Super Mario Bros Wonder : notre prise en main de la nouvelle merveille de Nintendo
Super Mario Bros Wonder serait-il le nouveau chef-d’œuvre de la Switch ? Après une année 2023 placée sous le signe du plombier, marquée par le carton au box-office du film d’animation mettant en scène Mario et son univers, la mascotte de Nintendo est enfin de retour dans un jeu vidéo inédit.
En six ans et demi d’existence, la Nintendo Switch n’a pas manqué de grand-chose. Pratiquement toutes les licences historiques de la marque y ont été représentées (même F-Zero !) avec au minimum un nouveau jeu, un remaster ou un remake. Pourtant, un thème phare manquait quelque peu à l’appel : un platformer Super Mario en deux dimensions 100% inédit.
La Switch s’est en effet “contentée” d’un portage de New Super Mario Bros U (titre de lancement de la Wii U, à l’origine) et de Super Mario Maker 2, jeu créatif aux possibilités quasi infinies que l’on voyait même tuer le concept de “Mario 2D”. Nintendo avait néanmoins plus d’un tour dans son sac : en juin 2023, alors que tous les regards étaient tournés vers l’avenir et une future machine qui se laisse désirer, la firme a annoncé un certain Super Mario Bros Wonder, extrêmement prometteur sur le papier, et que Phonandroid a eu l’opportunité d’essayer.
New New Super Mario Bros.
Lorsque Nintendo publie New Super Mario Bros sur DS en 2006, l’intention est très claire : proposer un reboot de son plus grand classique, l’intemporel Super Mario Bros paru en 1985 sur NES. La formule avait en effet atteint une sorte de plafond de verre avec l’exceptionnel Super Mario World 2: Yoshi’s Island sur Super Nintendo en 1995, et Nintendo s’était ensuite tourné fort logiquement vers la 3D avec Super Mario 64. S’ensuivit alors une nouvelle série de jeux autour d’une licence Super Mario Bros repensée pour une nouvelle génération de joueurs, présente à partir de là sur toutes les consoles du constructeur (DS, Wii, 3DS, Wii U et donc Switch).
Cependant, depuis fin 2012 et la sortie de New Super Mario Bros U (réédité sur Switch début 2019), le concept de “Mario 2D” est au point mort. Nintendo a préféré proposer aux joueurs un outil créatif incroyable avec Super Mario Maker en 2015 sur Wii U, suivi en 2019 d’un second épisode bien plus abouti. De toute évidence, il n’était plus question de développer un Mario en 2D inédit, mais plutôt de laisser les joueurs créer et partager leurs propres niveaux. Résignés, les fans du plombier moustachu préféraient attendre un hypothétique Super Mario Odyssey 2 qu’un retour de la formule “Super Mario Bros”. Dans ce contexte, l’annonce de Super Mario Bros Wonder était une très belle surprise.
Plaisir non coupable
Dès sa première bande-annonce diffusée en juin 2023, Super Mario Bros Wonder a immédiatement conquis les joueurs – et non, pas juste parce que Mario s’y transforme en éléphant. Le nouvel épisode de la saga historique semblait témoigner d’une incroyable ingéniosité, renouvelant en apparence un gameplay que l’on pensait difficile à repenser. En quelque sorte, il synthétisait l’esprit de toute une génération, celui d’une console ayant complètement bousculé les codes établis, et repensant avec brio la majorité de ses licences phares pour enchaîner les records de vente.
En outre, depuis son annonce, d’excellentes nouvelles se sont succédées, notamment une en particulier : l’équipe de développement semble avoir eu carte blanche pour concevoir ce renouveau de Super Mario Bros. Il était en effet question d’un budget sans limites accordé aux créateurs de cet épisode, sans aucune deadline, et il semblerait que près de deux milliers d’idées de gameplay aient émergé de cette période de conception étonnamment plaisante, à l’heure où tant de studios sont sujets au crunch. Bref, tous les éléments étaient réunis pour accoucher d’un nouveau petit chef-d’œuvre. Restait à voir à quel point le jeu tenait ses promesses manette en main.
Super Mario in Wonderland
Durant notre session de test de Super Mario Bros Wonder, nous avons eu la possibilité de parcourir quatre niveaux différents ainsi que quelques zones annexes. L’objectif était de nous familiariser avec le gameplay du jeu et ses nombreuses nouveautés : instinctivement, cela se joue comme un New Super Mario Bros U, mais on prend très vite conscience de la grande quantité de nouveautés. Il ne faut en effet que quelques minutes pour réaliser que si la base a tout du terrain connu (pour ne pas dire conquis), tout ce qui vient s’y greffer est rafraîchissant, voire surprenant.
Alors que la formule des New Super Mario Bros commençait à gentiment ronronner, lorsqu’elle ne s’enlisait pas carrément, Super Mario Bros Wonder décide de tout remettre à plat, jusqu’à l’identité visuelle. Certes, on est toujours sur un jeu de plates-formes très coloré en deux dimensions mettant en scène Mario et ses amis, mais la direction artistique n’est plus celle du Royaume Champignon. Il y a quelque chose d’un peu fou et décalé dans le royaume des Fleurs que l’on explore dans cette nouvelle aventure, surtout lorsque l’on découvre une des Fleurs Prodiges qui modifient considérablement l’apparence des niveaux que l’on traverse. Nintendo semble prendre des risques avec sa licence fétiche, ce qui n’est pas courant, et ça fait très plaisir !
Une véritable illumination ?
Honnêtement, s’aventurer dans les niveaux de Super Mario Bro. Wonder a quelque chose de magique, dans des proportions que n’avaient jamais encore offertes les précédents épisodes en 2D de la franchise. Après des années d’uniformisation artistique au sein d’une série qui peinait quelque peu à se renouveler, ce nouvel opus fait un bien fou à la licence. En outre, et c’est un point sur lequel le jeu de Nintendo était attendu après les bandes-annonces, un soin assez ahurissant a été apporté à l’animation des personnages. Qu’il s’agisse des avatars jouables (Mario, Luigi, Peach, Toad, Yoshi…) ou des ennemis (Goombas, Koopas, Hériss…), ces derniers bénéficient d’un niveau de réalisation bluffant.
Certes, Super Mario Bros Wonder n’est pas l’adaptation du film Super Mario Bros. sorti en avril, mais le souci du détail du jeu vidéo y semble presque lié. Pour la première fois dans un épisode 2D, chaque personnage bénéficie d’un travail particulièrement complet le rendant terriblement expressif en fonction des situations, comme s’il était modélisé dans un jeu en 3D, au point de faire cohabiter avec beaucoup de malice le meilleur des deux mondes. Rien ne semble avoir été laissé au hasard en terme de mise en scène dans Super Mario Bros Wonder, et il est plus que probable que toutes les générations ayant grandi avec les aventures du plombier y trouvent leur compte en termes d’émerveillement, chacune à leur échelle.
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Votre badge, s’il vous plaît
Désireux de ne pas s’arrêter à sa plastique avantageuse – car oui, en plus d’être original visuellement, il est très joli pour un jeu Switch – Super Mario Bros Wonder souhaite également bouleverser bon nombre de codes établis du côté de la jouabilité. De prime abord, il est perturbant de constater que les personnages principaux jouables ont été codés à l’identique en termes de déplacements et de capacités. Finis les sauts plus élevés de Luigi, le “planeur” de Peach ou la course plus frénétique de Toad. Exception faite de Yoshi qui peut toujours flotter dans les airs (et être utilisé comme monture par un autre joueur en multijoueur !), mais qui ne peut mourir et fait office de “mode facile”, chaque personnage n’est ni plus ni moins qu’un skin. C’est avec des badges à débloquer que la différence va se faire.
À l’instar de bon nombre de jeux d’action-aventure (trop) hâtivement étiquetés RPG, Super Mario Bros Wonder joue la carte des badges modificateurs de gameplay que l’on peut débloquer dans une boutique, moyennant des pièces violettes récupérées en route. Cette mécanique, qui fait penser aux charmes d’un Cuphead ou même d’un Hollow Knight, est résolument nouvelle dans l’univers de Mario. Vous pourrez par exemple, en fonction des niveaux, utiliser le badge permettant de vous accrocher aux murs pour offrir davantage de verticalité dans l’exploration, ou bien celui sous forme d’aimant qui attire directement les pièces vers vous… ou encore ceux qui permettent de sauter plus haut, ou de planer. De quoi diriger Mario “à la Peach” par exemple.
Mario l’explorateur
Ce système, qui semble extrêmement complet, a pour avantage d’immensément diversifier les mécaniques de progression et d’exploration dans un jeu qui semble en outre défier la linéarité qui caractérise historiquement la série. Vanté par quelques confrères comme “le meilleur Mario 2D depuis Yoshi’s Island” (sic), il emprunte en effet à la référence de la Super Nintendo une jolie propension à la rejouabilité, mais qui lorgne un peu plus du côté du dernier-né des aventures du dinosaure vert. Sorti en 2019 sur Switch, le très sympathique Yoshi’s Crafted World proposait des niveaux expressément faits pour être refaits de différentes manières, et Super Mario Bros Wonder s’inspire de cet état d’esprit. D’ailleurs, finis le chronomètre et le score : Nintendo s’affranchit (enfin ?) de ces reliquats de l’ère arcade qui n’ont plus grand intérêt aujourd’hui, et vu l’importance de la dimension “exploration”, c’est tant mieux !
En fin de compte, on ne regrette qu’une seule chose, surtout après avoir essayé le jeu en multijoueur local : en coopération, tout le monde utilisera le même badge, ce qui semble un petit peu limiter l’intérêt d’une partie en groupe où chacun(e) aurait bénéficié de sa “spécialité”. Par contre, Nintendo a eu la bonne idée d’enfin proposer une véritable coopération où les différents joueurs à l’écran ne peuvent pas se heurter : finis les rebonds indésirables propulsant votre ami(e) dans le vide contre votre gré. Bon, si c’était votre délire de vous pourrir entre potes, vous allez un peu moins vous amuser, mais nous ne doutons pas que vous trouverez votre compte ailleurs tellement Super Mario Bros. Wonder regorge d’idées ingénieuses et étonnantes.
Un éléphant qui ne trompe pas
Terminons enfin ce premier aperçu avec un focus tout particulier sur une fonction qui déchaîne les passions depuis son annonce : la transformation de Mario (et de ses compagnons !) en éléphant… et pas que. Nous avons évidemment pu tester cette nouvelle aptitude vedette, qui donne l’impression d’un Mario plus fort que jamais, et qui est particulièrement drôle visuellement, peu importe le personnage joué que l’on transforme en pachyderme. Cela rappelle un peu la toute-puissance d’un Wario dans les épisodes Game Boy, avec le même zeste d’humour décalé qui en découle.
Mais ce n’est pas la seule transformation que nous avons pu essayer, puisqu’il était également possible de tester la fonction “foreuse” qui permet au joueur de se glisser dans le sol ou le plafond, en plus de détruire des rochers en les forant. Bien qu’il y ait un petit coup à prendre en terme de prise en main, cette transformation est également très amusante et donne une autre dimension à l’exploration, jamais vue jusqu’ici dans un jeu Mario. Nous pourrions également vous parler d’énigmes innovantes, basées sur des mécaniques inconnues même des plus grands fans de Mario, comme ces tuyaux à pousser pour reconstituer des figures symétriques, mais nous en avons peut-être déjà trop dit. Tout en sachant que nous n’en avons toutefois clairement pas vu assez.
En ressortant d’une heure de test de Super Mario Bros. Wonder, on ne peut qu’en revenir le sourire aux lèvres, avec le sentiment d’avoir rajeuni d’au moins une bonne vingtaine d’années. On se demandait bien comment Nintendo allait trouver le moyen de donner le coup de fouet nécessaire à la branche “2D” de la franchise Super Mario, et il n’y avait qu’à attendre et les laisser faire. Il ne reste heureusement plus longtemps à patienter avant de nous mettre sur la version finale de ce qui a tout pour être un des gros hits de cette fin d’année, et de 2023 d’une manière générale.