Le patron de Samsung est condamné à 2 ans et demi de prison pour corruption
Jay Y. Lee, héritier de Samsung, a été condamné à plus de 2 ans de prison. Accusé de corruption, le milliardaire a offert des chevaux ainsi que d'autres biens à un proche de l'ancienne présidente sud-coréenne pour assurer sa succession à la société, fondée par son grand-père. C'est la deuxième fois que Jay Y. Lee est emprisonné pour les faits qui lui sont reprochés, tandis qu'un autre procès sera lancé pour troisième affaire de corruption.
Jay Y. Lee, héritier de l'empire Samsung depuis la mort de son père Lee Kun-hee en octobre dernier, passera les 30 prochains mois en prison. Accusé de corruption, le milliardaire de 52 ans replonge dans la tourmente une société qui tente de se débarrasser de ses démons depuis quelques années. En 2017, celui-ci a déjà été condamné à 5 ans de prison pour corruption, un scandale qui a ébranlé la Corée du Sud jusqu'à renverser Park Geun-hye, sa présidente d'alors.
Libéré en février 2018, Jay Y. Lee n'a finalement passé qu'un an en prison. Une annulation de peine que la Cour suprême a contestée, jusqu'à ordonner un nouveau procès en 2019. Ce dernier a pris fin ce lundi 18 janvier, avec pour verdict la nouvelle condamnation du numéro 1 de Samsung. Avant sa mort, son père a également été accusé de fraude fiscale pour 6 millions d’euros.
L'héritier de Samsung de nouveau accusé de corruption
“C'est une nouvelle choquante pour Samsung, mais la firme devrait mettre un terme à ces combats judiciaires pour aller de l'avant”, a déclaré Chae Yi-bai, juriste coréen. Ces affaires de corruption causent en effet du tort au géant de la tech depuis plusieurs années, rendant difficile la prise de décision à grande échelle, normalement assurée avec Jay Y. Lee. L'annonce a d'ores et déjà fait chuter de 3,4% le cours en Bourse de Samsung, alors que la firme se refuse à faire tout commentaire.
Afin de garantir sa succession à la tête de la société de son père, l'héritier milliardaire a offert des chevaux ainsi que d'autres biens à un ami de la présidente Park. Cette dernière est par ailleurs elle aussi mise en cause dans une affaire de corruption, également liée à Samsung, et encoure une peine de 20 ans de prison. Quant à Jay Y. Lee, une autre affaire similaire portant sur la fusion entre Samsung et Cheil Industries en 2015, attend encore d'être jugée.
Qui prendra la tête de Samsung ?
“Puisque Jay Y. Lee a déjà passé un an en prison, il y aura un vide d'un an et demi à la tête de Samsung”, explique Chae Yi-bai. Une conséquence qui pourrait coûter cher à la firme, qui a récemment annoncé des bénéfices en hausse de 30 % en 2020 malgré la pandémie de Covid-19. Si la production générale a baissé cette année, Samsung reste le plus grand constructeur mondial de puces mémoire, ce qui lui a permis de compenser ses ventes décevantes de smartphones. Or, bien qu'une majorité des décisions sont prises par les actionnaires, l'absence de Jay Y. Lee risque de porter un coup important à la compagnie sur le long terme.
“Lee pourrait être capable de diriger l'entreprise depuis sa cellule, mais il y aura des contretemps”, selon Shin Se-don, professeur d'économie à la Sookmyung Women’s University. “Sa condamnation va entraîner un choc émotionnel à la population. Samsung est une pierre angulaire de notre économie et les gens seront très embêtés par ce résultat”. Le milliardaire est depuis quelques années maintenant un visage familier de la firme, se rendant régulièrement à nombreux événements publics ou organisés par le gouvernement depuis sa libération en 2018.
Le 30 décembre 2020, lors de sa dernière audience, l'héritier a lu une lettre d'excuse adressée aux Sud-Coréens. Après la création de Samsung par son grand-père et sa direction par son père pendant plus de 30 ans, Jay Y. Lee a promis que la succession familiale sera stoppée après son mandat. Il a assuré vouloir redorer le blason de la compagnie à sa sortie de prison et s'est engagé à ne pas répéter les actions qui ont mené à sa condamnation.
Source : Bloomberg