Tesla Model 3 : l’Autopilot rend la voiture moins sûre selon Euro NCAP
Euro NCAP a testé la Tesla Model 3 avec les nouveaux critères dédiés à l’assistance à la conduite. Alors que les notes d’assistance et de sécurité sont les meilleures toutes marques confondues, la note d’engagement du conducteur est la pire. L’organisme de notation explique que le conducteur manque d’attention, car il fait trop confiance à Autopilot.
Les histoires rocambolesques à propos d’accidents de la route impliquant Autopilot, le système d’aide à la conduite de Tesla, se multiplient. Elles peuvent parfois prêter à sourire. En août, nous avons rapporté dans nos colonnes cet accident causé par une Tesla Model S dont le conducteur était simplement en train de regarder un film sur l’écran de l’ordinateur de bord. Fin 2019, nous avons publié un article sur un accident causé par une Model 3 avec Autopilot activé. Le conducteur était en train de calmer son chien et ne regardait pas la route. Et c’est sans compter toutes ses histoires où un conducteur s’endort au volant alors qu’Autopilot a pris la situation en main.
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Bien sûr, Autopilot a réussi également à éviter de nombreux accidents, notamment celui-ci où une voiture roulait à contresens sur l’autoroute. Si les deux véhicules s’étaient percutés, il y aurait certainement eu des blessés graves, voire des morts. Autopilot sauve des vies, à n’en pas douter. Cependant, il est clair que le conducteur, aidé pratiquement à 100 % sur la route grâce à ce système d’aide à la conduite ultra perfectionné, est plus enclin à se laisser aller. À manquer d’attention. Et c’est ce que reproche Euro NCAP, le spécialiste du test automobile dédié à la sécurité, à la Tesla Model 3.
Une très mauvaise note en “engagement du conducteur”
L’institut a en effet rendu un verdict mitigé sur la voiture la plus abordable du constructeur américain. Voire même paradoxal. En effet, la voiture est notée 2 sur 4 (soit une note très moyenne), mais elle obtient parallèlement les meilleures notes dans deux des trois domaines testés : maintien de la sécurité (95%, presque parfait) et assistance à la conduite (91,7%). Aucune autre voiture testée par Euro NCAP n’obtient de meilleures notes. Mais Euro NCAP note sévèrement « l’engagement du conducteur ».
Qu’est-ce que l’engagement du conducteur ? Cela comprend plusieurs points : l’information apportée au conducteur, la surveillance du système et du conducteur (vérifier s'il ne s'endort pas par exemple), ainsi que l’interaction avec le conducteur. Sur ce dernier point, la Tesla Model 3 n’obtient aucun point. Pourquoi ? Parce que l’institut estime qu’Autopilot favorise la prise en charge automatique de la voiture, sans interaction humaine. Ce qui amènerait vers le désengagement du conducteur. Sur l'engagement du conducteur, la Tesla Model 3 obtient donc la note médiocre de 36%. Soit moins de points que les plus mauvaises voitures dans ce domaine, comme la Renault Clio (69%) ou le Nissan Juke (70%) dont les notes sont presque deux fois plus élevées que celle de la Model 3.
Autopilot omniprésent, le conducteur complètement désengagé
Dans ces commentaires, Europ NCAP confirme l’excellence des technologies intégrées à la Model 3 pour prévenir les accidents et les erreurs de conduite : vitesse de conduite, voie de circulation, direction du volant, angles morts, distances de sécurités, tout cela est mesuré, scruté et vérifié (avec quelques petits défauts sans grande importance). Mais l’institut explique qu’Autopilot (parce que c’est bien de lui dont il est question, pas de la Model 3 en particulier) favorise le désengagement du conducteur (ce qui nous amène aux situations dont nous parlions en introduction). Et c’est ça qui est sanctionné ici. Euro NCAP estime également que le conducteur devient trop dépendant d'Autopilot, alors que le système n'est pas si autonome que cela.
Euro NCAP préfèrerait donc qu’Autopilot soit davantage un système d’assistance à la conduite et non d'assistanat du conducteur. Comprenez que le système devrait l'épauler pour prendre les bonnes décisions et non se substituer à lui. Car, en le remplaçant, le conducteur se considère de plus en plus comme un simple passager. Ce qui amène aux situations rocambolesques vues précédemment. Rappelons que le discours officiel de Tesla va dans la même direction qu’Euro NCAP : Autopilot est un système d’assistance et non un système autonome (du moins pas encore). Reste maintenant à en convaincre aussi ses clients.
Source : Euro NCAP