Pourquoi j’ai craqué pour le Blackberry KEY2
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[divider top=”no”]Annoncé avant l’été 2018, le Blackberry KEY2 a intrigué de nombreux observateurs. Son clavier physique intrigue et se démarque de ce que l’on peut voir sur le marché. En 2018, tous les smartphones se ressemblent ou presque. Le KEY2 fait donc figure d’OVNI. J’ai eu la chance de le tester pour Phonandroid pendant quelques jours. Après plusieurs semaines d’utilisation, je ne le lâche plus. Je vous explique pourquoi j’ai craqué pour le Blackberry KEY2.
2018 est loin d’être une année palpitante sur le marché des smartphones. La plupart des modèles s’inspirent de l’iPhone X d’Apple, arborant une encoche en façade leur donnant une allure de cyclope. Heureusement quelques constructeurs ne cèdent pas à la tentation. Samsung par exemple reste fidèle à son design et parvient à réduire les bordures sans avoir recours à cette encoche. Toutefois, le modèle le plus original est sans doute le Blackberry KEY2. Sous la houlette de TCL, la marque est totalement à contre-courant avec un smartphone équipé d’un clavier physique. “Retour en arrière”, “has-been”, “du neuf avec du vieux”, “échec assuré”, “inadapté à nos usages” : le Blackberry KEY2 a reçu son lot de critiques acerbes. Pourtant, après l’avoir testé pendant quelques jours, je ne l’ai plus lâché. Si ses caractéristiques techniques n’atteignent pas le niveau des meilleurs du marché, le KEY2 m’a complètement fait craqué dans mon utilisation quotidienne. Car au-delà des performances, c’est l’expérience du Blackberry KEY2 qui m’a séduit. Il ne fait rien comme les autres, d’ailleurs il n’est pas comme les autres. Et sur un marché bien ennuyeux, je trouve la proposition de Blackberry audacieuse.
Blackberry : une histoire de longue date
Avant de parler du Blackberry KEY2, je me dois d’apporter quelques précisions sur mon passif avec les produits de cette marque. Je fais partie de cette génération d’utilisateurs ayant connu le monde sans téléphone portable, sans internet. J’ai donc vu débarquer les premiers mobiles en France, à la grande époque de Nokia. J’ai d’ailleurs utilisé plusieurs téléphones de cette marque, notamment le fameux Nokia 3310, le Nokia 8210 et même le Nokia 5510, premier téléphone de la marque avec un clavier complet.
Puis les premiers smartphones sont apparus. J’ai connu la rivalité entre Palm et Blackberry. Je me suis laissé tenter par le canadien, à l’époque sous la houlette de RIM. J’ai utilisé le premier Blackberry Bold (avec la petite bille de navigation). Puis j'ai craqué pour son successeur, le Bold 9900, plus petit et doté d’un mini pavé tactile en lieu et place de cette bille.
J’ai beaucoup aimé ces “années Blackberry”. A l’époque le “tout illimité” n’existait pas encore mais les opérateurs proposaient des “forfaits Blackberry” avec traitement illimité des emails et des messages sur BBM. Un must à l’époque (oui ça doit faire rire les plus jeunes). La marque canadienne était non seulement réputée pour la qualité de finition de ses produits, mais aussi pour la sécurité des données. Tous les chefs d’Etat utilisaient des Blackberry. Surtout, le clavier physique était d’une efficacité redoutable. Puis un certain Steve Jobs a présenté le premier iPhone. Redistribution des cartes.
La rupture
L’arrivée du premier iPhone a complètement bousculé le marché. Les codes du smartphone ont changé. Fini les claviers physiques, à partir de cet iPhone les marques allaient passer au tout tactile, avec un clavier virtuel. Android et iOS allaient vite dominer le marché. Car Blackberry a pris du retard, beaucoup de retard. Tout comme Nokia. Ces deux marques ont fait le choix de conserver leur propre système d’exploitation (BBOS pour le canadien, Symbian pour le finlandais). Grave erreur ! iOS et Android ont vite dominé le monde du smartphone grâce à leur magasin d’applications. Nos usages étaient bouleversé à jamais.
Comme la plupart des utilisateurs, j’ai donc lâché petit à petit mon Blackberry. J’ai d’abord utilisé des smartphones Samsung, je travaillais pour cette marque à une certaine époque. J’ai utilisé des modèles sous Android ou sous Windows Phone. Puis j’ai connu l’iPhone (je travaillais pour Apple à cette époque). Durant les premiers mois de transition, j’utilisais encore mon Blackberry Bold 9900. Puis petit à petit je l’ai oublié. Pour finalement le laisser dans un tiroir, en attendant de le recycler.
Avec la multiplication des smarpthones Android et des nouvelles versions d’iPhone, j’ai complètement abandonné Blackberry. Le renouveau de Blackberry OS avec la navigation par gestes, le Hub etc. était une bonne idée. Les produits étaient pourtant bons : les Blackberry Classic et Passport étaient particulièrement séduisants (même si le Passport était assez particulier). Mais il était trop tard. Le divorce était prononcé. La seule probabilité d’un retour chez Blackberry aurait été l’adoption d’Android. La suite, vous la connaissez sans doute.
Blackberry KEYone : le “vrai” premier Blackberry sous Android avec clavier physique
En 2017, Blackberry, en partenariat avec TCL, lance le KEYone, le premier “vrai” Blackberry avec clavier physique, sous Android. Enfin presque. Le Blackberry Priv, sorti un an plus tôt embarquait lui aussi un clavier physique et Android. Mais ce clavier était placé sous l'écran avec un système de “slider” à la manière du Blackberry Torch. Mais pour les adeptes, les “vrais” Blackberry sont ceux équipés d'un clavier physique situé sous l'écran. Le Priv a permis à Blackberry de fêter son retour sur le marché, le KEYone d'être pris au sérieux.
Fidèle à ses valeurs, le canadien met un point d’honneur à renforcer Android réputé pour ses nombreuses failles de sécurité. Le Blackberry KEYone est à sa sortie le smartphone Android le plus sécurisé du marché. Tous les ingrédients ayant fait le succès de Blackberry sont présents : design solide, élégant, résolument premium. Les fonctionnalités de productivité sont nombreuses, le Blackberry Hub (tous les messages centralisés dans une seule appli) est importé sur Android. L’interface est fluide : Blackberry a fait le choix d’un Android pur avec quelques applications de productivité/sécurité maison.
Surtout, le clavier est modernisé. La disposition et le relief des touches rappellent ceux du Bold 9900. Mais le clavier fait également office de trackpad. Le lecteur d’empreintes est inséré sous la barre d’espace. Le KEYone signe le renouveau de Blackberry. J’ai la chance de pouvoir le tester pour Phonandroid. Très vite, je retrouve mes sensations d’antan couplées à la modernité d’Android. L’expérience est exaltante. Le KEYone brille par son originalité sur un marché qui n’évolue plus tellement depuis quelques années. Je fais donc du Blackberry KEYone mon smartphone principal pendant plusieurs mois. Mais je l’abandonne.
Le KEYone a de trop nombreuses faiblesses pour mon usage quotidien (pour les consommateurs le prix est bien trop élevé). Notamment son processeur, qui ne tient plus la cadence après quelques mois d’utilisation. L’appareil photo est lui aussi en retrait. Dommage, car tout y était. Premier essai concluant, mais il reste une marge de progression. Il faut attendre 2018 pour que les défauts du KEYone soient corrigés : Blackberry annonce le Blackberry KEY2. Coup de foudre.
Blackberry KEY2 : entre nostalgie et modernité
Avec son KEY2, Blackberry corrige tous les défauts reprochés par la plupart des utilisateurs (clavier trop petit, pas assez performant, appareil photo mauvais). Le KEY2 intègre un tout nouveau clavier, plus grand, avec des touches plus accessibles. Le trackpad est toujours là, le lecteur d’empreintes sous la barre d’espace aussi. Une nouvelle touche fait son apparition sur le clavier physique. Rien d’extraordinaire à première vue. Sauf que cette touche transforme complètement l’utilisation au quotidien et fait du Blackberry KEY2 l’un des compagnons les plus efficaces du marché. Cette nouvelle touche, baptisée Speed Key, permet de basculer d’une application à l’autre sans passer par la touche “multitâche”. Après avoir configuré les touches raccourcis (par exemple en appuyant sur le “t” j’accède à Twitter), il est possible de passer d’une application à l’autre en appuyant sur la touche Speed Key puis la lettre correspondant à l’appli recherchée. Par exemple, j’appuie sur le “t” pour accéder à Twitter. Directement depuis Twitter, je souhaite accéder à Instagram. J’appuie sur la touche Speed Key, puis la touche “i” préalablement configurée pour accéder à Instagram.
Si cela n’a l’air de rien, ce petit plus transforme complètement l’expérience au quotidien. Je peux tout faire plus vite, plus efficacement, à une vitesse remarquable. Car oui, Blackberry a intégré un processeur performant dans le KEY2 pour ne pas reproduire l’erreur du KEYone. Le smartphone tourne comme une horloge et son autonomie est toujours excellente. Et enfin Blackberry propose un appareil photo digne de ce nom avec double capteur. Sans être comparable aux meilleurs du marché, il s’en sort très bien. Et que dire de ce clavier physique ! Quelles sensations ! Ces touches qui glissent sous les doigts, ces cliquetis à chaque pression, je replonge dans le passé avec plaisir.
Les plus jeunes ne comprendront sans doute pas. Mais Blackberry et Apple ont longtemps été deux rivaux pour les expériences qu’ils proposaient. Deux écoles, deux styles, deux identités très fortes. Blackberry est la seule marque à pouvoir se vanter d’avoir ses adeptes comme Apple. Au delà de cela, l’expérience proposée par Blackberry est unique. Je teste chaque année des dizaines et des dizaines de smartphones, et aucun ne me surprend plus que le nouveau Blackberry. Chaque année c’est une énigme, une intrigue. Et beaucoup me prendront sans doute pour un fou, les plus jeunes sans doute pour un vieux con, mais pour rien au monde je ne lâcherai mon Blackberry KEY2 pour un autre smartphone.
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