Pourquoi la fin de la 2G est un casse-tête pour les constructeurs automobiles

Alors que l'échéance approche pour la disparition du réseau mobile 2G, les constructeurs de voitures cherchent à la repousser à tout prix. Il y a une raison bien particulière à cela, on vous explique.

Voitures
Crédits : Adobe Stock

Les réseaux mobiles 2G et 3G doivent disparaître. Cela fait quelques années qu'on le sait et les différents opérateurs ont déjà pris les devants pour préparer l'extinction de ces normes aujourd'hui obsolètes. La date exacte varie. SFR estime qu'il en aura terminé entre 2026 et 2028, tandis qu'Orange enterrera la 2G en 2025 puis la 3G en 2028 par exemple. Avec une 4G couvrant bientôt 100 % de la France et un déploiement toujours plus important de la 5G, on a en théorie peu de raisons de s'en émouvoir. Pourtant, toute une industrie milite pour repousser l'échéance.

Les constructeurs automobiles ont saisi la Commission européenne afin qu'elle enquête sur les conséquences de la fin du réseau 2G. Pourquoi ? Parce que c'est sur lui que repose le système eCall qui équipe obligatoirement tous les véhicules du Vieux Continent depuis 2018. Il s'agit d'un bouton d'appel d'urgence permettant de contacter le 112 (numéro européen). C'est très loin d'être un gadget. Aux États-Unis, Mercedes-Benz a dû rappeler plus d'un million de voitures a cause d'un bug sur eCall. Plateforme automobile (PFA), principal syndicat du secteur dont font partie les fabricants français, estime que le service est actuellement installé dans plus de 36 millions de véhicules en Europe. Mettre un terme à la 2G serait donc extrêmement problématique.

Les constructeurs de voitures redoutent la disparition du réseau 2G

Un cabinet d'étude espagnol a été mandaté par la Commission européenne et aurait conclu qu'il serait économiquement viable de maintenir la 2G dans chaque pays de l'UE. Interrogée, la France indique ne pas avoir de position arrêtée sur la question, tout en rappelant qu'elle ne peut légalement pas empêcher les opérateurs de couper leurs réseaux 2G et 3G. Le Code européen des communications électroniques non plus. D'autant que les fréquences 2G sont censées être réutilisées pour la 5G, que l'Europe veut voir presque partout d'ici 2030.

Opérateurs et constructeurs de voitures se renvoient la balle. Les premiers affirment avoir averti les seconds depuis des années, lesquels répondent que ce n'est pas à eux de proposer une solution de rechange. En février 2024, l'Europe a publié un texte obligeant l'intégration du dispositif NG eCall (“Nouvelle Génération”), qui lui utilise la 4G et la 5G. Les nouveaux véhicules devront en être équipés à partir du 1er janvier 2026. Mais pour ceux qui possèdent l'ancien système eCall, que va-t-il se passer ? La Commission ne le dit pas.

Des solutions sont envisageables, mais elles vont coûter des milliards d'euros

La première possibilité est donc de conserver les réseaux 2G et 3G en Europe le temps que l'ensemble du parc automobile passe à la nouvelle version d'eCall. Tony Jaux, directeur du programme véhicules connectés de la Plateforme Automobile, calcule que “si on démarre à partir de 2026 avec les premières obligations de mettre en place le nouveau eCall, alors les réseaux 2G ou 3G devraient être maintenus jusqu'en 2041“. Le syndicat estime que même en s'arrêtant en 2035, cela coûterait entre 1,2 et 1,5 milliard d'euros par an à l'ensemble des pays membres.

Deuxième solution : faire remplacer l'ancien eCall par le nouveau. Sans parler du coût de l'opération, estimé à 13 milliards d'euros par la PFA, ce serait un cauchemar logistique pour Tony Jaux. “Il faut rappeler tous les véhicules, mais est-ce que les gens viendraient ? Et tout changement sur un véhicule dans un système lié à la sécurité doit être homologué pour sa remise en route. Cela signifierait qu'il faudrait homologuer des centaines voire des milliers de modèles de véhicules. De plus, nous n'avons aucun contrôle sur ce qu'il se passe en après-vente, donc il n'y a aucune garantie que le nouveau dispositif installé soit sécurisé“.

En admettant que l'une ou l'autre des possibilités soit retenue, opérateurs téléphoniques comme industriels de l'automobile ne sont pas disposés à mettre la main à la poche. La question du financement reste donc entière. Il reste bien une troisième solution, mais il est peu probable qu'elle ait les faveurs de l'Union européenne. L'idée serait simplement de supprimer l'obligation d'intégrer eCall dans les véhicules. Dans tous les cas, c'est désormais à la Commission de rendre une décision.

Source : La Tribune


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