Témoignage : un mois avec une montre connectée c’est effrayant
Moto 360, Samsung Gear S2, Pebble, Apple Watch, LG G Watch R, Huawei Watch. Les montres connectées sont partout. Objets du futur pour certains, complètement inutile pour d'autres, la smartwatch est la nouvelle star du high-tech. Mais elle interroge. Quelle est sa véritable utilité ? Est-ce vraiment une révolution ? L'essayer c'est l'adopter ?
- Lire également : Notre test de la Moto 360 édition 2015
N'étant pas possesseur de montre connectée j'ai été curieux de savoir ce qui créait cet engouement autour de ce produit. Sans a priori j'ai donc acheté une Moto 360 que j'ai portée tous les jours. Si les débuts ont été plutôt séduisants l'expérience est vite devenue effrayante. Voici mon témoignage.
Des débuts séduisants
Avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit point sur le contexte s'impose. En tant que rédacteur je vois défiler comme vous qui nous lisez de nombreux articles sur les montres connectées. J'ai évidemment assisté au tapage médiatique concernant l'Apple Watch mais je n'ai jamais franchi le pas. Amateur de montres, j'en possède 5 ou 6 que je change au gré de mes envies. J'ai des modèles assez communs et quelques pièces d'horlogerie.
Les montres connectées ont forcément suscité mon intérêt. Un geek amateur de montres, c'était une évidence quelque part. J'ai attendu quelques mois pour voir les tarifs baisser. Si je dépensais plus de 200 euros dans une montre c'était pour un modèle classique. J'ai donc attendu de voir la Moto 360 première du nom afficher un prix abordable. Pourquoi la Moto 360 ? Parce qu'elle est ronde et que son design m'a toujours plu.
J'ai donc commandé la montre. J'attendais avec impatience de voir l'expérience que pouvaient offrir ces objets connectés. Ce qui est séduisant avec la Moto 360 c'est que tout est soigné. Le packaging est élégant, la montre est élégante et le chargeur est tout aussi joli.
Je passe les étapes d'appairage et synchronisation qui sont assez rapides et j'en viens à l'usage. Les premiers jours, c'était un vrai plaisir d'utiliser cette Moto 360. Elle est belle, légère et pas si imposante qu'on l'imagine. On s'amuse à rechercher des cadrans différents pour personnaliser son modèle, on bidouille un peu pour voir ce qu'elle a dans le ventre. Et puis on passe à un usage quotidien.
Là encore l'expérience est agréable. Le gros atout de la montre connectée c'est qu'elle permet d'être productif. C'est un filtre puissant de notifications. Habituellement lorsque je reçois une notification sur mon Nexus 5 c'est une bonne excuse pour perdre du temps. Je m'explique : je reçois un SMS, je le lis, j'en profite pour aller sur les réseaux, mettre quelques commentaires etc. etc. De quoi perdre quelques minutes pour rien.
Avec la montre j'ai réellement été plus productif, au début. A chaque notification, je filtrais, balayant d'un revers de doigt les notifications inutiles. Pas de consultation superflue. Tout est sur le cadran. D'ailleurs la lisibilité sur le cadran m'a surpris, je pensais davantage souffrir au niveau des yeux mais c'est plutôt clair.
Un usage qui m'a particulièrement séduit est le GPS. Pas en voiture évidemment mais en moto. Je me déplace en deux roues et je dois dire que la montre m'a rendu de grands services. Avoir un GPS au poignet, en moto c'est vraiment sympa. Attention, je précise que je ne le consultais pas en roulant mais après chaque étape de l'itinéraire. Vraiment un bon point ce GPS.
Pour ne rien vous cacher, la montre connectée intrigue énormément. Mon entourage a été surpris et souvent enthousiasmé. Parfois effrayé. A ces derniers je répondais sincèrement “vraiment j'étais dubitatif au début mais finalement c'est vraiment génial”. Oui j'ai trouvé ça génial pendant les deux premières semaines. Mais ensuite j'ai aussi été effrayé par cet objet autour de mon poignet.
Un objet envahissant voire effrayant
Après l'excitation et l'attrait de la nouveauté l'expérience s'est avérée moins agréable. Après deux semaines la montre était devenue insupportable. Pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'elle vibre à longueur de journée au poignet. Il est possible de ne pas activer les vibrations mais alors dans ce cas à quoi sert-elle ?
Ces vibrations incessantes m'ont réellement agacé au quotidien. Habituellement avec mon smartphone, je me gère très bien. Je réponds lorsque j'en ai envie, si je préfère le laisser sur le bureau il y reste, je n'accours pas dès qu'il sonne. Bref, je ne suis pas un super accro et ça me va très bien.
Avec la montre je me suis senti en quelque sorte pris au piège. Je n'avais pas d'autre choix que de traiter l'information. Si je ne le faisais pas ça vibrait inlassablement. Et c'est vraiment cela qui m'a effrayé. Au passage, la montre ne tient pas la journée avec toutes ces vibrations et à 22h maxi plus de son plus d'image. C'est tout de même un comble de ne plus pouvoir lire l'heure avec sa montre non ?
Toujours est-il que cette montre connectée m'a donné cette sensation que je ne contrôlais plus la situation. Et plutôt que d'être un outil pratique, il est devenu envahissant. Je n'avais plus le contrôle sur la technologie, c'est elle qui prenait le contrôle sur moi. J'agissais selon les informations qu'elle me fournissait. Elle ne me servait plus à être plus productif, elle polluait littéralement mon espace. Elle altérait ma concentration.
Le plus effrayant dans tout ça c'est que je n'ai absolument pas utilisé les données de santé. Et ce n'est pas plus mal. J'ai longuement discuté avec un ami médecin des dangers de la santé connectée et pour le coup c'est vraiment hallucinant.
Car les données récupérées par les constructeurs seront revendues aux assurances et mutuelles. Et avec ces données nous seront traqués et une santé à plusieurs vitesses se mettra progressivement en place. Par exemple si vous avez des problèmes cardiaques héréditaires dans votre famille et les données de votre montre ou bracelet connecté seront transmises à votre mutuelle.
Et si vous ne faites pas assez de sport ou et que vous êtes trop souvent géolocalisé dans les fast-food, votre mutuelle sera en droit de ne pas vous couvrir ou de vous faire payer plus cher. Ça ne vous fait pas peur ça ? Moi si.
Ma super conscience professionnelle (n'est-ce pas ?) m'a fait continuer l'expérience les deux dernières semaines. Mais honnêtement c'est avec soulagement que je m'en débarrasse et que je remets ma montre mécanique.
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