Piratage de Sony : un désastre qui coûterait déjà 380 millions de dollars ?
Depuis plusieurs jours, impossible de faire l'impasse sur la nouvelle qui occupe tous les écrans du monde. Sony fait ainsi l'objet d'un piratage sans précédent qui révèle les petites et les grandes manoeuvres de l'ombre d'un géant dont l'image ne cesse de s'écorner année après année. Mais comment la firme Sony peut-elle renverser la vapeur ? La fin serait-elle proche ?
Sans sombrer dans l'alarmisme de mauvaise foi, reconnaissons tout de même que le célèbre constructeur japonais multiplie les bévues en terme d'image tout en se prenant de plein fouet des attaques extérieures aux conséquences dramatiques. La dernière en date n'étant pas la première. Rappelons-nous que le PlayStation Network avait subi de nombreux dégâts entre le 17 et le 19 avril 2011, suite à quoi le service avait été intégralement fermé durant un mois.
Sony se montre aujourd'hui aux yeux de tous comme un colosse aux pieds d'argile, un géant au pas incertain, et il faudra de très longs mois, voire des années avant que le département cinéma se relève d'une attaque d'une telle envergure. Mais comment en est-on arrivé là ? Selon le Figaro, plusieurs raisons font de Sony une victime idéale pour de tels agissements.
Sony, une marque japonaise de prestige
Revenons quelques décennies en arrière. Les japonais sont réputés très fiers de leurs industries, du rayonnement à l'international. En ce sens, Sony est devenu l'un des porte-étendards de la réussite à la japonaise en quelques étapes à commencer peut-être par l'invention puis la commercialisation du fameux Walkman en 1979. Ce lecteur de cassettes audio allait bientôt conquérir le monde bien avant l'iPod de Steve Jobs.
Mais l'autre fait d'armes de l'hydre Sony est sans aucun doute le rachat de la société américaine Columbia Pictures en 1989 qui devient ensuite Sony Pictures Entertainment. C'est suite à cet acte fondateur que la firme ne cessera de contribuer au cinéma, par la production de films, mais aussi plus tard en multipliant les expériences de type cinématographiques avec la console de jeux PlayStation par exemple.
Le PlayStation Network compromis par un hack
Inutile de revenir sur la success-story de la PlayStation qui, ironie du sort, n'aurait peut-être pas vu le jour si Nintendo avait validé ce drôle de périphérique conçu à l'origine par Sony pour s'ajouter à la Super Nintendo. L'inventeur du Walkman prit ensuite la décision de faire cavalier seul jusqu'à sortir la PlayStation 4 il y a un an. Mais l'épisode qui nous intéresse concerne le PlayStation Network.
Celui-ci est apparu au mois de novembre 2006 sur la PlayStation 3. Derrière celui qui allait bientôt être identifié par l'acronyme PSN se cache toute l'infrastructure réseau du monde PlayStation permettant de jouer en ligne mais aussi de faire des achats dématérialisés. Le grand avantage sur le Xbox Live concurrent était alors la gratuité du service (qui est devenu payant avec la PlayStation 4).
Les choses basculèrent un certain 17 avril 2011 quand des membres du groupe “Lulz Security” ont littéralement mis la main sur près de 100 millions de comptes Sony et volé plus de 20 millions de numéro de cartes de crédit. L'affaire fut retentissante d'autant plus que la sécurité du côté de Sony était loin d'être irréprochable. Base de données en clair et autres aberrations étaient malheureusement en cause.
On estime ainsi que cette affaire aura coûté pas moins de 120 millions de dollars pour Sony, soit le budget d'un blockbuster cinématographique, sans même parler d'un spectaculaire déficit d'image. On aurait pu penser que la malchance quitterait alors Sony pendant une longue durée, c'était sans compter l'attaque du 25 novembre 2014, autrement plus complexe que celle du PlayStation Network.
L'empire Sony piraté de l'intérieur
Si, officiellement, la date du 25 novembre signe le début des hostilités, le groupe qui se fait appeler GOP (pour Guardians of Peace, les Gardiens de la Paix) a en réalité fait preuve de patience pour rapatrier 11 téraoctets de données au cours de plusieurs mois qui ont précédé l'exécution de la cyber-attaque. Durant tout ce temps, le groupe a ainsi pu opérer sur l'infrastructure réseau du groupe comme bon lui semblait.
Et le préjudice est d'ores et déjà lourd, sachant que les fuites ne sont à priori pas encore de l'histoire ancienne. A ce jour, les pirates ont ainsi mis en ligne des films dont certains étaient encore inédits en salles, mais aussi de nombreux mots de passe, des certificats de sécurité validés par Sony, un document expliquant comment les majors du cinéma entendent combattre Google.
Mais peut-être que ce qui est le plus problématique concerne des informations sur les salariés, les salaires des dirigeants sans oublier des informations stratégiques du groupe, des pseudonymes utilisés par les acteurs pour réserver des chambres d'hôtel et d'inévitables numéros de téléphone privés. Et selon le groupe à l'origine de toutes ses fuites, le meilleur serait encore à venir …
Qui se cache derrière les GOP ?
Impossible pour l'heure de répondre à cette enigme. Les regards se sont néanmoins assez vite posés sur la Corée du Nord suite à la production chez Sony du film The Interview. Dans ce dernier, deux faux journalistes (incarnés par Seth Rogen et James Franco) ont pour mission d'aller interviewer Kim Jong-un dans le but de l'assassiner.
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Quand la campagne de presse a commencé en amont du film, les dignitaires coréens étaient furibonds et ne comptaient pas en rester là. Ceci dit, on sait depuis que les attaques de Sony ont été perpétrées depuis plusieurs pays, probablement histoire de brouiller les pistes et opérer dans une plus grande discrétion.
Parmi les revendications du groupe GOP, il y a eu ces derniers jours une demande de retrait du film avant qu'il ne sorte dans les salles. Sony vient de s'exécuter en annonçant l'annulation de la sortie du film jusqu'à nouvel ordre.
Quel avenir pour Sony ?
Quoiqu'il advienne, l'addition sera salée pour Sony qui aurait déjà perdu 200 millions de dollars en ne sortant pas The Interview. Ajoutons à cela les 80 millions de budget de l'oeuvre burlesque et une ultime dépense de 100 millions de dollars environ pour remettre à plat et sécuriser le réseau interne de la société. Le préjudice est déjà abyssal.
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Et quand on sait que GOP a promis des choses encore plus croustillantes pour Noël, on se demande déjà quelles seront les prochaines boules puantes contre lesquelles Sony devra faire le dos rond. Jamais une société n'aura eu affaire à une cyber-attaque aussi malfaisante. Nul doute que le tout-Hollywood n'a pas fini de trembler. Et si Sony n'était pas la seule firme a avoir été ainsi visité ces dernières semaines ?