Salto prend l’eau, France Télévision se dit prêt à quitter le navire

Après le rachat de M6 par TF1 et le début de la fusion des deux groupes, France Télévisions envisage sérieusement de céder ses parts dans Salto afin de concentrer ses efforts sur France.tv. C'est en tout cas ce qu'a annoncé la PDG de France Télévisions Delphine Ernotte lors d'une interview.

salto depart france televisions
Crédits : Salto

En mai 2021, TF1 fait une annonce fracassante : la première chaîne rachète M6 pour 641 millions d'euros, Bouygues devenant alors l'actionnaire majorité de cette nouvelle entité avec 30% des parts. Grâce à cette fusion, l'opérateur et RTL Group (qui détient 16% des parts de M6) espèrent pouvoir réagir et résister à l'essor des plateformes de streaming comme Netflix, Amazon Prime Video ou encore Disney+.

Toutefois, ce projet de fusion n'en est qu'à ses balbutiements, et il faudra attendre fin 2022 que le processus soit finalisé. Plusieurs étapes attendent d'abord les deux groupes, à commencer par l'obtention de l'accord de l'Autorité de la concurrence du Conseil supérieur de l'audiovisuel, ou l'ARCOM devrait-on dire plutôt.

Seulement, cette alliance pourrait avoir des répercussions inattendues sur une plateforme de streaming qui vient de souffler sa première bougie : Salto. Alors que le Conseil d'État vient tout juste de valider la création de la plateforme au grand désarroi de Free, qui accusait TF1, M6 et France Télévisions d'ententes commerciales, Delphine Ernotte vient de tenir des propos surprenants lors d'une interview pour le Figaro.

France Télévisions veut laisser les rennes de Salto

En effet, l'actuelle présidente de France Télévisions (qui fait donc partie des trois groupes fondateurs de Salto) a annoncé envisager sérieusement de céder ses parts à M6 et TF1 et par extension de quitter le directoire du service. “Dans le contexte de fusion entre TF1 et M6, c'est une option afin de concentrer nos efforts sur france.tv, qui doit être le leader incontesté du streaming gratuit en France”, explique-t-elle dans les colonnes du quotidien.

Une position d'autant plus étonnante quand on sait que la patronne a toujours fait partie des plus fervents défenseurs de Salto, et ce depuis les prémices du projet. En 2017, elle appelait déjà dans le Monde à la création “d'une équipe de France de l'audiovisuel”, toujours dans l'idée d'offrir une alternative aux leaders américains du streaming, Netflix, Amazon et Disney+ en tête.

Désormais, Delphine Ernotte veut mobiliser ses forces pour développer “une grande plateforme numérique de l'audiovisuel public français”, sans M6 et TF1. Et donc sans Salto. “Partout en Europe, les grands médias font le choix de concentrer leurs investissements. Je plaide pour la création d'un grand portail commun à tout l'audiovisuel public, avec Arte, l'INA, France Médias Monde et Radio France. Nous aurons besoin d'une vision politique commune pour y arriver”, assure-t-elle.

Reste donc à voir quels pourraient être les effets du départ de France Télévisions sur Salto, qui pour rappel à déjà bien du mal à décoller. Les débuts de Salto ont été timides, avec seulement 200 000 abonnés en janvier 2021 et un déficit de 93 millions d'euros. En été 2021, la plateforme avait toutefois doublé son nombre d'abonnés, en passant à 400 000. Depuis, la plateforme n'a pas encore dévoilé de nouveaux chiffres.

Source : Le Figaro

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