Test Acer SpatialLabs View : une technologie convaincante dans un moniteur qui l’est un peu moins
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Le SpatialLabs View est le premier écran 3D sans lunettes d’Acer. Une petite révolution qui veut changer la manière dont nous consommons le jeu vidéo. Reste à savoir si la technologie est mûre, agréable à utiliser et surtout si elle est utile. Il faut aussi déterminer si ce moniteur est digne de son prix. C’est ce que nous allons voir dans ce test.
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D’abord introduit sur la gamme Concept D, la technologie SpatialLabs d’Acer est maintenant déclinée pour le grand public. L'un des premiers produits à le mettre en avant est l’écran externe SpatialLabs View. La promesse est simple : offrir de la 3D sans lunettes, aussi bien pour se divertir, travailler ou jouer.
Quand on pense 3D sans lunettes pour le jeu vidéo, on pense Nintendo 3DS (2011). La petite console proposait une innovation intéressante à l’époque, mais n’a pas vraiment convaincu les joueurs. En 2023, Acer tente le coup, mais avec une technologie différente. L’idée est toujours d’offrir un effet de profondeur sans lunettes, mais bien plus maîtrisé et surtout sans fatigue visuelle. Une technologie embarquée dans ce moniteur testé aujourd’hui dans nos colonnes.
Le SpatialLabs View se présente comme un écran externe de 15 pouces à brancher sur son PC. Dans ce test un peu particulier, nous allons nous demander si la technologie est viable, si elle apporte quelque chose en plus et surtout si elle est agréable.
Une petite précision avant de commencer ce test. Le SpatialLabs View étant un écran 3D sans lunettes, il est impossible de retranscrire en photo l’effet réel du produit. Nous allons toutefois tenter d’expliquer les sensations sur le papier.
Prix et disponibilité
L’Acer SpatialLabs View est d’ores et déjà disponible sur le site d’Acer et chez les revendeurs partenaires (Amazon, Fnac, Darty). Il est commercialisé à 1 499 euros, un prix élevé pour un écran gamer, même haut de gamme, justifié par l’utilisation d’une technologie nouvelle.
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À noter qu’Acer a déployé des stands dans plusieurs Fnac en France afin de montrer l’effet 3D aux acheteurs potentiel. À ce tarif, il va falloir se montrer très persuasif.
SpatialLabs, comment ça marche ?
Comme dit plus haut, il est impossible de ne pas penser à la Nintendo 3DS lorsqu’on parle d’écran 3D sans lunettes. La petite console portable est en effet l’exemple le plus parlant de cette technologie auprès du grand public. Malheureusement pour Nintendo, de nombreux joueurs avaient choisi de désactiver cet effet, trop gênant en jeu et fatiguant pour les yeux.
C’est bien cette appréhension que doit surpasser Acer. Pour cela, la firme emploie une technologie de 3D stéréoscopique différente pour le même résultat : l’écran (LCD) est composé de deux affichages superposés. À l’aide d’un duo de caméras situées au-dessus de la dalle, SpatialLabs traque votre regard pour envoyer un signal à chaque œil. De ce fait, nous avons un système passif qui, théoriquement, propose un meilleur résultat sans fatigue visuelle. Plus encore, il n’est plus nécessaire d’être bien positionné devant l’écran (il faut tout de même rester dans l’axe). Les mouvements de tête sont donc tolérés.
L’écran se doit d’afficher deux images 4K en simultanée, il faut donc un PC qui permette une telle chose. Pour notre test, la marque nous a prêté une machine performante avec un processeur Intel Core i7-12700H, 16 Go de RAM et une RTX 3070 Ti. De quoi faire tourner tous les jeux en 3D sans souci. Précisons qu'Acer n'est pas seul sur le segment de la 3D sans lunettes, puisqu'Asus s'y met aussi avec son ProArt Stuodiobook 16 3D OLED.
Un design qui va à l’essentiel et une installation un peu compliquée
Le SpatialLabs View se présente comme un écran externe de 15,6 pouces d’un poids de 1,5 kg. Pour son design, Acer est allé à l’essentiel. Nous avons un châssis d’une couleur bleu nuit de 9 mm d’épaisseur (sur la partie la plus fine) en aluminium et en plastique.
À l’arrière se situe un petit renflement qui abrite la batterie, mais aussi les boutons de navigation et la connectique. Un pied en métal pivotable à 90 degrés est inclus, ce qui permet d’incliner le produit selon ses besoins et le rend très flexible à l’utilisation. Le SpatialLabs View est conçu pour être utilisé en filaire, mais la batterie lui permet d’avoir encore plus de mobilité. Elle ne fait malheureusement qu’acte de présence, puisqu’elle se vide en une quarantaine de minutes en mode 3D (le double en mode 2D).
Pour faire fonctionner son SpatialLabs View, il faut le relier à sa tour (ou à votre portable) par deux moyens : avec un port HDMI et avec un fil USB Type-C vers USB Type-A. Un fil pour l’image et un autre pour la 3D. L’installation peut donc être un peu compliquée, surtout au niveau du cable managment. Une fois l’écran installé, il ne reste à l’arrière qu’un port USB Type-A de libre ainsi qu’un port pour carte SD.
À l’arrière, sur le renflement de la batterie, nous trouvons deux boutons : une petite molette ainsi qu’une touche. Ce duo permet de naviguer dans les menus internes de la dalle.
Ces derniers se montrent très sobres, très faciles à utiliser et permettent de choisir entre plusieurs modes d’affichage et de régler la luminosité ou la température. Simple, efficace et appréciable.
Pour finir au niveau du design, évoquons la partie qui fait face à l’utilisateur. La première chose que l’on remarque, ce sont les bords épais qui entourent la dalle. Celui situé sur la partie inférieure fait 3,6 centimètres, ce qui est énorme. Le bord supérieur fait lui 1,3 centimètre et abrite les deux caméras nécessaires au bon fonctionnement de la 3D.
Concernant l’écran en lui-même, nous avons une dalle brillante de 15,6 pouces. Cette dernière a le défaut de marquer très facilement les traces de doigts. Un peu dommage pour un produit qu’on a tendance à manipuler pour le replacer selon ses goûts. Les plus maniaques garderont un chiffon à portée de main.
En résumé, Acer livre un écran plus usuel que visuel. Un produit qui, paradoxalement, mise sur la mobilité avec sa taille limitée et son poids convenable, mais qui nécessite une installation un peu lourde avec ses trois câbles (en comptant l’alimentation). En résulte un moniteur qui, éteint, semble plus que banal, mais c’est en l’allumant qu’on découvre ses vraies qualités.
Un écran au calibrage perfectible
Le SpatialLabs View est équipé d’une dalle IPS LCD d’une définition de 3840 x 2160 pixels (4K) et doté d’un taux de rafraîchissement de 60 Hz. Sa particularité se trouve bien entendu dans sa capacité à afficher des images en 3D, mais il peut très bien être utilisé comme un écran secondaire classique en 2D.
Nous avons bien évidemment analysé la dalle à l’aide de notre sonde et les résultats obtenus se montrent moyens, mais loin d’être catastrophiques. Commençons par les bons points. Le contraste mesuré est de 1500 :1, ce qui est bon pour une dalle de ce type et permet d’apprécier de nombreuses nuances de gris. Cela est pratique dans les jeux ou les vidéos, surtout dans les scèces sombres. Autre qualité : la température est de 6700K par défaut, soit proche des 6500K de la norme vidéo. Concrètement, cela signifie que sur un affichage blanc, le SpatialLabs View ne tire ni vers le bleu, ni vers le rouge.
Évoquons maintenant les choses qui ne vont pas. Le calibrage des couleurs laisse quelque peu à désirer avec un Delta moyen à 4,6. Ici, ce sont surtout les verts qui posent soucis, Acer ayant eu la main lourde, puisqu’ils sont tout simplement fluo. Cela donne une image plus impactante en jeu, certes, mais nous avons un résultat très éloigné des couleurs naturelles. Le moniteur propose plusieurs profils (Standard, Graphique, Films) mais ces derniers se montrent tous similaires, changeant la luminosité ou la température, mais que très peu les couleurs. Dommage ! Il est toujours possible de calibrer manuellement certaines nuances au doigt mouillé (à moins de disposer d'une sonde), mais on aurait aimé des profils plus marqués.
Le plus gros défaut du SpatialLabs View est bien sa luminosité maximale peu élevée, à 326 cd/m². Elle est couplée à un traitement des reflets qui laisse à désirer sur la dalle brillante. Certes, le moniteur n’est pas conçu pour être utilisé à l’extérieur, mais il faudra faire attention à son placement sur votre setup afin d’éviter de vilains reflets d’une fenêtre proche, par exemple.
Dans les faits, le calibrage du SpatialLabs View n’est pas vraiment digne d’une dalle à 1500 euros et aurait mérité plus de soin, surtout au niveau des couleurs. Toutefois, on ne peut s’arrêter uniquement sur cet aspect, tant l’intérêt du produit est ailleurs. Il est désormais temps d’aborder l’atout majeur de l’écran : sa gestion de la 3D.
Une 3D qui oscille entre excellente et médiocre
En utilisant le SpatialLabs View d’Acer, un constat s’impose très rapidement : la technologie est à la fois mature et impressionnante. Ici, nous n’avons pas d'objets qui semblent sortir de l'image, mais une perception de profondeur. Sur les jeux compatibles, on a presque envie de plonger la tête dans l’écran ou de saisir les éléments affichés. Plus encore, aucune fatigue visuelle ne se fait sentir après de longues sessions (même si on recommande des pauses toutes les heures). Il faut ajouter que les objets 3D suivent notre regard, ils bougent donc en même temps que notre tête et aucune sensation de gêne ne se fait ressentir. Vraiment convaincant.
Si la technologique SpatialLabs est une réussite, il y a encore du chemin à faire pour l’exploiter pleinement. La marque taïwanaise nous offre un produit freiné par plusieurs soucis majeurs : une partie logicielle un peu confuse et surtout une panoplie limitée de jeux sur lesquels utiliser l’effet 3D de manière convaincante.
Commençons par le début. Le SpatialLabs View d’Acer est un écran externe dont la 3D est prévue aussi bien pour le travail que le divertissement en passant par le jeu vidéo. C’est surtout sur ce dernier aspect que la marque insiste, aussi bien dans sa communication que dans son logiciel embarqué: le SpatialLabs Expérience Center. Il faut automatiquement passer par lui pour activer la 3D.
Celui-ci permet plusieurs choses. Il est possible via l’application SpatialLabs Model Viewer d’admirer des modèles en 3D. Cela peut se montrer utile pour ceux qui travaillent dans le domaine de l’industrie ou de l’animation. Des exemples sont inclus afin de nous donner une idée des résultats obtenus. Un effet démo assez bluffant qui nous montre de quoi est capable la technologie.
Une application SpatialLabs Go permet de transposer une image 2D classique en 3D. Elle a été pensée pour un usage axé sur le divertissement et peut, par exemple, donner un effet 3D à une vidéo. Malheureusement, la technologie se montre peu probante sur des contenus pensés en deux dimensions. L’effet de profondeur est certes là, mais donne un effet… disons étrange qui n’est pas très agréable à la longue. L’utilisateur la lancera une fois par curiosité, puis la laissera désactivée.
Le cœur de SpatialLabs Expérience est True Game. Il s’agit d’un lanceur dédié aux faux airs de Steam. Compatible avec ce dernier, il permet de trouver des jeux sur la plate-forme (il faut les localiser soi-même dans les fichiers Windows) puis de les lancer avec effet 3D. Notons que démarrer un jeu via Steam et non TrueGame n’active pas la 3D.
Pour qu’un jeu soit compatible, il faut qu’il ait été retravaillé par Acer. Pour l’instant, 70 le sont, et seulement la moitié avec l’ultra 3D. La marque propose en effet deux niveaux de qualité : la 3D+ et l’ultra 3D. En 3D+, l’image est convertie simplement donnant un effet de profondeur certes attrayant, mais bien loin de nous impressionner. Si l’on devait faire une comparaison, nous pouvons dire que nous sommes en deçà de l’effet 3D de la 3DS. Même sur des FPS comme Metro 2033 ou des jeux en vue isométrique, comme Tunic, le résultat n’est pas fou. Nous avons la sensation de voir différentes couches de textures 2D mises les unes par-dessus les autres.
Le mode 3D Ultra, pour sa part, se montre réellement bluffant. L’effet « whaou » se faire sentir à chaque démarrage. La poignée de jeux compatibles nous scotche à l’écran. Kena Bridge of Spirit, Abzû et Shadow of the Tomb Raider sont sans conteste les trois titres les plus impressionnants. Les personnages affichés donnent presque l’impression d’être des petites figurines animées que nous avons envie de saisir et les différents effets de particules « sautent » vers nous. Un jeu comme Octopath Traveler, qui mise justement sur un effet de profondeur, est à tomber par terre.
En lançant une partie, nous avons la sensation que nous jouons à un diorama en carton qui s’anime sous nos yeux. God of War est aussi compatible et s’il reste saisissant, le fait d’avoir le personnage qui sort du cadre casse un peu l’effet, mais rien de dramatique.
Les jeux compatibles Ultra 3D prouvent que la technologie est mûre et qu’elle fonctionne. S’il y a encore quelques ratés, surtout au niveau des textes, l’effet est là. Le fait que SpatialLabs suive nos yeux permet également un placement plus lâche de la tête (plus besoin d’être pile devant comme sur la 3DS). Détournez les yeux une seconde et revenez à l’écran, la 3D se réactive instantanément. Bien entendu, seule une paire d’yeux peut être suivie, il n’est donc pas possible de profiter du relief à plusieurs.
Ainsi donc, le SpatialLabs View souffle le chaud et le froid. La technologie en elle-même convainc, mais semble trop limitée par une plate-forme encore confuse qui ne l’exploite pas suffisamment. Impensable par exemple de faire un jeu de A à Z autre qu’en Ultra 3D (la 3D+ étant désagréable à la longue). Acer promet qu’à long terme, de nombreux titres seront rendus compatibles, mais pour l’instant, il faudra se contenter d’une liste un peu maigre.
Une technologie prometteuse, mais un produit qui se cherche
Reste maintenant à poser la question qui fâche : est-ce que l’investissement de 1500 euros vaut le coup ? SpatialLabs est bluffant sur les logiciels et jeux compatibles et Acer a toutes les cartes en main pour proposer une petite révolution avec cette technologie. Toutefois, la marque semble encore tâtonner pour l’exploiter pleinement et cet écran en témoigne.
Nous avons les limitations logicielles, tout d’abord, dont nous avons parlé plus haut. Est-ce vraiment pertinent de casser sa tirelire pour une trentaine de jeux en ultra 3D, même si la liste va s’allonger dans le futur ? Nous en doutons pour l'instant.
Nous avons également les limitations techniques. Il est vrai qu’un écran déporté de 15 pouces n’est pas réellement le terminal idéal pour profiter au mieux de la 3D sans lunettes. Acer commercialise également le Predator Helios 300, un PC portable doté de la même dalle qui semble plus pertinent à l’usage. On attend surtout les moniteurs beaucoup plus grands et surtout une bibliothèque plus fournie.
Une technologie intéressante, donc, mais un constructeur qui tâtonne encore. Si le SpatialLabs pourra satisfaire les fans fortunés de technologie, il reste un produit « démo » qui ne fait que nous donner un avant-goût du futur. On espère voir SpatialLabs mieux exploité à l’avenir, par exemple sur un « vrai » écran gamer de 32 pouces et avec beaucoup plus de jeux compatibles Ultra 3D.
La technologie SpatialLabs d’Acer se montre véritablement bluffant à l’usage, donnant un effet de profondeur encore jamais vu dans le jeu vidéo. Toutefois, on sent qu’Acer tâtonne pour lui trouver une réelle utilité. Le SpatialLabs View est un essai, une manière de montrer au monde ce que le constructeur est capable de faire. Malheureusement, le produit en lui-même se montre trop limité pour convaincre, surtout pour 1500 euros. Mieux vaut encore attendre un peu pour voir ce que nous réserve la marque pour ses futurs produits.
- Effet 3D bluffant sur les jeux compatibles
- Fatigue visuelle limitée, voire quasiment absente
- On sent enfin une technologie à maturité
- Un contraste correct pour une dalle LCD
- Très mobile et léger pour un écran secondaire
- Nombre de jeux compatibles encore limités
- Un écran un peu petit pour profiter pleinement de la 3D
- Logiciel SpatialLabs un peu brouillon
- Batterie qui fait acte de présence
- L’effet 3D n’est pas convaincant sur les jeux non compatibles ou les vidéos
- Le prix élevé