Test Final Fantasy Pixel Remaster : le grand écart entre antiquité et modernité
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Une fois encore, Square-Enix retravaille les six premiers épisodes de la saga Final Fantasy dans une édition « Pixel Remaster ». Vendus de 12 à 18 euros pièce, ou dans un bundle à 75 euros, ces remakes doivent faire le grand écart entre modernité et respect de l’œuvre originelle. Que valent ces nouvelles éditions, notamment face à la pléthore d’autres remakes de ces épisodes ? Réponse dans notre test.
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Nombreux sont les joueurs à avoir connu la saga Final Fantasy avec le septième volet, sorti sur la PlayStation originelle le 31 janvier 1997 au Japon et le 17 novembre 1997 en Europe. Un volet qui a connu quelques portages sur PC, consoles plus récentes et même sur les smartphones (iOS et Android). 23 ans plus tard, il connaît à nouveau le succès grâce à un remake découpé en trois volets dont le premier a été testé dans nos colonnes sur PlayStation 4.
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Mais la saga n’a pas gagné ses lettres de noblesse avec la saga de Cloud, Aerith et Sephiroth. 10 ans plus tôt, le premier volet de la série apparaissait sur la Famicom (que nous appelons NES en occident) et sauvait littéralement Square-Enix de la faillite. Ce premier jeu pose les bases du gameplay (combats au tour par tour, classes de personnage, différents types de mage, etc.) et la mythologie de la série (les guerriers de la lumière, les cristaux élémentaires, etc.).
Un épisode que Square-Enix a continué de faire évoluer au fil des portages sur différentes consoles : PlayStation, Wonderswan, Gameboy Advance, PSP, iOS et Android. Chaque itération a apporté du neuf, que ce soit dans le contenu ou le gameplay, s’éloignant certainement un peu à chaque fois de l’expérience originelle. De même pour les trois épisodes suivants que vous pouvez retrouver sur de nombreuses plates-formes, les épisodes 5 et 6 ayant été modifiés à moins de reprises.
Square-Enix veut revenir aux sources de Final Fantasy…
Peut-être parce que les différents remakes se sont éloignés des œuvres originelles (notamment ceux de Final Fantasy 5 et 6 sur smartphone), Square-Enix a créé les « Pixel Remaster ». Le but de cette grande collection est simple : repartir du début et proposer une expérience qui se veut à la fois fidèle aux origines, pour ne pas frustrer les anciens joueurs, et moderne, pour attirer les nouveaux joueurs qui n’ont jamais connu la saga.
Chaque jeu coûte entre 12 et 18 euros pièce. Et, si vous avez le budget, vous pouvez aussi vous offrir l’ensemble du pack à 75 euros. C’est le prix d’un jeu AAA, certes. Mais il y a tout de même 6 jeux dans la collection. Et en moyenne une bonne trentaine d’heures de jeu par titre. Donc, en théorie, c’est une bonne affaire. Mais l’expérience originelle est-elle vraiment adaptée aux joueurs d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’apportent ces Pixel Remaster aux fans de la série ? Voilà quelques-unes des questions que nous nous sommes posées en réalisant cet article. Notez que ce test s’appuie sur la version Nintendo Switch du bundle. Mais elle existe aussi sur PS4, Steam, iOS et Android avec assez peu de différence entre chaque.
… quitte à supprimer toutes les améliorations des remakes
Avant d’entrer dans le détail, nous avons une première remarque générale sur tous les Final Fantasy Pixel Remaster qui concerne aussi bien le gameplay que les graphismes ou encore le scénario. Square-Enix a voulu coller au maximum aux versions originelles des jeux. Celles qui sont sorties sur NES et Super NES entre 1987 et 1994. Un choix à double tranchant : l’éditeur oublie tous les apports des différents portages sortis entre 2000 (date du premier remake de Final Fantasy 1 sur Wonderswan Color) et 2014, date d’arrivée du dernier remake de Final Fantasy VI sur Android et iOS.
Quelques exemples. Le labyrinthe du temps de FF1 est supprimé, avec tous ses boss optionnels et ses nouvelles armes. Le scénario avec les personnages secondaires de FF2 (Minwu, Scott, Josef et Ricard) devient inaccessible. Luneth, Arc, Refia et Ingus, les personnages du remake de FF3 sur DS, disparaissent, ainsi que tous les ajouts scénaristiques qui les accompagnaient. Vous n’avez plus la possibilité de choisir les personnages de votre équipe à la fin de FF4, seulement ceux qui ont été prévus dans la version Super NES. Et le donjon post-ending de la version Android / iOS n’existe plus non plus. Le Temple Scellé de FF5 n’est plus disponible. Et vous ne pouvez plus dénicher les magicites introduites dans la version GBA de FF6.
Si ces quelques changements n’impactent pas les nouveaux joueurs, ce sont évidemment les fans de la série qui seront les plus pénalisés. Oui, il est toujours sympa de se lancer dans une aventure « old school ». Oui, il est toujours sympa de revenir aux sources. Mais il faut aussi apporter un peu de nouveauté pour que le fan endurci se lance pour la nième fois à la conquête des cristaux.
Parfois, un sérieux manque d'originalité dans l'écriture
Répondant donc au souhait de Square-Enix de revenir aux sources de la série, les scénarios des Pixel Remaster reprennent à l’identique ceux des jeux originaux. Le phrasé des dialogues a été retravaillé et la nomenclature des noms propres (magie, arme, classes et invocations) a été homogénéisée. Tous les changements apportés par les différents remakes des jeux ont donc été supprimés. Nous le regrettons, notamment sur FF3 dont la version Nintendo DS (portée ensuite sur PSP) apportait beaucoup de profondeur à l’histoire.
Ici, au contraire, nous revenons aux basiques, comme dans FF1 : quatre héros sans nom apparaissent pour sauver les cristaux qui menacent d’être détruits. Une base scénaristique que vous retrouvez aussi dans FF5. Heureusement, dans ce dernier, même si vous pouvez changer la classe de chaque personnage comme bon vous semble (comme FF3), votre équipe porte des noms bien précis : Bartz, Lenna, Faris, Galuf et Krile. Et ils ont tous une histoire, une origine. C'est plus moderne et plus dynamique.
Outre une moindre dynamique scénaristique, la suppression des personnages uniques du remake de FF3 amène une certaine lassitude dans le récit. En effet, même si le but originel était d’aider à ce que le joueur s’identifie davantage aux personnages, il est aussi moins facile de distinguer FF3 de FF1. Plus largement, quatre des six jeux axent leur scénario sur une quête pour la préservation de cristaux élémentaires. C’est le cas dans FF1, FF3, FF5 et, dans une moindre mesure, FF4. Cela occasionne parfois des impressions de déjà-vu… Heureusement, FF2 et FF6, tous deux beaucoup plus sombres dans leur écriture, viennent casser la monotonie.
Un mélange étonnant de vieux pixel arts et d'illustrations HD
Côté réalisation, vous retrouverez une ambiance 2D typique de l’ère 8-bit et 16-bit. En utilisant le même moteur de rendu (ici Unity), Square-Enix a lissé les différences visuelles entre les jeux. Résultats : FF1 est aussi beau que FF6. Les personnages sont tous en « pixel art », ainsi que les ennemis et les environnements (donjons, villes et mondes). Le grain est plutôt « grossier » en comparaison de productions plus modernes. Nous pensons notamment à Octopath Traveler, Triangle Strategy ou le remake 2D-HD de Live a Live. Tous deux sont également produits en pixel art, mais le dessin est beaucoup plus fin. Mais Square-Enix l’a voulu ainsi pour se rapprocher du design d’origine.
En revanche, vous retrouvez ici et là des éléments « HD », c’est-à-dire dépourvu de crénelage. Les lignes sont fluides. Les effets de lumière sont précis. Vous pouvez retrouver ces éléments HD aussi bien dans le menu de gestion de l’équipe, en préambule des combats contre des boss, dans certains éléments de décors (les montagnes en arrière-plan dans certains combats, l’eau de la mer dans quelques donjons, etc.) ou encore les cartes. Celles-ci sont dessinées avec plus de finesse que le jeu lui-même. Et c’est très perturbant.
Depuis le début de ce test, nous évoquons le grand écart tenté par Square-Enix avec les Pixel Remaster : essayer de conjuguer l’ancien et le moderne. Et cela n’est pas gênant quand le mélange est homogène. Ici, ce n’est pas le cas, les éléments HD jurant un peu avec les graphismes crénelés. Nous aurions préféré, par exemple, que Square-Enix conserve les graphismes de la version PSP de FF1 et FF2. Voire même les versions GBA de FF1, FF2, FF4, FF5 et FF6. Tous offrent un étonnant niveau de détail, malgré le pixel-art. Et le mélange avec les éléments modernes aurait été plus homogène.
Un gameplay inchangé avec des options modernes
Parlons maintenant prise en main. À l’origine, Final Fantasy surfait sur le succès de Dragon Quest (lui-même fortement inspiré de la série Wizardry). Le gameplay est donc celui d’un RPG « classique », avec exploration de donjons, rencontres aléatoires et combats au tour par tour. Jusqu’à Lightning Returns sur PS3, rares sont les épisodes de Final Fantasy à ne pas adopter ce style. Sans surprise, les six jeux présents dans le bundle s’appuient sur ce gameplay. En revanche, vous pouvez constater une évolution dans les combats. Avec FF4 apparait « l’Active Time Battle » (ou ATB pour les intimes), une barre d’action qui va donner plus de dynamisme aux combats (et vous mettre les nerfs à vif). L’ATB devient rapidement un « must-have » de Final Fantasy.
La profondeur de gameplay n’est pas la même entre les six jeux. Sans surprise, vous constaterez une vraie différence entre FF1 et FF6. Mais aussi entre chaque épisode, même entre FF1 et FF3 qui sont pourtant les plus proches. De nouvelles classes de personnages ont été apportées, passant de 6 métiers à 22. En outre, vous pouvez changer de classe quand vous le souhaitez dans FF3, alors que ce n’est pas le cas dans FF1. Une idée qui est reprise dans FF5 qui compte également 22 métiers à maîtriser… et à combiner pour plus de modularité.
Dans FF4 et FF6, tous les personnages ont une classe fixe, même Cecil qui passe de Chevalier Noir à Paladin dans l’histoire. Chaque classe donne accès à certaines magies et à certaines aptitudes. Rien de bien innovant ici. FF2 est certainement le plus nuancé de tous les Final Fantasy de ce pack : chaque personnage évolue en fonction des actions réalisées en combat. Plus vous utilisez la magie, plus vous serez capable de lancer des sorts. De même, plus vous maniez l’épée, plus vos coups à l’épée seront puissants. Et si vous y passez assez de temps, vous pouvez créer des personnages omnipotents, aussi bons en magie qu’avec des armes. Et il n'y a pas de niveau d'expérience.
Ici aussi, Square-Enix fait le grand écart au niveau gameplay, en apportant de nouvelles fonctions de gameplay qui facilitent grandement la vie. Les combats automatiques, par exemple : un appui sur le bouton Y et les personnages répète la dernière action. Très pratique pour le farming d’expérience et d’argent. Autre exemple : la carte de chaque niveau (donjon et ville) qui permet de connaître le nombre de coffres et d’objets à dénicher. Ce n’était bien évidemment pas présent dans les jeux originaux. Ou encore la sauvegarde automatique qui offre un peu plus de sécurité quand vous vous engagez dans un combat un peu compliqué (ou quand votre batterie tombe à court d'énergie).
Mais la preuve ultime du grand écart entre modernité et classicisme se trouve dans le menu de réglage de chaque jeu. Il s’agit des options de gameplay. Ce sont des options qui vous donnent accès à certains paramètres : combat aléatoire, expérience, argent, etc. Ces paramètres permettent simplement de contrôler la difficulté du jeu. Vous pouvez choisir de recevoir 4 fois plus d’argent pour chaque combat ou de ne gagner que la moitié de l’expérience, par exemple. Ce sont des options pour séduire les nouveaux joueurs pour qui un jeu est souvent soit trop dur, soit pas assez. La même idée soutient le paramètre musical : vous pouvez choisir les morceaux d’origine ou les versions remixées. Et tant mieux : certaines compositions de Nobuo Uematsu ont quand même un peu vieilli.
Faut-il acheter les Pixel Remaster quand on est fan ou quand on ne connait pas ?
Final Fantasy est un incontournable du RPG nippon. Et même si le gameplay de la licence migre petit à petit vers les combats en temps réel (Stranger in Paradise, Final Fantasy Type-0, Final Fantasy XV, Final Fantasy 7 Remake et bientôt Final Fantasy XVI), Final Fantasy s’est aussi imposé comme le maître étalon du combat en tour par tour, où la stratégie prime sur les réflexes. Et cette compilation célèbre ce statut, montrant aux jeunes générations comment la série est née et comment elle a évoluée durant ses 7 premières années de carrière.
Parmi ces six jeux, tous n’ont pas le même intérêt. FF4 et FF6 sont de loin les plus complets et les mieux écrits au niveau scénario (avec une petite préférence personnelle pour l’extraordinaire FF6), suivis par FF2 et FF5. Nous regrettons que Square-Enix, sous couvert d’un retour aux sources, ait supprimé tous les ajouts apportés par certains portages, notamment Dawn of Souls sur GBA et FF3 sur Nintendo DS. D’autant que certains ajouts apportaient un peu plus de profondeur à des épisodes qui en manquaient, notamment FF1.
La modernisation du gameplay est très appréciable pour les néophytes, notamment le blocage des combats aléatoires, les sauvegardes rapides et automatiques, ainsi que le multiplicateur d’expérience. Même si les puristes affirmeront que cela altère l'expérience, cela ne détériore pas l’aspect tactique des combats, la gestion des personnages et le scénario. En revanche, le manque d’homogénéité dans les graphismes est visuellement très perturbant.
Si le prix du bundle peut paraitre rebutant, c’est pourtant l’affaire la plus intéressante, parce qu’il lisse le prix de certains épisodes qui ne valent clairement pas le prix auquel ils sont proposés. Nous pensons notamment à Final Fantasy III, vendu 18 euros, alors qu’il est moins intéressant qu’un Final Fantasy IV ou un Final Fantasy VI. En outre, la durée de vie du bundle est simplement exceptionnelle pour ce prix.
Le bundle FInal Fantasy Pixel Remaster est une bonne occasion de découvrir les six premiers volets de Final Fantasy. Même si tous les épisodes ne sont pas aussi qualitatifs les uns que les autres, ils ont tous apporté quelque chose de différent à la saga. Ces nouveaux remakes s'adressent davantage aux nouveaux joueurs, ceux qui ne connaissent pas encore les origines de la saga. D'abord parce que les nouvelles options sont typiques du jeu vidéo d'aujourd'hui. Ensuite parce que les fans de la saga pourraient regretter l'abandon des améliorations et enrichissements apportés à la série par les précédents remakes. Si le bundle coûte quand même 75 euros, il s'agit d'une très bonne affaire pour une page de l'histoire du RPG japonais.
- La durée de vie du bundle complet, 180 heures minimum !
- Les nouvelle options de gameplay et les nouvelles cartes des niveaux
- La traduction uniformisée de tous les épisodes
- Le respect de l'oeuvre originelle (même si c'est parfois trop proche)
- La suppression des améliorations des remakes précédents
- Le manque d'homogénéité entre le pixel art et les éléments graphiques HD
- Le prix individuel de Final Fantasy III