Starlink fait les frais du trumpisme, la concurrence européenne jubile

L'implication politique d'Elon Musk provoque une crise d'image sans précédent pour ses entreprises. La crise gagne Starlink, qui commençait à donner l'impression de s'établir en monopole de l'accès internet haut débit par satellite. En Europe, plusieurs concurrents profitent de la situation.

Satellites autour de la Terre
Crédits : 123RF

Starlink s'impose depuis quelques années comme une solution pour relier rapidement une partie des européens au très haut débit. Il faut dire que cette filiale de SpaceX a pris une avance considérable sur ses concurrents. Le FAI dispose d'une constellation de milliers de satellites en orbite basse – plus de 4 500 – couvrant presque la totalité du globe. Le tout avec des performances plutôt acceptables, notamment au niveau de la latence pour ce type de connexion.

Il existait déjà des accès satellite avant Starlink. Ces derniers reposent sur une technologie plus simple, avec des satellites placés en orbite géostationnaire. Ce qui délivre de facto une capacité limitée en nombre d'abonnés, une latence élevée – le tout avec un débit nettement inférieur. Développer une vraie alternative à Starlink paraissait donc jusqu'ici trop cher, d'autant que la SpaceX permet au service de réduire significativement les coûts de mise en orbite.

Pourquoi l'Europe doit se doter d'une alternative à Starlink

Mais il y a un problème : l'image d'Elon Musk, patron du service. Son implication politique aux côtés de Donald Trump atteint de plus en plus entreprises qu'il contrôle. Le patron, qui a récemment fait la Une en réalisant un salut Nazi, est au coeur d'une administration qui se brouille peu à peu avec les alliés historiques des États-Unis.

Dont Europe, où l'idée que les américains sont un interlocuteur de moins en moins fiable s'impose peu à peu. La méfiance est de mise, avec l'intention de plus en plus explicite de ne plus s'appuyer sur des services américains sans se doter d'alternatives souveraines. Alors que, selon Reuters, des responsables américains menacent en ce moment de priver Kiev de Starlink, plusieurs acteurs du continent se placent au coeur du débat.

En début de semaine, la firme Eutelsat enregistrait ainsi une envolée de son cours en Bourse de 77%, selon nos confrères de TheNextWeb. Le français Thales a, de son côté, profité de son point trimestriel pour alerter sur les risques d'un recours unique à certains fournisseurs d'accès à internet.

Le PDG de la firme, Patrice Cain, explique ainsi sans nommer directement Starlink : “les acteurs gouvernementaux ont besoin de fiabilité, de visibilité et de stabilité”. Et d'ajouter : “un acteur qui, comme nous l'avons vu à plusieurs reprises, mélange la rationalité économique avec des motivations politiques n'est pas à même de rassurer certains clients”.

Bien sûr, créer une alternative réellement comparable au service proposé par Starlink prendra du temps, et beaucoup de moyens. Ce qui implique une réelle ambition politique de la part de Bruxelles et des États-membres. La situation aux États-Unis est suffisamment alarmante pour appuyer ce type de projet. Reste à savoir si le continent choisira d'aller jusqu'au bout pour concrétiser une vraie alternative européenne à Starlink.


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