Qu’est-ce que le Green Friday, le mouvement anti-Black Friday ?
Alors que le Black Friday bat son plein, un mouvement contestataire prend de l’ampleur. Le “Green Friday”, lancé en 2017, est un mouvement de résistance à la surconsommation en cette période de l’année. Mais qu’est-ce que le “Green Friday” exactement ?
En 2017, Envie, modeste réseau de recyclage et de reconditionnement lançait le “Green Friday”. Derrière ce nom se cache un mouvement de résistance au Black Friday, ce jour de consommation débridée tout droit venu des Etats-Unis. Si cette journée du lendemain de Thanksgiving fait sens Outre-Atlantique, en France elle n’est liée à aucune tradition. Elle est pour les commerçants une bonne “excuse” pour relancer la consommation juste avant les fêtes de fin d’année.
Anémone Berès, président d’Envie souhaite “sensibiliser les français : il existe des alternatives responsables, on peut consommer sans gaspiller”. Elle confie à nos confrères du Monde : La surconsommation est complètement déraisonnable.
Green Friday : envoyer un signal très fort
Alors que les chiffres du Black Friday devraient battre une fois encore de nouveaux records, le “Green Friday” fait de plus en plus d’adeptes. “Vendredi vert” est même devenue une association comptant aujourd’hui une centaine de membres. Chacun d’entre eux s’engage à verser 15% des ventes de ce “vendredi noir” à diverses associations. La Camif (meubles et produits fabriqués en France) va plus loin et a fermé son site pour la journée du Black Friday afin d’envoyer “un signal très fort”. Son patron, Emery Jacquillat, estime que “si les performances du Black Friday reculent, ce sera le point de rupture”. Il ajoute :
Le jour où un acteur du high-tech se mobilisera, ça peut aller très vite et détourner les gens du modèle horrible d’Amazon. Un gros qui bouge un peu a plus d’effet qu’un petit qui bouge beaucoup.
Green Friday : vers une consommation responsable
Le “Green Friday” n’est pas qu’un mouvement contestataire. Ses acteurs ne souhaitent pas aller vers “la ‘déconsommation' mais dans la consommation responsable” explique Emery Jacquillat. En ce sens, de nombreuses associations proposent des alternatives au Black Friday orientées vers l’économie solidaire.
Emmaüs (cofondatrice du Green Friday) propose par exemple des ateliers couture pour sensibiliser les consommateurs à la durée de vie des vêtements. A Paris, la mairie a octroyé 40 000 euros de subventions à l’association “Green Friday” pour animer des portes ouvertes dans ses ateliers. Mi-décembre, la mairie organisera un “marché de Noël solidaire”. La plateforme Drivy (location de véhicules entre particuliers) offre 50 euros à ceux qui bouderont le Black Friday.
Le mouvement n’est pas isolé. A l’étranger, la campagne “Faites quelque chose” de Greenpeace (plus de 273 événements dans 38 pays) invite les consommateurs à ne rien acheter le jour du “Black Friday” et se rendre plutôt dans des conférences de sensibilisation au recyclage, à la réparation et au “do it yourself”.
Le mouvement semble fonctionner. D’après Heikki Väänänen, PDG de la société HappyorNot spécialisée dans la satisfaction client, “année après année les consommateurs se lassent”. Les chiffres le prouvent : aux Etats-Unis, le taux de satisfaction des consommateurs américains a chuté de 7,5% en 2017 durant le Black Friday.
Les politiques commencent eux aussi à s’emparer du problème. Brune Poirson, Secrétaire d'État auprès du ministre d'État, Ministre de la Transition écologique et solidaire, s’est exprimée sur sa page Facebook en ce jour de Black Friday. Elle y tient un discours allant dans le sens de “Green Friday” :
Le Black Friday ça sent la bonne affaire mais à long terme, c’est une arnaque pour la planète et pour votre porte monnaie.