Le numéro de téléphone va-t-il bientôt disparaître ?
Face à la recrudescence de services liés à Internet, le numéro de téléphone va-t-il disparaître ? Ce n’est pas impossible. Les services de messagerie, d’appels, de vidéoconférence sont de plus en plus nombreux et surtout de plus en plus utilisés. Le numéro de téléphone y survivra-t-il ?
Cette semaine Google présentait deux nouvelles applications qui ont fait grand bruit : Allo et Duo. La première promet de révolutionner la messagerie instantanée, la seconde de devenir la référence de la communication par vidéo.
Google débarque sur un marché déjà très occupé. Facebook Messenger, Hangouts, WhatsApp, Skype, Telegram et bien d’autres ont déjà gagné le coeur des utilisateurs. Aujourd’hui, ces applications de communication via Internet ont un succès phénoménal, à tel point qu’elles nous font oublier que notre smartphone nous permet d’envoyer des SMS et d’appeler.
Selon l’Arcep, les détenteurs de forfaits appellent 6 minutes de moins par an. Ça n’était jamais arrivé depuis 2012. Plus inquiétant, le phénomène gagne les professionnels, pourtant grands habitués des appels vocaux.
Une mutation des usages
Ce qui pourrait faire disparaître le numéro de téléphone, c’est la mutation des usages qui s’opère depuis quelques temps maintenant. Pour communiquer, les utilisateurs privilégient désormais les applications de messagerie. Plus pratiques, plus intuitives, elles permettent de s’échanger du texte, des documents, des photos, des vidéos ou des messages vocaux.
Leur force : ces applications sont moins contraignantes. L’utilisateur n’est pas obligé de répondre immédiatement, il peut se montrer plus créatif, les contenus échangeables étant bien plus variés. Pour certains services, il existe même une continuité entre le smartphone et l’ordinateur. Commencez par exemple une conversation sur Telegram, vous pourrez la poursuivre sur votre PC. Et tout cela grâce à internet. Plus besoin d’avoir un numéro de téléphone aujourd’hui pour être joignable.
D’ailleurs, regardez votre entourage utiliser son smartphone. Vous verrez que certains, même lorsqu’ils ont le numéro de l’interlocuteur, vont préférer envoyer un message via Facebook Messenger ou autre, plutôt que d’envoyer un SMS ou de passer un coup de fil. Le numéro de téléphone n’est plus le Graal pour entrer en communication.
On entend moins “Hé Mademoiselle tu me passes ton 06 ?”. Il est remplacé aujourd’hui par “Hé Mademoiselle, tu me passes ton Facebook ?”. Finalement, le numéro de téléphone est passé d’information de contact privilégiée à simple code d’identité.
Un identifiant pour accéder aux autres services
Si les services comme WhatsApp ou Telegram par exemple passent pas internet pour traiter les données échangées, un numéro de téléphone est tout de même nécessaire pour s’identifier. Et c’est bien à cela que pourrait servir à l’avenir votre numéro de téléphone. A être joignable sur vos différents services. Jean-David Benichou, PDG de ViaDialog, société qui développe des plates-formes de relations clients pour les entreprises, explique au journal Les Echos :
La demande est de plus en plus forte dans les centres de contact pour des services de messagerie ou de chat. Avant, tout le monde voulait des numéros courts, faciles à mémoriser. Maintenant, les entreprises s'adaptent à la façon de communiquer de leurs clients, qui ne passe pas forcément par la voix.
Un avis partagé en partie par Taïg Khris, l’ex-champion français de roller. Il a lancé cette semaine une application baptisée OnOff. Son atout : l’application permet de générer un second numéro de téléphone sur son smartphone pour 2,99 euros par mois, tout en ayant une seule carte SIM. Le champion explique aux Echos :
On segmente de plus en plus nos vies. On a besoin de plusieurs numéros, comme on a besoin aussi de plusieurs adresses mail. Les numéros ne seront plus jamais uniques.
Taïg Khris ne s’y trompe pas, nous segmentons nos vies. Et cette segmentation s’applique par ailleurs aux applications. Si jusqu’à aujourd’hui beaucoup utilisaient un numéro personnel et un numéro professionnel, cette pratique tend à s’estomper.
Aujourd’hui, les utilisateurs sélectionnent les applications de communication selon leurs interlocuteurs. Par exemple, certains utilisent Facebook Messenger pour communiquer avec leurs amis, WhatsApp pour communiquer à l’étranger, Telegram pour échanger des données sensibles, Slack et LinkedIn dans un cadre professionnel.
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Chaque appli correspond à un type d’interlocuteur. Imaginez un peu si l’utilisateur devait avoir un numéro de téléphone pour chaque type d’usage… Le numéro de téléphone ne disparaîtra probablement pas parce qu’il est une sorte de carte d’identité de votre mobile. Mais son usage premier, à savoir joindre ses contacts et être joignable, tend à disparaître. Vous par exemple, vous êtes plutôt applications de communication ou plutôt usage classique ?