Pourquoi le trafic Internet a très fortement ralenti en France l’an dernier
Dans son dernier rapport, l'Arcep constate un gros ralentissement du trafic Internet entrant en France sur l'année 2023. Est-ce nous allons moins sur le Web ? Avons-nous fini Netflix ? Éléments de réponse.
Pas besoin d'attendre que la fibre optique couvre quasiment l'ensemble du pays en 2025, les français sont déjà de gros consommateurs d'Internet. Confinement oblige, l'année 2020 enregistrait une véritable explosion du trafic sur la toile avec une hausse spectaculaire de 50 %. La tendance s'est calmée au fil des années, mais elle reste tout de même forte : 25 % en 2021 et 21,5 % en 2022. À l'heure où de plus en plus de monde consomment des films et séries en 4K depuis des plateformes de streaming, on s'attendait logiquement à, au mieux, une légère baisse pour 2023.
Le constat est tout autre. Dans son dernier rapport sur l'état d'Internet en France, l'Arcep nous apprend que “le trafic entrant au point d’interconnexion en France a atteint 46,5 Tbit/s à la fin de 2023, enregistrant une augmentation annuelle de 7,6 % par rapport à la fin de l’année 2022“. La différence est spectaculaire en à peine un an, et on se dit spontanément que les français se sont rendus bien moins souvent sur Internet. Ce n'est pourtant pas le cas.
En France, le trafic Internet entrant a beaucoup ralenti l'an dernier, voici pourquoi
Si les internautes du pays consomment moins de bande passante, c'est pour deux raisons principales selon l'Arcep. La première est “une croissance faible de la proportion d’abonnés à au moins un service de vidéo à la demande (56 %, +1 point en un an), après plusieurs années de forte hausse”. Ce n'est pas un facteur anodin : fin 2023, Netflix représente à lui seul 15,3 % du trafic, ce qui le place en tête des “acteurs majeurs” ayant drainé le plus de monde, devant Akamai (12,3 %) et Google (9,8 %).
La deuxième explication tient au développement des CDN (Content Delivery Network ou réseau de diffusion de contenu en français). Il s'agit d'un système reposant sur un réseau de caches qui assure le transfert rapide des ressources nécessaires au chargement des contenus Web (sites, vidéos…). En France, environ 20 % du trafic entrant passe par des CDN actuellement. Ajoutez à cela les autres “efforts entrepris par certains acteurs du contenu en termes de compression et d’optimisation du trafic“, et le ralentissement observé prend tout son sens.