SFR : la nouvelle politique de l’opérateur est un véritable enfer !

Pour ceux qui ne le sauraient pas, SFR a été racheté il y a quatre mois maintenant par le groupe Altice, propriétaire de Numericable. Comme l'explique le Journal Du Dimanche, depuis le rachat, le grand patron, Patrick Drahi, a entamé un vrai chemin de croix pour retrouver la voie du succès. Au programme, blocage des dépenses, prestataires malmenés et départs en séries. Bienvenue dans l’enfer de SFR.

Pour gagner de l’argent, il faut commencer par ne pas en dépenser

Patrick Drahi est parti d’un constat simple : pour gagner de l’argent il faut commencer par ne pas en dépenser. Ainsi, le nouveau patron du groupe SFR-Numericable a entamé une vraie chasse aux sorcières contre les dépenses inutiles.

Comme pour donner l’exemple il s’est d’abord attaqué au siège de l’entreprise à Saint-Denis qu’il considère comme trop luxueux. Un membre de la direction déclare : “si on était arrivés avant, on n’aurait pas emménagé ici.” Le message est clair, SFR dépensait trop. Première mesure au siège de l’entreprise, la fermeture de la conciergerie. Tout un symbole.

Le siège de SFR à Saint Denis flambant neuf ne plaît pas à Patrick Drahi

Autre exemple de cette chasse aux coûts, l’annulation du voyage de quinze cadres de l’entreprise jusqu’à Las Vegas pour le célèbre CES. Patrick Drahi a déclaré lors d’une réunion pendant laquelle il a appris cette volonté des quinze cadres de se rendre au salon : “Je n’ai pas envie de payer leurs vacances”. Finalement personne n’est parti à Las Vegas.

Enfin, lors d’une visite de plusieurs boutiques parisiennes en compagnie de Frank Cadoret, ex-directeur du réseau, Patrick Drahi a réaffirmé sa volonté de dépenser moins. Lorsque Frank Cadoret lui a annoncé le coût des travaux pour la rénovation à 100 000 euros par magasin, il a répondu, agacé : “30 000 euros suffiront”.

Dernier évènement en date, la suppression pure et simple de l'opérateur virtuel Joe Mobile, lancé à la suite de l'arrivée de Free sur le marché, et qui proposait un concept de forfaits à la carte et pas cher.

Les salariés trinquent

Comme dans toute entreprise, la variable d’ajustement la plus “efficace” si l’on ne tient pas compte de l’aspect humain de la chose, c’est la masse salariale. Patrick Drahi en est tout à fait conscient et a là aussi décidé d’apporter du changement.

Ceux qui coûtent le plus cher ce sont les directeurs. Il faut dire qu’ils touchaient plus de 150 000 euros par an. Du coup, sur un total de 70 directeurs, 55 ont été évincés, moyennant un joli petit chèque.

Ce ne sont évidemment pas les plus à plaindre. Car de nombreux salariés sont aussi touchés par les grands travaux du nouveau patron de SFR. Après les 55 directeurs c’est une centaine de cadres qui ont été renvoyés chez eux.

SFR vit un tremblement de terre dans une ambiance délétère – Syndicat Smile –

Le service informatique, lui, a vu 250 personnes remerciées. Le service marketing est abandonné, celui de l’innovation tout simplement démantelé. Et c’est sans compter les dizaines de personnes dites “en mobilité”.

En clair, ces personnes sont trimballées d’un poste à l’autre, la plupart du temps dans des fonctions qu’elles ne veulent pas occuper. Une façon de les pousser vers la porte de sortie. D’ailleurs selon un syndicaliste le message est clair : “soyez contents d’avoir un job”.

Les syndicats, justement, restent totalement muets. Pourtant SFR s’était engagé auprès du gouvernement à ne pas supprimer d’emplois. Mais selon un représentant du personnel, si les syndicats ne se bougent pas, c’est parce que “certains syndicalistes ont conclu des accords avec la direction pour avoir des primes et des augmentations de salaires”. Une bien drôle de conception du syndicalisme.

Pour les prestataires “c’est -30% ou on ne paie pas” !

Dernier pilier de la politique de Patrick Drahi dans sa lutte contre les dépenses, les prestataires. “La ligne directrice est claire : c’est -30% ou on ne paie pas” explique un ancien dirigeant du groupe.

L’entreprise perd 15% de chiffre d’affaires par an et il n’y a plus de marges. Ça ne peut plus continuer. Il n’y avait pas de maîtrise des dépenses. Aujourd’hui, chaque euro compte. – Direction du groupe SFR-Numericable –

Patrick Drahi l’a annoncé, il veut économiser 600 millions d’euros pas an pour rembourser la dette de 13 milliards contractée pour racheter SFR. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. Le groupe a d’abord décidé de ne plus faire appel à des consultants. Conséquence : des dizaines de millions d’euros de contrats ont pris fin.

Pour diviser par quatre les 200 millions d’euros de dépenses par an liés à l’informatique, le groupe a tout simplement cessé de payer ses prestataires, Sopra et CapGemini. Une plainte a été déposée contre SFR-Numericable par les deux entreprises.

Patrick Drahi veut bien payer, mais exige une renégociation des contrats et réclame une baisse des coûts de 30%. Les petites entreprises qui travaillent pour l’opérateur depuis des années sont en train de couler. SFR représentait 30 à 40% de leur chiffre d’affaires.

Les centres d’appels n’en peuvent plus non plus. Teleperformance, leader sur ce marché réclame 40 millions d’impayés. Un plus petit prestataire a “dû envoyer un avocat pour récupérer une facture d’un million d’euros”. Et le risque est de voir les centres d’appels délocalisés au Portugal, Patrick Drahi ayant promis d’y créer 4000 emplois suite au rachat de Portugal Telecom.

Patrick Drahi mène donc la danse avec une main de fer et les conséquences sont parfois dramatiques. D’autant que face aux pratiques du truculent dirigeant, Orange, Bouygues Telecom et Free commencent eux aussi à demander aux prestataires de réduire le coût des factures.

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