Plus un film est piraté, plus il rapporte d’argent au cinéma selon cette étude
D'après l'étude d'une firme spécialisée, le taux de piratage d'un film est directement lié au succès qu'il obtient au box-office. La conclusion linéaire mérite cependant d'être nuancée.
À votre avis, si un film est piraté des millions de fois, quel impact cela va-t-il avoir sur les entrées du même film au cinéma ? Spontanément, vous diriez qu'il y aura moins de gens dans les salles, puisque beaucoup d'entre eux auront vu le long-métrage chez eux illégalement. Et bien il semble que cela soit l'inverse. Assez contre-intuitif, mais plutôt logique si on y réfléchit. Cette conclusion provient d'une étude de MUSO, entreprise spécialisée dans la quantification du piratage de médias.
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La firme a analysé 98 films sortis entre juillet 2019 et janvier 2020, ainsi qu'entre juillet 2021 et janvier 2022. Parmi eux, Spider-man : No Way Home (2021), Le Roi Lion (2019) ou encore Fast & Furious : Hobbs and Shaw (2019). Pour chacun, les revenus au box-office américain sont recueillis en même temps que le nombre de piratage des titres. La période va de la sortie du long-métrage à son retrait de l'affiche ou à sa sortie en VOD (vidéo à la demande), selon ce qui arrive en premier. La conclusion est sans appel.
Un film très piraté est un film qui rapporte beaucoup au cinéma d'après une étude
Les deux type de données affichent un coefficient de 0,85 sur une corrélation de Spearman. L'indice mesure la relation entre deux variables, sachant qu'obtenir un score de 1 signifie que la relation est parfaitement positive. Autrement dit : il y a ici un lien très fort entre les revenus d'un film au cinéma et le nombre de fois où il est piraté. MUSO conclue qu'analyser le piratage permet de deviner le succès d'un film sur les circuits légaux, et inversement, mais ce n'est pas si simple.
D'abord, relation ne signifie pas causalité. Le graphique ci-dessus peut très bien montrer qu'il y a juste une demande plus forte pour le piratage d'un film juste après sa sortie, ce qui est logique. Ensuite, la corrélation de Spearman est une analyse des rangs, c'est-à-dire d'un classement. Le film le plus rentable est classé “1”, le deuxième “2”, etc. Ce n'est donc pas une étude des volumes réels. Enfin, l'analyse porte sur le volume total des piratages et les revenus totaux de tous les films combinés. Un film populaire aura ainsi beaucoup plus d'effet sur la corrélation observée que s'il était pris indépendamment des autres.
L'étude doit donc être affinée, mais à l'heure où le piratage augmente en Europe et dans le monde, cela poussera peut-être déjà l'industrie du cinéma à s'assurer que leurs films sont disponibles légalement dans les régions où ils sont fortement piratés.
Source : TorrentFreak