Test de Diablo 2 Resurrected : le mal est de retour et ça fait du bien
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Diablo 2 Resurrected est la version remastérisée de Diablo 2, sorti en 2000. Le studio Vicarious Visions a voulu donner une seconde vie au jeu mythique de Blizzard tout en respectant scrupuleusement son gameplay originel. Un travail périlleux, plus proche du remake que du lissage graphique, pour un résultat à la hauteur de nos espérances.
N’y a-t-il pas pire fausse amie que la nostalgie ? Cette notion est très personnelle, elle est ancrée au fond de nous, nous réconforte et nous rappelle le bon vieux temps. Toutefois, elle prend aussi un malin plaisir à déformer nos souvenirs, à les embellir au point qu’ils n’ont souvent plus grand-chose à voir avec la réalité. Alors quand un remaster de jeu mise sur la nostalgie tout en réussissant à nous redonner les mêmes émotions qu’à l’époque de la sortie originale, nous pouvons parler d’exploit, voire de petit miracle. C’est ce qui arrive avec Diablo 2 Resurrected.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un mot sur nos conditions de test. Nous avons joué sur un PC équipé de Windows 10, avec une config relativement récente (Ryzen 5 3600, 16 Go de RAM et RTX 2070) en 1440p : nous n'avons eu aucun souci de framerate. Nous avons également pu arpenter le jeu avant sa sortie, donc sans souci de serveurs. On rappelle aussi que Diablo 2 Resurrected sort aussi sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X et Switch.
Diablo 2, un jeu de légende remis au goût du jour
Nous sommes en juin 2000. La France explose tous ses adversaires à l’Euro de football, Gladiator cartonne dans les salles obscures et Yannick est numéro 1 du Top 50 avec son tube Ces soirées-là. C'est pendant ce mois ensoleillé que sort sur PC un jeu vidéo qui va changer le visage du hack and slash et du médium en général. Il s’agit de Diablo 2.
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Merveille de précision et d’action, le jeu devient vite un classique, un modèle à suivre pour la concurrence. C'est un hit qui a marqué les joueurs au fer rouge aussi bien par son gameplay chronophage que son ambiance sombrement délicieuse. Un véritable monument auquel Blizzard veut donner une seconde jeunesse en cette année 2021. Pour ça, la société a confié son remaster à Vicarious Visions, déjà à l’œuvre sur Crash Bandicoot N Sane Trilogy et Tony Hawk Pro Skater 1+2. Un studio qui connait donc son sujet, mais qui doit faire face au plus grand défi de son histoire avec ce projet.
Sa mission n’est pas de sortir un « simple » lissage en 4K, comme cela a été fait par Bioware pour Mass Effect Legendary Edition par exemple, mais bien de revoir en profondeur le produit initial. Diablo 2 a subi les affres du temps et nous sommes en réalité plus devant un véritable remake qu’un remaster.
Un remake pour le graphisme, un remaster pour le gameplay
La nostalgie est piégeuse, mais le studio a réussi avec succès à éviter la chausse-trape. Diablo 2 Resurrected est une réinterprétation brillante du jeu de base. Ici, c’est tout l'aspect graphique qui a été repris de zéro. Les limitations techniques de l’époque ont obligé Vicarious Visions à broder tout un univers visuel autour de ce qu’il avait. Les développeurs ont réimaginé tous les décors, les monstres, les armures… pour un résultat aussi magnifique que saisissant, mais aussi extrêmement respectueux du Diablo 2 original. L’ambiance glauque et sanglante du premier jeu est là. Sous nos yeux, l’univers de Sanctuaire est tel qu’il était dans nos souvenirs, alors qu’il n’a paradoxalement plus rien à voir. Plus encore, il y gagne en lisibilité. Une réussite totale.
Si graphiquement, Diablo 2 Resurrected n’est pas incroyable, un énorme travail a été fait sur les effets de lumière, de magie, sur les ombres. Il n’y a qu’à comparer avec l’ancien jeu pour s’en rendre compte. Opération aisée, puisqu’il suffit d’appuyer sur la touche G pour retourner vingt ans en arrière avec le mode Legacy. Une manipulation instantanée et surtout fascinante, puisqu’elle permet de mesurer le chemin parcouru. Les anciens joueurs passeront sans doute beaucoup de temps à jongler entre les deux modes. Cela permet aussi d’apprécier le framerate plus élevé d’aujourd’hui, le titre de base étant limité à 24 images par seconde.
À noter que si vous avez un PC peu puissant (comme un ultraportable avec un simple eGPU) et que vous souhaitez juste installer le mode Legacy, cela n’est pas possible. Les deux versions tournent en effet simultanément, ce qui permet de passer de l’une à l’autre. Elles sont indissociables, même si elles ont chacune leurs propres paramètres graphiques.
Il n’y a pas que les graphismes qui ont reçu un sacré coup de polish. Les musiques (magnifiques), les bruitages… tout le sound design a été remastérisé. Cela s’en ressent encore une fois en passant du mode Legacy à la version 2021. Enfin, les cinématiques ont-elles aussi été revues. C’est un vrai plaisir de redécouvrir l’histoire de Marius à travers les différentes vidéos qui, même si elles n’atteignent pas le standard de qualité habituel de Blizzard, sont agréables à regarder.
Tout n’est cependant pas rose dans le monde merveilleux de Diablo 2 Resurrected. On peut encore évoquer certains bugs graphiques qui font un peu tache, comme la mini-map qui se décale quand ça lui chante lorsqu’elle est placée sur le côté. On regrette également l’absence d’affichage 21/9. À la place, nous avons un fondu au noir sobre qui agace un peu. Un choix assumé par Vicarious Visions, qui avait expliqué limiter le champ de vision par souci d’équité entre les joueurs (un archer pouvait alors tuer les ennemis de très loin). Cela peut se comprendre, mais nous ne pouvons nous empêcher d’être déçus.
Pari réussi pour Diablo 2 Resurrected, donc, qui arrive à vraiment nous replonger dans Sanctuaire comme si c’était la première fois. Un travail méticuleux, soigné, qui fait honneur au hack and slash mythique.
La forme modernisée, pas le fond
Le vrai défi de Vicarious Visions pour Diablo 2 Resurrected, c’était de revoir complètement la forme, mais pas le fond. Le gameplay est tel qu’il était à l’époque. Nous retrouvons les mêmes environnements, la même progression, la même façon de jouer. Rien n’a changé, nous sommes comme à la maison. Toutefois, des ajustements bienvenus ont tout de même été introduits. Ici, le but n’est pas de changer la manière d’aborder Diablo 2, mais bien de fluidifier l’expérience, de corriger quelques défauts du jeu de base. Par exemple, l’or se ramasse désormais de manière automatique (mais pas les objets) et le coffre de votre campement est plus volumineux.
Mais ce sont les menus qui bénéficient le plus de cette modernisation. Il n’était pas envisageable de garder les anciens et un travail de fourmi a été effectué pour les remettre au goût du jour. Ceux de Diablo 2 étaient déjà un exemple de clarté à l’époque et ils le sont toujours dans cette nouvelle version. L’inventaire, la fiche de personnage, vos stats… tout y est clair, intuitif, bien rangé. Même si vous n’avez jamais joué à un Diablo de votre vie, vous comprenez immédiatement comment tout fonctionne. Un vrai régal.
Il est possible de créer un personnage en local sur son PC, mais aussi en ligne, condition indispensable pour jouer avec des amis. Dans ce cas, il faudra obligatoirement passer par les serveurs BattleNet, et donc subir d’éventuels soucis. Pas de jeu via TCP/IP comme à la grande époque. Une décision qui a fait grincer des dents à son annonce, mais qui est justifiée par des soucis de sécurité. Notre expérience multijoueur s'est montrée tout à fait agréable.
Le titre est disponible sur PC, mais aussi sur consoles. Diablo 2 Resurrected introduit le cross-save, ce qui signifie qu’en commençant une partie sur une plateforme, vous retrouvez votre progression sur une autre en entant votre identifiant BattleNet. Une fonctionnalité bien pratique sur le papier, que nous n’avons pas pu tester.
Un gameplay amélioré par petites touches, mais qui reste le même
Parlons enfin du cœur du jeu : son gameplay. Celui-ci n’a pas bougé d’un iota. Nous retrouvons ce bon vieux Diablo 2 tel qu’il était il y a vingt ans. Nous avons bien entendu évoqué quelques retouches censées faciliter la vie de l’utilisateur, mais en dehors de ça, c’est exactement le même jeu (avec son extension Lord of Destruction).
Il faut savoir que celui-ci est la pierre angulaire du hack and slash, qu’il a su imposer un style et des codes encore utilisés aujourd’hui. Diablo 1 avait jalonné le chemin, mais c’est bien cette suite qui a tout changé. Le principe est simple : aux commandes d’un personnage (parmi sept proposés) le joueur arpente un monde généré aléatoirement pour trucider du monstre par paquets de douze. Plus il progresse, plus il gagne de l’expérience et de l’équipement de qualité pour affronter des ennemis de plus en plus forts et ainsi de suite… un cercle sans fin.
En 2021, Diablo 2 pourrait paraître un peu suranné. On peut pointer du doigt sa rigidité, sa progression archaïque ou encore ses niveaux à l’architecture vieillotte. On pourrait même s’étonner de la simplicité (apparente seulement) de son gameplay, à l’heure où les hack and slash multiplient les compétences à utiliser… force est de constater que même après tant de temps, la mayonnaise prend toujours.
Diablo 2 est comme tous les jeux Blizzard, facile à prendre en main, difficile à maîtriser. Il arrive encore à réaliser cet exploit d’happer le joueur pour de nombreuses heures, qu’il soit profane ou non. Tout y est redoutablement précis, jouissif. L’aspect punitif, qui peut sembler frustrant en 2021, rajoute en réalité un grain de sel incroyablement plaisant à l’expérience. Bref, Diablo 2 est toujours le roi. Si vous n’y avez pas joué depuis des années, vous retrouverez rapidement vos marques. Il est même possible d’importer sa sauvegarde du jeu d’origine ! Pour ceux n’ayant jamais tenté l’expérience, c’est une porte d’entrée parfaite au genre. Un classique au premier sens du terme : il ne vieillit jamais.
Diablo 2 Resurrected est ce qui pouvait arriver de mieux au jeu de Blizzard. Vicarious Visions a fait plus que le moderniser, il l’a réinterprété avec autant de génie. Certes, le noyau reste le même, mais tout l’enrobage n’a plus rien à voir. Redécouvrir un classique du genre avec les yeux d’un néophyte, ce n’est pas quelque chose que l’on voit souvent dans le médium. Resurrected enchantera les fans, mais aussi les profanes qui n’y ont jamais touché. Il faudra juste s’habituer à son gameplay un peu rude en 2021. Un nouvel écrin magnifique pour un jeu de légende.
- Une réinterprétation brillante de Diablo 2
- Le mode Legacy, qui permet de passer du vieux jeu au nouveau
- Toujours prenant, même vingt ans après
- Un sound design sublimé
- Le premier contact sera un peu rude pour les profanes
- Pas de prise en charge du format 21/9
- Multijoueur qui doit automatiquement passer par les serveurs Bnet
- Quelques bugs graphiques