEME (Agence de la transition écologique).
L'étude tente de mesurer le poids énergétique et les conséquences sur le climat et les ressources naturelles de la TV et de la radio en direct et différé, de la vidéo à la demande, du streaming audio et des plateformes de partage de vidéo. Elle ne prend pas en compte d'autres usages numériques ou audiovisuels comme l'audio, les photos et vidéos sur les réseaux sociaux, les supports vidéos et audio physiques, les appels vidéo, les applications de messagerie, les pages web ou encore les jeux vidéo.
Le réseau mobile est très énergivore
Pour les usages inclus dans l'étude, le rapport estime que l'impact carbone en 2022 est de 5,6 millions de tonnes en équivalent CO2. C'est l'équivalent d’un parc de quatre millions de véhicules particuliers et cela représente environ un tiers de l'impact carbone de l'industrie du numérique dans son ensemble et 0,9 % de l'empreinte carbone totale de la France. 3 % de la consommation électrique française provient de l'audiovisuel. L'étude alerte qu'à ce rythme, les émissions de gaz à effets de serre provenant des usages audiovisuels vont augmenter de 30 % d'ici à 2030.
Cette hausse attendue est notamment due aux nouveaux usages. Écouter la radio FM sur transistor consomme par exemple six fois moins que le streaming audio sur smartphone via réseau mobile. La télévision en linéaire depuis une TV connectée à la TNT est aussi moins énergivore que la vidéo à la demande depuis une Smart TV sur réseau domestique fixe, et presque deux fois moins consommatrice qu'une plateforme de partage vidéo sur smartphone à laquelle on accède via le réseau mobile.
Dans le cas des TV, c'est surtout l'utilisation du terminal qui consomme beaucoup d'énergie. Les téléviseurs sont gourmands, car ils doivent alimenter des affichages de plus en plus grands. En ce qui concerne le streaming sur smartphone, c'est essentiellement le recours au réseau mobile qui fait exploser les chiffres. Aujourd'hui, la télévision linéaire reste la plus impactante en volume, parce qu'elle reste la plus utilisée.
En finir avec l'économie de l'attention et améliorer la durabilité des appareils
Pour freiner, voire diminuer, l'impact écologique et énergétique des pratiques audiovisuelles, l'étude préconise d'allier la sobriété des usages à l’écoconception et l’allongement de la durée de vie des terminaux. Sur le premier point, il s'agit de limiter les stratégies de captation de l’attention, qui emprisonnent les utilisateurs dans une consommation permanente. Désactiver la lecture automatique ou bloquer le scrolling infini peuvent contribuer à ce que l'on éteigne notre écran plus facilement. Informer les utilisateurs sur l’impact environnemental lié à la consommation des services audiovisuels et leur donner les outils pour agir sur leurs usages et adopter une consommation plus raisonnable sont également des enjeux soulignés par le rapport.
Une grande partie de l'empreinte écologique de l'audiovisuel provient de la fabrication des appareils. L'étude met en avant le principe d'écoconception, qui promeut l’allongement de la durée de vie des terminaux ainsi que la rétrocompatibilité. Optimiser le trafic de données est aussi un enjeu à ne pas négliger. Cet objectif peut être atteint en minimisant le poids des contenus (dont la publicité) et en utilisant des codecs plus efficaces.
Les conclusions de l'Arcom, de l'Arcep et de l'ADEME risquent de se heurter avec la réalité des faits. Économiquement, les entreprises n'ont pas intérêt à ce que les utilisateurs passent moins de temps sur leurs services et renouvellent moins souvent leurs équipements. Il ne faut donc pas compter sur leur bon vouloir, mais leur imposer une législation plus stricte si l'on veut vraiment créer une différence.
Source : Arcom