Pourquoi la domination de Samsung est bénéfique pour Android
Samsung domine l'univers Android, c'est un fait que l'on ne peut nier alors qu'il est numéro des constructeurs de smartphones depuis de nombreuses années. Nous avons auparavant vu que cette domination pouvait être nocive pour le secteur. Mais l'est-elle vraiment ? Dans cette deuxième et dernière partie, nous argumenterons au contraire que les actes de Samsung sont bénéfiques à l'univers Android entier.
Sur le marché des smartphones, cela fait des années qu'un constructeur en particulier est plus représentant que les autres : Samsung. La marque coréenne a réussi à transformer sa présence sur le simple téléphone portable en empire du smartphone.
Une évolution qui l'a fait devenir le représentant le plus commun d'Android dans l'oeil du grand public. Chaque année, nous savons qu'il sera encore une fois numéro 1 des constructeurs, comme il l'est depuis bien longtemps aujourd'hui.
Un acteur aussi imposant entraîne nécessairement une divergence d'opinions quant à son but sur la plateforme de Google. Récemment, nous vous expliquions en quoi la domination de Samsung pouvait être mauvaise pour Android.
Rien n'est jamais aussi manichéen toutefois. C'est pourquoi aujourd'hui, nous argumenterons que cette domination est en vérité bénéfique à l'écosystème tout entier.
Samsung, la bonne pomme
Nous avons vu dans le précédent dossier que Samsung a progressivement conquis l'univers smartphone et l'écosystème Android en s'inspirant fortement d'Apple et ses iPhone. A bien des égards, le constructeur américain a donné sa forme aux téléphones d'aujourd'hui, profitant ainsi d'une image innovatrice attirante pour le grand public.
Depuis, la situation a tout de même bien changé. Alors qu'il fut à ses débuts très confidentiels, le système d'exploitation Android est aujourd'hui connu de tous. Et si l'on peut remercier les nombreux acteurs de cet écosystème, on ne peut nier qu'une grande part du travail a été faite par Samsung.
Le constructeur coréen a réussi à proposer année après année de quoi lutter tête à tête avec Apple, un trait que l'on retrouve particulièrement sur le Galaxy S2. Même si d'autres avant lui ont proposé d'excellents téléphones (on pensera au HTC HD par exemple), c'est ce dernier qui aura contribué massivement à rendre Android crédible auprès du grand public, sortant Android de son image d' “OS de geek” à la manière de Linux.
Dès lors, c'est vers Samsung que le grand public se tourne. Et chaque année, le constructeur a su faire en sorte de surenchérir sur Apple au point de souvent prendre la tête sur son rival de toujours. Par l'amalgame Android = Samsung qu'il a su créer, cette image retombe naturellement sur l'OS de Google et profite à tous ses acteurs.
Quand Apple choisit de rendre la moindre de ses innovations exclusives à son écosystème, les avancées de Samsung retombent naturellement sur le reste de l'écosystème. Et ce même si le coréen ne le veut pas nécessairement.
Grand champion du suivi
L'un des plus grands problèmes d'Android, que ne rencontre pas Apple avec son écosystème fermé, est la disponibilité immédiate des mises à jour majeures de son système. En dehors de la gamme Nexus, et des nouveaux Google Pixel, il faut parfois attendre de nombreux mois avant de pouvoir goûter aux améliorations du système.
Mais Samsung a toujours été l'un des exemples à suivre de l'industrie de ce point de vue. Non seulement ses appareils haut de gamme sont rapidement suivis, mais ses offres d'entrée et de milieu de gamme ont également le droit aux dernières mises à jour dans un temps raisonnable.
Un suivi de 2 ans est généralement observé sur l'intégralité de son offre, faisant que ses acheteurs peuvent avoir confiance dans le suivi de leurs appareils qu'importe leur budget. Ceci est d'autant plus important qu'étant le système d'exploitation mobile le plus utilisé au monde, Android est aussi le plus ciblé par les pirates.
Samsung influence et embrasse l'évolution d'Android
Mais ce n'est pas tout, puisqu'il est également l'un de ceux qui n'hésitent pas à proposer des choses nouvelles pour le système d'exploitation. On pensera notamment à la détection du regard, permettant d'empêcher l'extinction de l'écran de l'appareil en cours de lecture.
L'exemple le plus probant de tout cela reste le mode multi-fenêtre, qui fut rapidement intégré par Samsung à sa surcouche Touchwizz, particulièrement pour ses modèles de phablette. Un secteur qu'il a par ailleurs popularisé malgré les doutes de nombreux constructeurs.
Ce mode multi-fenêtre est aujourd'hui nativement intégré à Android 7.0 Nougat et toutes ses versions à venir. En réponse, la mise à jour sur les téléphones Samsung abandonne sa propre solution et embrasse la gestion du système lui-même.
Le cas est le même pour la gestion du stylet, qui sera bientôt intégrée nativement à l'OS alors que Samsung le procure depuis bien des années. Là encore, le constructeur coréen adoptera alors la solution native dans le futur.
Avec le temps, Samsung a appris à faire confiance à l'écosystème lui-même et pousse de moins en moins ses propres solutions : il aura abandonné son magasin d'applications et sa messagerie, et fait désormais en sorte que sa surcouche se rapproche de l'expérience AOSP d'Android.
Le tout participe à rendre son expérience plus claire et fluide, mais aide aussi les utilisateurs à se familiariser avec l'écosystème entier, permettant une compréhension plus facile de tous les appareils Android disponibles sur le marché.
Toujours prêt à investir et innover
On pourrait penser qu'être le premier constructeur du marché des smartphones entier pousserait à s'asseoir sur ses lauriers et amasser un fabuleux trésor de guerre. C'est après tout ce que l'on pourrait reprocher à Apple, qui depuis quelques années semble être sur la défensive et se contente de suivre ses concurrents sans trop innover.
Samsung est bien loin de tout cela, bien au contraire : on l'aura souvent retrouvé en première ligne de nombreux fronts technologiques pourtant incertains. Quand Google a lancé sa gamme Nexus, le deuxième appareil produit par celle-ci ne fut signé par nul autre que Samsung, puis suivi par le Galaxy Nexus.
Quand l'internet des objets commençait à peine à être envisagé, le constructeur coréen a dévoilé sa gamme Galaxy Gear qui aura d'ailleurs par la suite accompagnée le lancement d'Android Wear. Aujourd'hui, la Gear S3 sous Tizen est l'une des meilleures smartwatchs du marché.
Sa gamme Note, aujourd'hui extrêmement populaire, est née de la croyance qu'un format tablette de poche plairait aux professionnels et grands consommateurs de média. Personne n'y croyait sur l'instant, Samsung s'attirant même les railleries de feu Steve Jobs, alors qu'il s'agit d'un produit extrêmement banal désormais.
Ce ne sont que des exemples du passé parmi tant d'autres, et 2017 ne changera rien à tout cela : alors que les écrans pliables deviennent enfin viables pour les produits de grande consommation, Samsung prépare déjà deux appareils utilisant cette technologie pour deux concepts différents.
Une relation d'égal à égal
A bien des égards, il est donc difficile de penser que la domination de Samsung ne profite qu'à Samsung. Il est le numéro 1 incontesté du marché, mais ne semble pas pour autant profiter de sa place pour ne rien faire, bien au contraire.
Même si son discours et son plan marketing sont extrêmement travaillés, au point de suffoquer sa concurrence, le fait qu'il utilise Android fait que le système d'exploitation, et donc l'écosystème entier, est mis en lumière par cela. Qui plus est, les bonnes idées de sa surcouche intègrent désormais les versions majeures d'Android, et profitent donc à tous les appareils.
C'est en devenant “l'Apple d'Android” qu'il aura réussi à rendre l'OS plus attirant pour le grand public, et a acquis sa place par son mérite. Loin d'être un suiveur, il est au contraire bien souvent lanceur de tendance ou a minima en première ligne du futur de la high-tech. Des traits qui profitent à Android tout entier, et pas seulement au constructeur.