Test Asus ROG Phone 8 : ne m’appelez plus smartphone gaming
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Asus souhaite désormais convaincre d’autres utilisateurs que les gamers. Subissant quelques changements ergonomiques symboliques, le ROG Phone 8 d’Asus gagne des technologies usuelles dans le haut de gamme traditionnel. Mais il doit aussi faire quelques concessions sur des détails qui ont pourtant fait la renommée de la série. Le ROG Phone 8 est-il un vrai ROG Phone ? Réponse dans ce test.
Que ce soit avec les ROG Phone ou les ZenFone, Asus a gagné la réputation d’être une marque qui va jusqu’au bout de ses idées et de ses concepts. Avec les ZenFone, la marque souhaite créer le meilleur smartphone petit format. Et, même s'il n'est pas parfait, le ZenFone 10 est un remarquable téléphone. Avec les ROG Phone, Asus a souhaité créer le smartphone parfait pour jouer aussi bien que sur une console. Et le ROG Phone 7 Ultimate propose l’une des meilleures, sinon la meilleure, expérience vidéoludique sur un téléphone.
Lire aussi – Test Red Magic 9 Pro : un smartphone gaming qui ne manque pas d’air
Il faut dire qu’Asus ne faisait aucune concession pour améliorer et peaufiner l’expérience des gamers. L’architecture interne des composants. Le positionnement des ports et des haut-parleurs. Le format de l’écran. La capacité des deux batteries. Les ouvertures pour la dissipation de chaleur. Les boutons tactiles sur la tranche. Le port jack 3,5 mm pour supprimer la latence audio. La position des microphones. L’interface et les réglages logiciels. L’absence de charge rapide ou d’une bonne configuration photo. Etc.
Il y a une semaine, nous rapportions dans nos colonnes l’officialisation du ROG Phone 8, assortie d’une petite prise en main. À cette occasion, nous avons noté qu’Asus a changé son fusil d’épaule. Quelques éléments symboliques ont été supprimés. D’autres éléments, jugés auparavant comme accessoires ou contreproductifs, y trouvent leurs places. Le ROG Phone 8 est-il donc un ROG Phone ? Les éléments restants sont-ils suffisants pour offrir une expérience de jeu optimale ? Réponse dans notre test.
Prix et date de disponibilité
Le ROG Phone 8 est vendu à partir de 1099 euros. Comme en 2023, il n’y a plus de version du ROG Phone vendu sous la barre des 1000 euros. Il y a trois versions du ROG Phone 8 : la classique, la Pro et la Pro Edition. Ces versions reprennent le positionnement des trois configurations du ROG Phone 7. Voici tous les prix :
- ROG Phone 8 : 1099 euros
- ROG Phone 8 Pro : 1199 euros
- ROG Phone 8 Pro Edition : 1499 euros
Le ROG Phone 8 est équipé de 12 Go de RAM et 256 Go de stockage. À l’arrière, il est animé par une LED multicolore type Aura RGB. Le ROG Phone 8 Pro intègre 16 Go de RAM et 512 Go de stockage. Il profite à l’arrière d’une matrice LED appelée AniMe Vision. Le ROG Phone 8 Pro Edition propose 24 Go de RAM et 1 To de stockage. Il a également l’AniMe Vision. Et il est vendu avec son ventilateur, l’AeroActive Cooler X.
Nous observons une hausse de 70 euros entre la version la plus légère du ROG Phone 7 et celle du ROG Phone 8 (qui profitent d’une configuration identique). En revanche, la configuration intermédiaire ne voit pas son prix augmenter. Toutes les améliorations n’occasionnent donc aucune inflation. En revanche, le ROG Phone 8 Pro Edition est 70 euros plus cher que le ROG Phone 7 Ultimate. Mais il offre 8 Go de RAM et 512 Go de stockage supplémentaire.
Il y a deux coloris proposés pour le ROG Phone 8 (noir et gris) et une seule robe pour ROG Phone 8 Pro et le ROG Phone 8 Pro Edition (noire). Le ROG Phone 8 et le ROG Phone 8 Pro seront disponibles le 31 janvier dans toutes les bonnes crèmeries (dont la boutique officielle d’Asus). Le ROG Phone 8 Pro Edition n’arrivera que le 7 février. Durant les précommandes du ROG Phone 8 Pro, le ventilateur AeroActive Cooler X est offert. C'est une bonne nouvelle.
La boîte du ROG Phone 8 offre, comme toujours, une belle expérience. D’abord, parce que le packaging, entièrement en carton recyclable, est très différent. Ensuite, parce qu’il dispose de plusieurs éléments qui servent à activer le compte ROG de l’utilisateur. En lançant pour la première fois le téléphone, vous activez un jeu qui va utiliser la boîte. C’est mieux encore qu’en 2022. Bravo Asus. Dans la boîte du ROG Phone 8 et du ROG Phone 8 Pro, vous retrouvez un chargeur, un câble USB-C en nylon et une coque. Dans la boîte du ROG Phone 8 Pro Edition, vous avez en plus un ventilateur AeroActive Cooler X et sa pochette de protection.
Ce dernier est un accessoire qui va refroidir la coque du téléphone et participer à la dissipation de la chaleur. Il dispose de deux gâchettes à l’arrière (soit deux boutons de moins que son prédécesseur), un pied pour poser le mobile sur une table, un port jack 3,5 mm et un port USB-C déportés, ainsi qu’une petite lumière colorée supplémentaire. Il intègre aussi un coprocesseur qui va piloter la vitesse du ventilateur pour l’adapter aux besoins. L’accessoire est plus petit et plus léger que son prédécesseur. Mais la puissance de ventilation est plus importante. C’est un accessoire indispensable si vous êtes un joueur chevronné et il reste très utile pour tous les autres. Il coûte 100 euros. Soit 20 euros de plus que son prédécesseur. Aïe.
Design
Commençons avec l’aspect extérieur du ROG Phone 8, ici dans sa version « Pro Edition ». Comme nous l’avons vu lors de notre prise en main, le ROG Phone 8 est visuellement différent de ses prédécesseurs. Même si la coque conserve quelques marquages typés gaming, la coque est beaucoup plus sobre. Il n’y a plus de trappe AeroPortal à l’arrière pour ouvrir la coque et améliorer la dissipation de chaleur. Le dos est plus carré et plus lisse. En outre, la finition est mate. Le ROG Phone 8 est de loin le plus sobre des ROG Phone à ce jour, même si le module photo protubérant ne passe pas inaperçu et qu’il déséquilibre légèrement le mobile.
Parmi les fonctions conservées, vous retrouvez le système d’affichage au dos pour les notifications. Le ROG Phone 8 standard est équipé d’une LED multicolore AuraRGB. Cela permet juste d’illuminer le logo ROG (avec des séquences paramétrables). Les ROG Phone 8 Pro et Pro Edition profitent d’un réseau de 341 diodes monochromes pour afficher des messages et des images. Cela s’appelle AniMe Vision et cela reprend le principe du ROG Vision des modèles précédents.
Sur les tranches en aluminium, vous retrouvez aussi une finition mate. Fini les boutons de couleurs pour les distinguer : tout le monde est logé à la même enseigne. Les éléments distinctifs des ROG Phone sont présents : les deux ports USB-C pour charger le téléphone en fonction de l’usage ; le port jack 3,5 mm pour les casques (nous y reviendrons) ; les touches tactiles AirTrigger que vous pouvez assigner à des jeux ; les trois microphones pour les appels téléphoniques et les parties en multi. Le port USB-C du bas est toujours excentré sur la gauche. De fait, le ROG Phone 8 est incompatible avec les manettes de la concurrence. Dommage.
Nous remarquons aussi, sur cette même tranche inférieure, la présence d’un haut-parleur entre le port jack 3,5 mm et le tiroir de la SIM. Ce qui a deux conséquences : la configuration audio et la physiologie du téléphone en façade ont changé. Et, en effet, les haut-parleurs symétriques en façade disparaissent. Les bordures où ils étaient intégrés sont supprimées. Et un poinçon vient se placer au milieu de la limite supérieure du téléphone, juste sous l’écouteur téléphonique. Voici une lourde conséquence du changement de positionnement. En effet, le poinçon gêne désormais l’affichage des contenus audiovisuels et ludiques. Vous pouvez bien sûr recréer artificiellement les bordures pour éviter le poinçon. Mais bon…
Le ROG Phone 8 connait également d’autres changements moins visibles, mais qui plairont à un plus large public que ces prédécesseurs. D’abord, il est plus fin, passant de 10,3 mm à 8,9 mm. Ce qui réduit la bonne préhension du téléphone pour jouer. Il est aussi plus léger de 14 grammes, même s’il reste au-dessus de la barre des 200 grammes. Ce qui le rend plus facile à transporter. Et il est étanche (certification IP68), ce qui n’a jamais été le cas dans un ROG Phone. Et pour cause, des aérations permettaient jusqu’à présent d’améliorer la gestion de la chaleur. Nous verrons les conséquences de choix.
Écran
Restons en façade et étudions l’écran. Un écran qui intègre un lecteur optique d’empreinte digitale sous l’écran et qui est protégé par du verre Gorilla Victus 2, sans protection d’écran installée en usine. Grâce à la suppression des bordures, l’écran monopolise plus de place de la face avant du téléphone (88% au lieu de 82%). Visuellement, cet écran est très similaire à celui de l’année dernière, que ce soit la taille, la définition ou le taux de rafraichissement.
Nous retrouvons donc un écran plat de 6,78 pouces, une taille adoptée avec le ROG Phone 5. Le ratio change très légèrement avec la suppression des bordures, passant de 20,4/9e à un plus classique 20/9e. À l’usage, ça ne change rien, bien évidemment. La définition reste Full HD+ (adaptée à ce nouveau ratio). La résolution baisse très légèrement, puisque le nombre de points baisse en largeur. Elle passe de 395 à 388 points par pouce. Là encore, pas de modification à l’usage.
La dalle est toujours AMOLED. Pour des couleurs toujours très vives et un taux de contraste infini. Mais elle adopte la technologie LTPO. Cela a une conséquence importante : le taux de rafraichissement est désormais beaucoup plus dynamique. Il peut varier de 1 Hz à 120 Hz en mode dynamique. La dalle peut monter jusqu’à 165 Hz, comme en 2023. Mais il faut pour cela que les jeux soient compatibles. Il y en a de plus en plus, dont certaines productions très populaires. L’arrivée de la technologie LTPO débloque également une autre fonction : l’écran Always-On qui permet de simuler des LED de notification.
Avec notre sonde, nous avons mesuré les qualités d’affichage du ROG Phone 8. Rappelons que l’interface Zen UI (ou ROG UI) propose quatre profils colorimétriques appelés « splendid » : optimal, naturel, cinématique et standard. Un cinquième profil personnalisé est également disponible. Avec le profil naturel, le plus respectueux des couleurs, le ROG Phone 8 affiche de meilleures couleurs : le Delta E atteint 1,9 seulement (0,1 point de moins) et la température moyenne des couleurs est presque parfaite : 6540°. Les réglages sont donc meilleurs qu’en 2023. Et si cela ne vous suffit pas, vous pouvez réduire ou augmenter la température avec un curseur.
Parlons enfin de la luminosité. Elle aussi a été drastiquement améliorée en un an. En mode automatique, en extérieur (sous le soleil), Asus promet que l’écran peut monter à 2500 nits en pointe locale et 1600 nits sur l’ensemble de la dalle. Nous avons mesuré, en mode manuel, une luminosité automatique de plus de 950 nits avec le mode optimal. C’est un très bon chiffre, largement supérieur à celui du ROG Phone 7. Ainsi, si vous jouez en extérieur, le soleil ne vous gênera jamais.
Interface
Une fois allumé, le ROG Phone 8 propose deux interfaces distinctes : ROG UI ou Zen UI, toutes deux basées évidemment sur Android 14. Vous pouvez même décider de passer sur une version « stock » d’Android. Mais cela serait dommage, parce que l’interface est moins complète et moins stylisée. La version ROG UI est toujours la plus marquée « gaming », avec des icônes aux angles affutés et une colorimétrie très contrastée. Visuellement, cette version de l’interface est mieux réussie que les précédentes.
Dans cette interface, vous retrouvez certains des éléments historiques des ROG Phone. Le fond d’écran qui change en fonction du mode de performance. Le volet « outil de bord » avec tous ces raccourcis. Game Genie, le volet qui s’ouvre en jeu pour paramétrer les performances du téléphone. La boutique Thèmes qui permet de personnaliser l’interface (certains thèmes sont d’ailleurs payants). Notez que ROG UI propose aussi de créer son propre fond avec une IA générative, comme sur les Pixel.
Nous retrouvons bien sûr Armoury Crate, l’application qui permet de peaufiner le comportement du téléphone en mode jeu et avec chacun des jeux indépendamment. C’est ici que vous associez par exemple les AirTrigger aux zones de l’écran. Détail qui veut tout dire : jusqu’à présent Armoury Crate était installé par défaut au centre de la barre de lancement rapide, entre Messages et Chrome. Désormais logé à la même enseigne que les autres, il est installé à côté de Galerie sur l’écran d’accueil principal.
Lors du premier lancement, Android vous informe que certaines applications vont être installées par défaut, sans choix de les décocher. Ce sont toutes des applications de Google. Parmi les applications installées par défaut, vous retrouvez une belle brochette de logiciels de Google et d’Asus (Galerie, Gestionnaire de fichiers, Horloge, Météo, Phone Clone, etc.). Vous avez quelques applications commerciales : Liens avec Windows (pour connecter le ROG Phone à un PC), Facebook, Instagram et Facebook Messenger. Une liste très réduite, comme nous les aimons.
Notez enfin qu’Asus prévoit d'offrir à ce téléphone deux mises à jour d'Android seulement et quatre ans de patch de sécurité. Face à Google, Samsung et Apple, ce délai est beaucoup trop court pour un smartphone haut de gamme vendu à plus de 1000 euros. Et ce même si l'interface ROG cache en grande partie les atours d'Android.
Performances
Passons à l’une des parties les plus importantes de ce test : les performances. Dans ce smartphone, nous retrouvons un Snapdragon 8 Gen 3, bien évidemment, accompagné du Mode X qui permet de profiter des performances les plus élevées. Notre unité de test est une version Pro Edition, avec 24 Go de RAM. Voilà qui sera largement suffisant pour tous les usages les plus gourmands. Nous parlons du jeu et de la captation vidéo bien sûr, mais aussi de l’IA, puisque le Snapdragon 8 Gen 3 est capable de faire tourner des modèles génératifs sans aide extérieure.
Notez que tous les tests présents ici ont été réalisés avec une préversion du système d’exploitation, sous Android 14. Lors de l’achat du téléphone, une mise à jour est proposée. Nous avons réalisé quelques tests qui ont confirmé que nos résultats restent d’actualité. Nous avons effectué tous ces tests en mode X et, sauf exception, avec l’AeroActive Cooler X branché.
Le ROG Phone 8 est l’un des smartphones les plus puissants que nous avons testés. Il rejoint dans le haut de notre classement le Red Magic 9 Pro que nous avons testé il y a quelques semaines. Quelle que soit la tâche, ce smartphone la gère sans montrer le moindre signe de faiblesse. Les captures d’écran ci-contre sont assez limpides à ce sujet. Connecter le ventilateur vous donnera un léger boost de puissance. Mais il est si léger sur des tâches très courtes que le gain ne vaut pas la consommation d’énergie supplémentaire. En revanche, sur des stress tests plus longs, le ventilateur a vraiment un intérêt.
Parlons également de la stabilité et de la température. La première est excellente, avec des scores au-dessus de 90 %. Habituellement, les stress tests éprouvent tellement les plates-formes que celles-ci sont obligées de brider les performances pour limiter la surchauffe. Les scores obtenus sont en dessous des 70 %. Ici, ce n’est pas le cas. Les joueurs compétitifs pourront donc s’en donner à cœur joie, mais à condition qu’ils soient équipés du ventilateur. Sinon, l’effet throttling sera plus important.
En revanche, la température est moins bien maitrisée. Les stress tests ont réussi à faire monter la température globale du smartphone au-delà des 50°. Ce qui est très élevé. Avec les autres smartphones sous Snapdragon 8 Gen 3, la température n’excédait pas les 45°. L’outil AIDA64 indique même que la température de certains cœurs frôle les 70°. C’est très haut. Et ce malgré l’ensemble des protections annoncées par Asus en termes de dissipation de chaleur, ainsi que l’utilisation du ventilateur.
Heureusement, à l’usage, nous n’avons jamais ressenti une gêne aussi importante, même avec les options graphiques réglées à leur maximum sur Honkai Star Rail. Certes, la plate-forme connait une légère augmentation de température, concentrée sur le centre des tranches latérales. Mais cela n’atteint pas les zones où les mains sont posées.
Batterie
Entre le ZenFone 7 et le ZenFone 8, Asus a fait des choix qui ont un impact considérable sur l’expérience de jeu. Plusieurs de ces choix concernent la batterie. Il y a deux changements importants : l’apparition de la charge sans fil et la diminution de la capacité de la batterie, passant de 6000 mAh à 5500 mAh. Soit plus de 8 % en moins. Lors de la présentation du ROG Phone 8, Asus a défendu ce choix de baisser la capacité en expliquant que le smartphone offre légèrement moins d’autonomie que son prédécesseur. Mais la différence est négligeable selon le constructeur, comprise entre 2 et 3 %.
Nous ne pensons pas. Le test d’endurance PC Mark affirme que l’autonomie du téléphone a été divisée par deux, passant d’un très respectable 23 heures et 32 minutes à un piètre 12 heures 19 minutes. Ce n’est évidemment pas un bon score. Cela veut dire que le ROG Phone 8 ne dépasserait pas les deux jours d’utilisation classique. Il y a cependant une raison qui explique cette baisse : le Mode X était activé (mais sans ventilateur branché) durant le test. Quand le Mode X est désactivé, nous avons constaté une autonomie bien meilleure : deux jours et demi en usage standard. Mais nous n’arrivons pas aux 3 jours dont nous avions l’habitude.
Les joueurs peuvent quant à eux compter sur une autonomie assez élevée. Le ROG Phone 8 propose en effet environ 5 heures d’utilisation continue avant de s’arrêter. Nous avons utilisé Honkai Star Rail avec les graphismes les plus élevés et le taux de rafraichissement à 60 images par seconde, sans oublier toutes les options graphiques activées. Vous pourriez même monter un peu au-dessus en faisant quelques concessions.
Une fois la batterie déchargée, nous devons passer à la case recharge. Le smartphone est compatible charge filaire rapide 65 watts et charge sans fil 15 watts (norme Qi 1.3). Avec le chargeur et le câble fourni dans la boîte, nous avons entièrement rechargé le téléphone en 49 minutes. Nous avons donc pris 10 minutes de plus que la promesse d’Asus. Ce n’est pas un vrai souci : moins de 50 minutes est déjà un bon score. Nous n’allons pas nous en plaindre. Notez que le temps n’est pas plus court en branchant sur l’un ou sur l’autre des ports USB-C. Voici quelques-unes de nos mesures intermédiaires :
- 8 min : 25 %
- 15 min : 40 %
- 18 min : 50 %
- 28 min : 75 %
- 30 min : 80 %
- 43 min : 95 %
- 49 min : 100 %
Pour soigner la batterie, Asus offre un panel toujours très complet. Charge programmée. Charge adaptative. Charge limitée (à 80 % ou 90 %). Charge lente forcée. Et contournement de charge pour jouer avec le téléphone branché sans risquer les surcharges. Asus est également l’une des seules marques à proposer un graphique pour indiquer simplement si les habitudes de charge de l’utilisateur sont bonnes ou si elles risquent de dégrader prématurément la batterie.
Audio
Parlons maintenant de l’audio, un domaine où les ROG Phone excellaient depuis plusieurs années, grâce à la combinaison entre une connectique intelligente, une configuration optimisée et un partenariat brillant avec Dirac, le tout soutenu en 2023 par un caisson de basse intégré à l’AeroActive Cooler. Cette année, presque la moitié de ces éléments sont supprimés, sacrifiés sur l’autel de la conquête de marché. Si vous pensiez que la prise en main, l’audio et les performances étaient les premières victimes du changement de position du ROG Phone 8, vous avez tout faux ! C’est l’audio qui en pâtit le plus, même si Asus sauve les meubles.
Entrons dans le détail avec, en premier lieu, les atouts qui ont été sauvés. D’abord, le port jack 3,5 mm. Les joueurs le savent : jouer avec des écouteurs TWS n’offre pas une bonne expérience à cause de la latence inhérente au Bluetooth. C’est toujours le cas. Un casque filaire n’aura jamais ce problème. Donc, la connexion jack 3,5 mm est très importante. Elle prenait en charge en 2023 les casques compatibles faible impédance. C’est peut-être le cas ici, mais nous n’avons pas les outils pour le vérifier.
Deuxième élément conservé : les microphones. Il y en a trois : un en bas pour les appels téléphoniques, un en haut pour la réduction de bruit active et un sur une tranche, à côté du bouton de mise en marche. Il sert pour les conversations lors des parties en multi. C’est un héritage gaming important pour tous ceux qui participent à des parties compétitives. Et il reste. En revanche, nous n’avons toujours pas de micro pour la captation vidéo.
Troisième élément conservé : le partenariat avec Dirac et l’égaliseur de l’interface. Toute l’expérience audio, casque et haut-parleur, reste optimisée par le partenaire suédois du constructeur. Et c’est une excellente nouvelle. L’égaliseur intégré est toujours aussi complet et intuitif. Vous pouvez choisir des profils selon des scénarios ou mettre les mains dans le cambouis et régler chaque bande de fréquence selon vos gouts. Notez aussi que le ROG Phone 8 est compatible Hi-Res Audio et aptX HD.
Passons aux éléments supprimés avec celui qui nous chagrine le plus : le double haut-parleur stéréo en façade. Historiquement, ce double haut-parleur, porté par une stéréo optimisée de main de maitre par Dirac, permettait de pallier sans peine l’absence de casque audio. Aujourd’hui, le ROG Phone 8 doit se contenter d’une configuration asymétrique plus classique, que vous retrouvez dans n’importe quel iPhone, Galaxy ou Pixel. La puissance reste bonne. Le travail de Dirac se ressent sur l’équilibre entre les deux haut-parleurs. Mais l’effet est moins époustouflant, c’est évident.
L’autre élément supprimé est le caisson de basse de l’AeroActive Cooler. Ce dernier apportait pour la première fois un smartphone un système audio 2.1 très qualitatif. Plus de profondeur dans les basses. Plus de puissance pour l’ensemble du son. C’était un vrai régal. Peut-être était-il surdimensionné ? Nous pensons qu’il s’agit d’une belle innovation d’Asus, en droite ligne avec la volonté de la marque d’offrir la meilleure expérience avec un téléphone. Dommage.
Photo
Parlons maintenant de la photo. Habituellement, les ROG Phone ne brillent pas dans cet exercice, parce que ce n’était pas la priorité. Or, Asus a constaté que les acheteurs du ROG Phone avait deux téléphones : un pour jouer, signé Asus, et un pour la vie de tous les jours, signé Apple, Samsung ou Honor (voire même un ZenFone). Le ROG Phone n’a jamais réussi à assumer tous les besoins d’un consommateur, notamment parce que la partie photo n’était pas à la hauteur.
En 2024, fini de passer pour le cancre des smartphones à plus de 1000 euros. On supprime le module macro (sauf en Asie où les usagers en sont férus). On ajoute un module avec téléobjectif. On remplace les lentilles de l’objectif panoramique par des lentilles à surfaçage numérique. On ajoute un stabilisateur optique gimbal sur le module principal. Et puis voilà. Nous aurions apprécié qu’Asus aille jusqu’au bout de cette petite révolution en modernisant le module panoramique avec un autofocus et avec un module selfie plus lumineux. Ce problème de lumière ne touche d’ailleurs pas que ce capteur. Voici les détails sur cette configuration :
- Principal : capteur 50 mégapixels, objectif 24 mm ouvrant à f/1.9, autofocus à détection de phase, stabilisateur optique 6 axes
- Panorama : capteur 13 mégapixels, objectif 13 mm ouvrant à f/2.2, angle de vue 120°, focale fixe, lentille Free Form
- Téléobjectif : capteur 32 mégapixels, objectif 72 mm ouvrant à f/2.4, autofocus à détection de phase, stabilisateur optique, zoom optique 3x
- Selfie : capteur 32 mégapixels, objectif 22 mm ouvrant à f/2.5, focale fixe
Voilà donc une configuration qui semble avoir plus d’épaule. Qu’en est-il vraiment à l’usage ? Le résultat est plutôt bon, avouons-le, même si nous avons encore constaté quelques problèmes de lumière, de netteté et de précision. Entrons dans le détail en commençant avec le capteur principal qui fait de très belles photos. Il y a de belles couleurs. Il y a du piqué. Il y a du détail. Il y a une belle gestion de la lumière, même en contre-jour. Il y a du contraste. L’autofocus est précis et rapide. Et le stabilisateur compense bien les mouvements parasites.
Il y a deux petits soucis avec le capteur principal. Mais ils ne sont pas gênants. Le premier concerne la colorimétrie. Quand l’intelligence artificielle reconnait la scène, elle force un peu trop sur certaines couleurs, comme le bleu du ciel et le vert des fleurs. Cela flatte les yeux, mais ce n’est pas très naturel. Le deuxième concerne les aberrations optiques : les sources de lumière occasionnent des reflets entre les lentilles. C’est le cas avec le soleil, mais aussi avec les lampadaires, par exemple.
Parlons justement des photos nocturnes. Le smartphone est évidemment équipé d’un mode nuit. Mais la reconnaissance de scène du mode automatique va d’elle-même activer cette option. Inutile donc d’aller chercher le mode dédié dans le menu « Plus » où se trouve le mode « Pro ». Quel que soit votre choix, vous n’avez pas forcément intérêt à l’utiliser. Le mode nuit va transformer le ciel noir en masse grisâtre, dénaturant la scène. Et les couleurs vont prendre une teinte verte. En revanche, il va également révéler des détails dans les ombres. Avec le stabilisateur gimbal, vous éviter également les flous disgracieux. Sans mode nuit, vous conserver du naturel, mais les couleurs seront plus ternes. Le réglage des ISO et la balance des blancs peuvent être très différents en fonction de l’endroit où vous faites la mise au point.
Pour les zooms, vous avez ici une combinaison solide : le capteur principal qui offre un zoom « lossless » continu entre les rapports 1,1x et 2,9x. Et à partir du zoom 3x, vous passez sur le capteur 32 mégapixels avec téléobjectif. De jour, vous avez un zoom de très bonne qualité jusqu’au rapport 10x. Jusqu’à 20x, cela reste exploitable. Et entre 20x et 30x, le lissage va être très présent. Le stabilisateur joue parfaitement son rôle pour éviter les flous disgracieux.
Attention cependant ici à l’autofocus qui nous semble un peu lent, notamment dans les photos de proximité et les photos de nuit. D’autant que, la nuit, le téléobjectif est très sombre : beaucoup de bruit, du lissage trop prononcé, les résultats sont bons avec le zoom optique seulement, et ne sont plus exploitables dès le rapport 10x, que ce soit avec ou sans le mode nuit. Notez que le mode nuit bride le zoom numérique à 20x… Était-ce vraiment nécessaire ?
Les portraits sont pris en charge par le capteur principal. Vous avez deux options : zoom 1x et zoom 2x « sans perte ». Le premier est moins intrusif et il est plus net, tandis que le second met plus à l’honneur le sujet, mais peut se révéler moins détaillé. Le bokeh, activé par défaut, est élégant et le détourage est précis. Les couleurs restent naturelles. Il y a un léger lissage des textures parce que les options d’embellissements sont également activées par défaut. Il ne faut pas hésiter à les enlever. De nuit, privilégiez les portraits sans le zoom pour éviter les flous et conserver une colorimétrie plus chaude.
Les selfies sont moins bons que les portraits. Ce n’est pas la faute à la définition, 8 mégapixels par défaut, mais bien à la colorimétrie, un peu plus froide, et des détails perdus dans le lissage des textures. De fait, la photo perd en précision, en netteté. C’est dommage. De nuit, ces défauts sont plus visibles. Les clichés sont plus sombres. Ils sont moins détaillés encore. Et le bokeh devient moins précis. Vous avez le choix, comme pour les portraits, entre deux angles de vue : un pour les selfies et un pour les groupfies.
Le capteur ultra grand-angle est clairement le moins bon de la bande, maitrisant moins la lumière. La colorimétrie est un peu plus froide. Le redressement des distorsions dans les coins est bien effectué. Avec une focale fixe, vous êtes obligé de faire vous-même la mise au point pour que votre sujet ne soit pas flou. Intégrer un autofocus dans ce module serait une bonne idée pour améliorer la netteté et élargir le spectre fonctionnel avec un mode macro. En soirée, l’usage du mode nuit est presque obligatoire pour distinguer un sujet.
Côté vidéo, le ROG Phone 8 est capable de filmer en 8K à 24 images par seconde et en 4K à 60 images par seconde. Par défaut, vous filmez en Full HD à 30 images par seconde. En 4K et en 8K, vous ne pouvez filmer qu’avec le capteur principal, avec un zoom numérique qui monte à 8x. Pour profiter des trois capteurs et d’un zoom plus profond, vous devez repasser en Full HD. Les résultats sont bons la journée et vraiment moins bons la nuit, notamment si vous zoomez. Ce n’est pas une surprise.
Conclusion
Le ROG Phone 8 est un très bon smartphone, mais un smartphone ambigu. Il s’adapte parfaitement à la vie de tous les jours, offrant d’excellents atouts pour convaincre les clients de Samsung, Xiaomi, Honor ou Apple. Poids et dimensions revus à la baisse. Prise en charge du LTPO. Charge sans fil. Nouveau zoom optique. Nouveau module photo principal avec stabilisateur. Design moins tape-à-l’œil. Certification IP68. Vous trouviez ça ailleurs. Vous l’avez maintenant chez Asus.
Cela reste un bon produit pour jouer, grâce à une bonne autonomie, un écran amélioré et certains des atours historiques de la gamme ROG Phone (port jack 3,5 mm, optimisation Dirac, Armoury Crate et Game Genie, touches AirTriggers, ventilateur AeroActive Cooler, port USB latéral, performances de dingue et excellente stabilité, contournement de charge). Le ROG Phone 8 reste donc une très bonne console de jeu.
Mais il est moins pertinent que le ROG Phone 7 dans ce domaine. Notre cœur de joueur regrette amèrement qu’Asus ait abandonné sa vision et baissé les bras pour se rapprocher d’une concurrence plus lisse. Un choix qui a des conséquences lourdes au niveau de la dissipation de chaleur (suppression de l’AeroPortal), de l’autonomie (capacité en baisse), de l’audio (haut-parleurs frontaux disparus) et de l’affichage (apparition du poinçon). Il est dommage que la marque n’ait pas réussi à tout concilier.
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Les acheteurs du ROG Phone ont souvent deux téléphones : un pour jouer (le ROG Phone) et un pour les autres usages, notamment la photo. Avec le ROG Phone 8, Asus veut combler les deux besoins avec un seul produit. Mais en faisant des concessions dans un sens (double haut-parleur frontal, AeroPortal, baisse de la capacité de batterie, apparition du poinçon à l'écran) et en manquant d'ambition dans l'autre (capteur selfie vieillissant, pas d'autofocus sur l'ultra grand-angle), le ROG Phone 8 ne sait pas sur quel pied danser. Heureusement, de vraies améliorations (certification IP68, design plus pratique, écran AMOLED LTPO, luminosité en hausse, performances en hausse, belles photos avec le capteur principal, zoom optique qualitatif) sont là pour contrebalancer cette impression mitigée.
- Des dimensions réduites pour une meilleure portabilité
- Les AirTriggers toujours pratiques et dynamiques
- L'écran à la colorimétrie et la luminosité améliorées
- Le taux de rafraichissement adaptatif jusqu'à 1 Hz
- La grosse puissance et l'excellente stabilité de la plate-forme
- La belle expérience software dédiée au gaming
- La nette amélioration de la qualité des photos
- L'optimisation audio de Dirac et le port jack 3,5 mm
- AniMe Vision, une belle alternative à l'écran ROG Vision
- La certification IP68, même si ça réduit la dissipation de chaleur
- L'AeroActive Cooler moins riche au niveau fonctionnel
- La disparition des haut-parleurs frontaux pour une configuration plus standard
- Le poinçon visible sur l'écran, sinon l'espace d'affichage est réduit
- La position excentrée du port USB-C sur la tranche du bas
- Les deux mises à jour d'Android seulement
- La gestion de la chaleur hasardeuse et la disparition de l'AeroPortal
- La baisse de capacité de la batterie pour la charge sans fil
- La lenteur de l'autofocus avec le téléobjectif
- Les modules selfie et ultra grand-angle qui méritent d'être améliorés