Quand les sites torrent se font courtiser par les ayants droit pour de la pub
Les associations de défense des ayants droit ne sont d'habitude pas très tendres avec les sites de téléchargement illégal. En plus de multiplier les initiatives pour les faire retirer du web, elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour leur couper toute source de financement, en l’occurrence l'accès à des revenus publicitaires. Mais la DMCAForce, une association de défense des droits d'auteurs a décidé d'aller à contre-courant de cette stratégie en tendant plutôt la main aux sites pirates.
La lutte contre le sites torrent n'est pas une mince affaire, comme l'a récemment admis l'Hadopi qui s'avoue dépassée par les nouveaux moyens de piratage. Plutôt que de combattre les sites de téléchargement illégal et de streaming devenus trop puissants, et si les défenseurs des ayants droit tentaient plutôt de les amener sur un terrain d'entente ? C'est cette approche qu'a choisie la DMCAForce, une association de défense des droits d'auteurs qui milite pour les intérêts de sociétés opérants dans l'industrie de la musique, du cinéma, des jeux vidéo ou encore des livres.
DMCAForce : cette association propose des partenariats publicitaires aux sites de téléchargement illégal
À défaut de chercher à abattre les sites pirates, DMCAForce cherche plutôt à les exploiter en tant que supports publicitaires. Une stratégie diamétralement opposée à celle employée par les autres associations comme la Trustworthy Accountability Group (TAG), un groupe anti-piratage géré par des géants du web et du divertissement tels que Google, Facebook, Disney ou encore Warner.
Leur approche a toujours été de couper les sources de revenus aux sites de torrent et autres plateformes du genre, partant du principe qu'une fois cela fait, leurs auteurs seraient contraints de jeter l'éponge. Cette stratégie vient s'ajouter aux procédures judiciaires qui ont conduit ces dernières années à la fermeture de sites populaires comme T411 et Zone-telechargement.
L'association DMCAForce en ce qui la concerne tend plutôt la main aux sites pirates en les contactant pour leur proposer un partenariat publicitaire pour le compte des ayants droit. Le site TorrentFreak a pu obtenir copie d'un mail envoyé par l'association au site LimeTorrent. On peut y lire ceci :
« DMCAForce a récemment lancé un nouveau service permettant aux sites de partage de fichiers de travailler avec les créateurs de contenu. En tant que site de partage de fichiers, vous pouvez distribuer leur contenu gratuitement, mais en échange vous vous engagez à fournir un espace publicitaire autour du produit ».
Dit comme cela, on comprend difficilement le réel intérêt de ce type de partenariat pour les titulaires des droits. Mais comme l'explique DMCAForce, ce genre d'approche est déjà utilisée pour les sites qui diffusent du contenu pour adultes. La stratégie porterait ses fruits pour la simple raison qu'elle rapporteraient plus de 15 000 $ par mois aux ayants droit. Et il s'agit ici des revenus générés par un seul « gros site » de téléchargement.
On comprend à la lecture du mail envoyé par DMCAForce que le partenariat repose également sur des liens affiliés. En effet, l'association propose aux sites de garder les contenus sur leurs plateformes, mais de mettre des liens qui renvoient vers les boutiques des ayants droit, moyennant des commissions.
Évidemment, cette proposition a été déclinée par LimeTorrent qui explique que le mail était accompagné d'une menace qui stipulait qu'en cas de refus de l'offre, l'association serait dans l'obligation de soumettre une plainte DMCA ( Digital Millennium Copyright Ac) qui pourrait conduire à la fermeture du site.