Netflix : le service de VOD ne séduit déjà plus en France, la faute à une législation incohérente !
Débarqué en France en Septembre 2014, le service de VOD américain Netflix ne séduit déjà plus en France. Si l'entreprise ne dévoile jamais officiellement son nombre d'abonnés, les chiffres de nombreux cabinets concordent. Si Netflix ne connaît pas le succès, c'est avant tout à cause d'une législation incohérente.
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Netflix stagne à 250 000 abonnés
L'arrivée de Netflix en France était attendue comme une révolution dans l'univers de la télévision. Oui mais voilà, face à une chronologie des médias qui empêche le service de proposer des films récents dans son catalogue, Netflix n'a pas connu le succès escompté.
Ses débuts ont tout de même été prometteurs, mais la plupart des utilisateurs ont souscrit aux premiers mois gratuits. Cette période passée, beaucoup d'entre eux ont estimé que les tarifs étaient trop élevés pour profiter de films vieux de trois ans.
En février dernier Netflix comptait environ 250 000 abonnés selon le cabinet Digital TV Research. Aujourd'hui, il en compte autant selon le Ministère de la Culture qui se base sur les chiffres du CNC (Centre National du Cinéma).
D'après les études que réalise le CNC sur le marché de la vidéo à la demande, l'usage de Netflix est quasiment stable depuis le mois de février dernier. Le service compterait toutefois moins de 250 000 abonnés selon des sources non officielles, contre 600 000 pour Canalplay fin 2014 – Ministère de la Culture –
Avec 250 000 abonnés, Netflix est bien loin de son concurrent Canal Play qui compte 600 000 abonnés selon Canal+. On est bien loin du ras de marée annoncé par l'américain avant son arrivée en France.
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L'incohérence du Ministère de la Culture
Si Canal Play compte autant d'abonnés c'est d'abord grâce à son public déjà fidèle à la chaîne mais également à sa présence sur le marché de la VOD depuis plus longtemps en France. De plus, le groupe Canal a réussi à obtenir les droits de séries à succès comme House of Cards (ironie du sort, c'est une série made in Netflix qui n'est pas présente sur le catalogue français).
Pour le moment, le lancement de Netflix (…) n'a pas eu d'impact très significatif sur le système de production audiovisuelle français. – Fleur Pellerin, Ministre de la Culture –
Le problème de Netflix, c'est donc sa jeunesse en France et un catalogue trop mince pour séduire davantage d'utilisateurs. Car Netflix n'est rattaché à aucune chaîne, c'est un service à part entière. Et ce problème de catalogue, Netflix n'y peut pas grand chose. Le géant américain redouble déjà d'efforts pour proposer des documentaires, films et séries créés par lui-même mais il faut du temps pour créer son propre contenu.
Le plus gros frein au succès de Netflix c'est sans aucun doute la législation française et la fameuse et discutable chronologie des médias. Car en France, il est impossible de proposer un film sur un service de VOD avant un délai de 36 mois ! En clair un film qui sort dans les salles aujourd'hui ne pourra être disponible sur Netflix que dans trois ans !
C'est là que la Ministre de la Culture fait preuve d'une incohérence à peine croyable. Fleur Pellerin affirme que Netflix n'a pas eu d'impact sur l'audiovisuel français mais en parallèle elle ne donne aucun moyen au service d'y parvenir. Sa lutte contre le téléchargement illégal n'a plus aucun sens non plus.
Faire des sorties médiatiques pour dire que le téléchargement illégal c'est mal est une chose mais faire en sorte de régler le problème en est une autre. Pourtant le modèle de la musique en illimité a fait ses preuves.
Le téléchargement illégal de contenus audio a considérablement baissé depuis l'arrivée de Spotify, Deezer et consorts. Les utilisateurs sont donc prêts à mettre la main au portefeuille pour accéder à des contenus de manière légale. Seulement, le contenu doit être de qualité et disponible partout, tout le temps, un service moderne.
La législation sur la chronologie des médias empêche de reproduire ce type de service dans le cinéma. Netflix cartonne aux Etats-Unis et au Canada parce que cette chronologie n'existe pas. Et l'américain souhaiterait pouvoir proposer les mêmes catalogues dans le monde entier.
Les utilisateurs sont prêts à payer chaque mois un abonnement de 8 à 12 euros pour accéder à des contenus de qualité mais surtout récents. Netflix (comme Canal Play) sont les solutions à la fin du piratage massif de contenus audiovisuels, mais la Ministre de la Culture campe sur ses positions et ne veut pas toucher à cette loi de chronologie des médias.
Tant que cette loi existera le piratage continuera et les services comme Netflix ou Canal Play ne fonctionneront pas. C'est bien dommage, car au final, c'est encore une fois l'utilisateur qui trinque.