Orange : les opérateurs craignent que la fin du réseau cuivre entraînent des coupures Internet
L’annonce par Orange du démantèlement du réseau cuivre a fait des émules auprès de la concurrence. Les autres opérateurs craignent enfin que ce dernier profite de ses pleins pouvoirs pour précipiter la mort de l’ADLS, avant même que toutes les régions de France soient correctement couvertes par la fibre. Pendant ce temps, l’Arcep veille au grain.
Après des années de rumeur, Orange a rendu la chose officielle en février dernier : le réseau cuivre ADSL sera définitivement enterré d’ici 2030. Un projet qui est loin d’être une mince affaire, puisque ce sont plusieurs milliers de kilomètres de câbles qu’il s’agit désormais de démanteler, sans compter sur la mise en place d’offres alternatives pour les populations concernées.
Aussi, tous les autres opérateurs craignent désormais que la chose ne soit gérée à la va-vite. Orange, en effet, montre déjà des signes d’impatience : alors que la fin commerciale des offres cuivres est prévue pour le 1er janvier pour les zones couvertes par la fibre, conformément au plan Très Haut Débit de l’État, la firme a d’ores et déjà demandé l’autorisation d’avancer cette date pour faire avancer plus rapidement le projet.
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Orange veut précipiter la mort du réseau cuivre, la concurrence s’inquiète
En outre, l’opérateur historique ne perd pas une seconde : les premiers tests de transition vers les offres fibres ont déjà commencé auprès de la population. Face à cette précipitation, SFR rappelle que « pendant la période de transition 2020-2025, subsistent, en particulier, bien trop d’incertitudes pour justifier une possible réduction des délais de préavis et de fermetures (zones de fermeture commerciale et fermeture technique) ».
Selon Bouygues Telecom, l’avancement du plan Très Haut Débit « met en risque la totalité du plan de fermeture ». Le principal concurrent d’Orange relève en effet qu’il est très risqué de laisser à Orange le droit de fermer entièrement son réseau cuivre avant même qu’une région ne soit totalement couverte par la fibre. « Cette remise en cause est particulièrement préoccupante car elle renforce le risque de déclassement numérique », continue l’entreprise.
Pendant ce temps, Iliad cherche des solutions. La maison-mère de SFR, en effet, a évoqué la possibilité de mettre en place un service universel haut débit avec un minimum de 10 Mbits par ménage, en attendant que la situation se stabilise. Mais cela ne règle pas le principal problème. Bouygues Telecom, SFR, Free, tous s’accordent pour dire qu’Orange ne doit absolument gérer seul ce projet dantesque.
« En pratique, cette gouvernance supposée partagée n’en est pas une : Orange décide, puis éventuellement concerte, et in fine Orange reste seule décisionnaire », déclare ainsi Iliad à destination de l’Arcep, pendant que Bouygues Telecom appelle à « mettre en place un véritable pilotage industriel de ce projet national ». Quant à SFR, il lui paraît nécessaire d’imposer une « transparence totale et un nécessaire accompagnement d’Orange sur les modalités de fermeture ».
Des craintes qui ne sont arrivées dans l’oreille d’un sourd. En réponse, l’Arcep déclare dans un communiqué que les propositions des opérateurs sont recevables et en jugeant « essentielle la mise en œuvre par Orange d’une gouvernance (nationale et locale) et d’un pilotage de projet adaptés aux enjeux et difficultés d’un tel chantier ». De son côté, Orange a réagi en promettant la mise en place d’un dialogue entre les différents acteurs des télécoms dans les années à venir.
Pour rappel, Orange se laisse encore cinq ans après la fermeture totale du réseau pour finaliser la fermeture technique complète. Celle-ci aura en lieu progressivement en fonction de la liste des régions éligibles à des offres alternatives.