Streaming illégal : ce légendaire site pirate ferme ses portes, voici tout ce que l’on sait
Une légende du streaming illégal, à savoir Fmovies, vient de fermer ses portes. En un mois seulement, de nombreux signes avant-coureurs ont annoncé le pire pour la plateforme : absence de nouveautés au catalogue, accès bloqué durant quelques jours… Voici tout ce qu'on sait sur cette affaire.
Sur le marché des plateformes de streaming illégal, Fmovies s'est fait une place de choix en quelques années seulement. Lancée en 2016, le site est devenu une référence chez les amateurs de films/séries piratés. Pour vous donner une idée de l'importance de Fmovies, le site pèse plus que Disney+ sur le trafic internet américain ! Une aubaine pour les utilisateurs, et une sacré épine dans le pied pour tous les ayant-droits.
Les représentants du 7e art américain n'ont d'ailleurs pas attendu longtemps pour s'attaquer à Fmovies. Une plainte a été déposée quelques mois seulement après les débuts du site. Malgré un procès et une amende de 210 000 $ pour violation des droits d'auteur, Fmovies a poursuivi ses activités sans être réellement inquiétée.
Ces dernières années néanmoins, la MPA (Motion Picture Assocation) a accentué la pression contre Fmovies. Tout d'abord, l'organisation est parvenue à identifier les têtes pensantes de la plateforme installées au Vietnam. Elle avait d'ailleurs reçu le soutien des autorités locales pour l'occasion. En Inde, des tribunaux ont également requis le blocage de Fmovies et d'autres sites pirates par les FAI locaux. En réponse, Fmovies s'était contenté de changer de nom de domaine.
Fmovies craque face à la pression
Toutefois, l'harcèlement opéré par les ayant-droits a commencé à porter ses fruits en juin 2024. A cette période, de nombreux utilisateurs ont commencé à constater que la plateforme ne proposait plus de nouveaux contenus dans son catalogue. Et puis en juillet 2024, le site est devenu tout bonnement inaccessible, la page d'accueil ayant été remplacée par un message d'erreur Cloudflare : “La connexion initiale entre le réseau Cloudflare et le serveur Web d'origine a expiré. En conséquence, la page Web ne peut pas être affichée”. Mauvais signe.
A première vue, on aurait pu penser qu'il s'agissait d'une suspension temporaire des services de Fmovies. Seulement et à l'heure où nous écrivons ces lignes, le site n'a toujours pas repris vie. D'autant que du côté de l'équipe de Fmovies, c'est le silence complet. D'après plusieurs sources citées par nos confrères de Torrent Freak, la plateforme a été confrontée à des “problèmes juridiques”, sans plus de précision.
Qui se cache derrière la fin de Fmovies ?
Rien d'extraordinaire en soi pour un site habitué aux poursuites. Une question se pose donc : qui a précipité la fin de Fmovies ? Faute de déclaration officielle de la part des opérateurs du site, il faudra se livrer au jeu des suppositions. Selon Torrent Freak, la MPA pourrait avoir porter le coup de grâce avec l'aide des autorités vietnamiennes. Pour cause, la vice-présidente de la MPA Karyn Temple s'est effectivement rendue dans le pays en 2023 pour discuter avec le ministère de la Culture du pays d'éventuelles actions contre la plateforme.
En juin 2024, le pays a ensuite tenu une conférence internationale à Hanoï sur le respect du droit d'auteur. On trouvait parmi les participants l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l'Organisation mondiale du commerce, et le Bureau vietnamien dédié à la défense des droits d'auteurs. La MPA et l'AAPA (ndlr : l'Alliance de l'audiovisuel contre le piratage) étaient également présents autour de la table. Si Fmovies n'a jamais été évoqué comme un problème à régler, il y a fort à parier que la plateforme vietnamienne était au centre des discussions. Fait intrigant, cette réunion des ayant-droits s'est tenue le 21 juin 2024. Or, le lendemain marque la date à laquelle Fmovies aurait stoppé les mises à jour de son catalogue. Coïncidence ?
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Une fermeture négociée entre le Vietnam et les ayant-droits ?
Autre fait important, le festival du film asiatique de Da-Nang a ouvert ses portes au Vietnam le 5 juillet. Lors de cet évènement, l'Association vietnamienne pour le développement du cinéma (VFDA) a organisé un séminaire dédié au renforcement de la coproduction internationale. Dans son discours, le président de la VDFA Ngo Phuong Lan a fait part de son souhait d'acquérir l'expérience des pays dotés d'une industrie du 7e art forte et développée. Or, on sait déjà que Sony Pictures Entertainment a répondu à cet appel par la voix de Jared Dougherty, vice-président de la branche Asie-Pacifique du géant nippon.
Si l'on en croit le média local VietnamPlus, “Dougherty a partagé plusieurs solutions applicables au Vietnam, allant de l'obtention de financements pour des films à la capitalisation des valeurs des propriétés intellectuelles des films”. Sony étant membre de la MPA, le cadre a pu profiter de l'occasion pour ajouter la fin de FMovies à la liste des compensations lors des négociations avec le pouvoir vietnamien. La question se pose. Encore une fois, il ne s'agit que de spéculations.