Smartphone: trop de temps d’écran provoque-t-il une puberté précoce ?

Selon la communauté scientifique, les conclusions d’une recherche faite sur des rats a été répétée, amplifiée et déformée par une presse internationale trop heureuse de faire dans le sensationnel.

Les études plus ou moins alarmistes sur les effets de la lumière bleue sur notre sommeil et notre santé se succèdent. Dans la même veine, les conclusions d’un article présenté lors du 60e Congrès annuel de la Société européenne d'endocrinologie pédiatrique qui s’est déroulé à Rome sont encore plus tonitruantes: “L'exposition à la lumière bleue à travers l'utilisation régulière de tablettes et de smartphones peut modifier les niveaux d'hormones et augmenter le risque de puberté précoce”. Il n’en a pas fallu plus à certaines publications pour en faire un gros titre. À y regarder de plus près pourtant, cette étude n’a pas encore été publiée, ni d’ailleurs examinée par des pairs scientifiques. La conclusion en est peut-être sensationnelle, mais elle n’en est pas forcément vraie.

Nos appareils mobiles sont les vecteurs de tous les maux. Le smartphone provoquerait des hémorroïdes, il nous priverait de sommeil, et maintenant, il accélérerait la puberté. À l’origine de la dernière folle rumeur qui s’est répandue comme une traînée de poudre dans la presse généraliste internationale, il y a cette étude d’une équipe d’endocrinologues turcs. Ces derniers ont soumis des rates immatures à une exposition de 12 à 18 heures par jour à la lumière bleue (typiquement émises par des écrans LED) et ont constaté que les rates ayant reçu le plus de lumière bleue ont commencé leur puberté au trentième jour, tandis que les autres l’ont entamé deux jours plus tard. 

Non, les écrans n’empêchent pas de dormir et ne déclenchent pas une puberté précoce

Au niveau hormonal, la seule conclusion exploitable que les chercheurs ont pu tirer de cette étude est que les rats les plus exposés avaient un taux de mélatonine moins élevé. Un statisticien prénommé Kevin McConway précise: “malgré le comportement de certains jeunes humains, les réponses à la lumière, quelle qu'elle soit, chez les rats et les humains ne correspondent pas nécessairement”. Impossible d’extrapoler des résultats aussi peu définitifs et de les appliquer à l’être humain donc.

Qui donc a fait courir cette fausse rumeur ? Le coupable n’est autre que l’ESPE, Société européenne d'endocrinologie pédiatrique qui, la première, a publié un communiqué de presse titré, de façon totalement trompeuse, “L’exposition excessive à l’écran des smartphones est liée à une puberté précoce”. Les auteurs de l’étude originale ne sont pas non plus innocents. Tout en admettant que leurs recherches ne portent que sur les rats, ils affirment que leurs données suggèrent que l’exposition à la lumière bleue peut être considérée comme un facteur de risque de puberté précoce. Ils conseillent donc de minimiser l’utilisation d’appareils chez les enfants prépubères, “surtout le soir, lorsque l’exposition (à la lumière bleue) a le plus d’effet sur les hormones”. Nombre de scientifiques plus sérieux et reconnus affirment au contraire qu'en la matière, tout reste à prouver.

 

Source: New Atlas

 


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