Pourquoi utilise-t-on un clavier AZERTY ? L’informatique n’a rien à voir là-dedans, cela vient d’un bête problème technique
Tous les jours, nous utilisons un clavier AZERTY sur nos ordinateurs et nos smartphones. Pour nous, cela coule de source, mais quand on y pense, cette disposition n’est pas vraiment logique. Alors pourquoi utilise-t-on le format AZERTY (ou QWERTY) sur nos machines ? La raison n’a absolument rien à voir avec l’informatique. On vous explique tout.
Quand on réfléchit un peu à la disposition des touches de clavier, que ce soit sur notre ordinateur ou notre smartphone, on se rend vite compte qu’elle n’a pas beaucoup de sens. Aujourd'hui, nous y sommes habitués et nous avons tous appris à taper vite dans ce format, mais elle est très loin d'être logique. Pourquoi le A est-il à côté du Z, pourquoi le S et le D sont-ils voisins ? Il y a évidemment une raison bien particulière à cela, et on va vous l’expliquer.
Les origines de cette disposition n’ont rien à voir avec l’informatique. Pour comprendre, il faut remonter dans les années 1870, plus précisément aux Etats-Unis. C’est Christopher Scholes, homme politique et inventeur originaire du Wisconsin, qui a eu l’idée de placer les touches de cette façon.
Le format QWERTY est né avec la machine à écrire, et non avec l’informatique
L’idée est simple : permettre aux sténographes de gagner du temps. Les machines à écrire existaient déjà, mais prenaient mille formes différentes. Certaines ressemblaient à des pianos avec des touches en ivoire et d’autres arboraient une boule sur laquelle était placées les lettres (boule à écrire Hansen). Scholes a cherché à inventer un système plus pratique et universel : la machine à écrire telle qu’on la connait aujourd’hui.
Il imagine donc un système où les touches sont alignées sur quatre rangées. Au tout début, elles sont placées par ordre alphabétique. Quand on y pense, rien de plus logique ! Mais suite aux retours de nombreux « bêta testeur », il se rend vite compte qu’un souci bien gênant vient enrayer cette belle mécanique. Chaque touche est reliée à une tige qui vient frapper le papier avec de l’encre. Le souci, c’est que souvent, les tiges ont tendance à s’entrechoquer quand on tape vite deux touches adjacentes et cela bloque la machine.
Le système est donc bon, mais nécessite un ajustement. En conséquence, Scholes imagine une nouvelle disposition de clavier. L’idée est de placer les lettres utilisées fréquemment ensemble (comme le S et le T) loin les unes des autres afin d’éviter les chocs. Certains chercheurs vont plus loin en estimant que Scholes se serait inspiré du morse pour placer ses touches (comme Z, S et E qui sont très proches lors de la restranscription et qui sont ici alignées verticalement). En 1868 il brevette son invention pour la vendre et en 1874, la première machine à écrire avec cette disposition sort sur le marché américain : la Remington No 1. Le QWERTY est né, mais adoptera sa forme finale avec la Remington No 2 en 1878. Un siècle plus tard, l’informatique réutilisera le même format pour ses claviers. Exit les soucis mécaniques, mais l’habitude est restée.
Mais pourquoi avons-nous un clavier AZERTY en France ?
Le format QWERTY est rapidement devenu un incontournable pour toutes les machines à écrire. Certains pays ont pratiqué des ajustements. En Allemagne, le Z et le Y ont par exemple été intervertis. Le clavier turc (F) est lui totalement différent pour s’adapter aux spécificités de la langue. La France a aussi connu un gros changement en transformant le QWERTY en AZERTY au début du XXe siècle.
Pourquoi ? Eh bien… personne ne le sait ! En réalité il n’est physiquement pas plus pratique qu’un clavier QWERTY pour écrire la langue de Molière (c’est une question d’habitude), mais cela reste un mystère. Un inversement involontaire lors de la conception des premières machines françaises ? Une ambition de se démarquer des anglo-saxons ? Toutes les théories sont permises.
Notons que le QWERTY n'est pas la seule disposition qui existe aujourd'hui. La disposition Dvorak, née dans les années 1930, est censée être la plus optimale pour écrire en anglais. La fameuse disposition Bépo, pour sa part, est pensée pour être la plus efficace possible en français. Mais les habitudes ont la vie dure et le QWERTY (ou AZERTY chez nous) semble indéboulonable.