Test des Freebuds 3 de Huawei : des Airpods à bruit réduit

Notre avis

IFA 2019, Berlin : Huawei dévoile les Freebuds 3, les premiers écouteurs avec réduction de bruit active. Quelques mois après cette annonce, ceux que certains qualifient d’Airpods pour Android débarquent en France. Nous les avons testés.

Bien qu’Apple domine le marché des écouteurs true wireless de la tête et des épaules (près de 80% des ventes), la concurrence ne se décourage pas. Au contraire, les alternatives se multiplient, avec plus ou moins de réussite.

Huawei, qui commercialise déjà son lot d’accessoires audio, passe à la vitesse supérieure. Après deux versions de Freebuds passées quasi inaperçues, le géant chinois lance les Freebuds 3. Leur particularité : ce sont les premiers écouteurs (non intras) intégrant une technologie de réduction de bruit active. Huawei en a profité pour challenger ses ingénieurs afin de proposer l’alternative la plus sérieuse aux Airpods d’Apple. Nous les avons utilisés pendant plusieurs jours. Voici notre test complet.

Prix et date de sortie des Freebuds 3

Les Freebuds 3 sont disponibles en France au prix conseillé de 189,99 euros en noir (notre modèle de test) et blanc. Toutefois, la plupart des distributeurs les vendent au tarif de 179,99 euros. Boulanger propose une offre de remboursement de 20 euros du 15 novembre 2019 au 7 janvier 2020. Vous pouvez donc vous offrir les Freebuds 3 pour 159,99 euros.

Design et ergonomie : dites-moi pas que c’est pas vrai !

Fidèle à la grande tradition chinoise, Huawei s’inspire effrontément des Airpods d’Apple, pourtant médiocres tant sur le plan du design que de la qualité audio. Après des mois de railleries (toi-aussi-tu-mets-des-cotons-tiges dans-la-rue-lolilol), les concurrents (heureusement pas tous) adoptent cette mode discutable, dont Huawei. Le chinois perd donc une occasion de se distinguer, lui qui dispose pourtant d’excellents studios de design.

Les Freebuds 3 adoptent donc tous les codes des Cotons-tiges-Pods : de la forme de l’écouteur à la tige en passant par la pointe chromée, tout est parfaitement identique. Tout de plastique vêtus (blanc ou noir), ils se positionnent à l’entrée du conduit auditif. Ce détail a son importance puisque Huawei les autoproclame (à juste titre) premiers écouteurs (non-intras) avec réduction de bruit active.

En adoptant le même design que les Airpods, Huawei réduit sa cible potentielle d’acheteurs. D’abord parce que le format ne convient pas à tous, mais surtout parce que la tenue des écouteurs varie selon les conduits auditifs. Votre humble testeur n’a jamais réussi à faire tenir ces satanés Airpods, il en est de même pour les Freebuds 3. Néanmoins, des petits embouts en caoutchouc (disponibles pour 2 ou 3 euros sur Amazon) peuvent partiellement corriger ce problème. D'ailleurs, les embouts d’Airpods s’adaptent parfaitement aux Freebuds 3, c’est dire…

Huawei ne s’inspire pas seulement du design des Airpods. Le chinois a également repris la méthode appairage de la marque à la Pomme. Dès l'ouverture de la boîte, une petite fenêtre apparaît sur l’écran de votre smartphone. En quelques secondes, le tour est joué. Enfin, à condition que vous utilisiez un smartphone Huawei avec EMUI 10.

Les Freebuds 3 se distinguent finalement par leur boîtier, tout aussi pratique, mais bien différent de celui d’Apple. Huawei opte pour un format rond et compact. Légèrement plus imposant que le boîtier des Airpods, ce petit galet se glisse facilement dans la poche d’un pantalon ou de jeans très échancrés.

À gauche : le boîtier des Airpods Pro ; à droite : le boîtier des Freebuds 3

Huawei AI Life : l’application compagnon (incomplète)

Les Freebuds 3 s’accompagnent d’une application exclusive à Android (c’est assez rare pour le noter). AI Life (c’est son nom de scène), regroupe une série de réglages censés améliorer l’expérience. Malheureusement, les paramètres proposés sont minimes. Outre l’affichage de l'autonomie restante, on y retrouve la personnalisation des raccourcis de contrôle (deux par écouteur) et la gestion de la réduction de bruit active. Cette dernière, matérialisée par une jauge circulaire, accentue ou diminue la réduction de bruit.

En dehors de ces fonctionnalités, AI Life ne propose rien d’autre. On aurait aimé retrouver un égaliseur complet par exemple. Dommage.

Qualité audio : BT-UHD, la norme de demain ?

Lors de l’annonce des Freebuds 3 à l’IFA de Berlin, Huawei a dévoilé sa puce Kirin A1 encore-plus-meilleure que la W1 des Airpods. Grâce à elle, le chinois a implémenté BT-UHD. BT-quoi ? On comprend votre surprise puisque ce terme (qui n’a rien à voir avec la norme télévisuelle) était inconnu jusqu’à l’annonce de Huawei. Et pour cause, il s’agit d’un protocole de transmission Bluetooth propriétaire.

Huawei promet un débit maximum du signal audio de 2,3 Mbps. À titre de comparaison, l’AAC (utilisé par Apple) affiche un débit binaire de 320 kbps, l’aptX HD de Qualcomm ne dépasse pas les 576 kbps et le LDAC (Hi-Res de Sony) atteint les 990 kbps. Ce dernier était donc jusqu’à maintenant le plus performant. Jusqu’à maintenant…

Tout ceci reste toutefois théorique. Car en pratique, toute la chaîne audio (écouteurs, codec, smartphone utilisé) doit supporter le BT-UHD. Autant dire que pour l’instant, cette norme n’est disponible que sur les smartphones Huawei intégrant EMUI 10. Si vous ne faites pas partie de ces chanceux, vous devrez vous contenter d’une qualité standard AAC (iPhone par exemple) ou SBC (Android). Chez Huawei, c’est tout ou rien : pas d’aptX ou d’aptX HD pour contenter ceux qui ont opté pour une autre crèmerie. Un peu comme vous-savez-qui.

Concrètement, les Freebuds 3 se révèlent plutôt bons au quotidien (merci la dernière mise à jour). L’architecture tubulaire permet de diffuser de bons graves et des médiums très corrects. En revanche, les aigus, très clairs, peuvent vite devenir agressifs. Néanmoins, cela reste acceptable. On note surtout que Huawei n’a pris aucun risque. À l’instar des Airpods, les Freebuds 3 manquent de dynamique et de caractère.

Les possesseurs de smartphones Huawei sous EMUI 9 et plus pourront personnaliser la qualité de son dans les paramètres de leur smartphone (Dolby Atmos). Encore une fois, le géant chinois privilégie ses clients. Dommage, car en adoptant cette stratégie, il empêche les Freebuds 3 de s’imposer comme les Airpods de l’univers Android.

La réduction de bruit active sur des écouteurs ouvert, ça donne quoi ?

Largement mise en avant lors de la présentation officielle, la réduction de bruit active se révèle finalement très décevante. Huawei a beau promettre une réduction de 15 dB (les intras peuvent atteindre plus du double), le compte n’y est pas. Dans les environnements calmes (au bureau par exemple), la réduction accomplit son rôle convenablement : les bruits ambiants (claviers, clics, mouvements) disparaissent. En revanche, dans des lieux moyennement bruyants (un café par exemple), difficile de constater quoi que ce soit. En pleine rue, la réduction de bruit active se révèle tout simplement inutile.

Huawei propose bien d’optimiser manuellement cette réduction dans l’application AI Life. Mais la jauge circulaire est trop approximative. Surtout, aucune indication n’apparaît à l’écran pour nous orienter sur la façon de régler la jauge. Pire, la réduction de bruit ne semble cibler que certaines fréquences. Par exemple, dans le métro, elle filtre très bien le bruit du train. Mais les voix des passagers restent parfaitement audibles. Huawei a au moins eu l'audace de tenter la réduction de bruit active sur des écouteurs open-fit. Malheureusement, le défi était peut-être trop grand.

Et pour les conversations ?

Les ingénieurs de Huawei se sont creusé les méninges pour soigner la qualité des conversations téléphoniques. Si la position du micro (au bout de la branche) et son orientation sont importantes, le constructeur mise surtout sur la conduction osseuse. C’est la première fois que l’on retrouve une telle technologie dans ce type d’écouteurs. En gros, la puce K1 traduit les vibrations de votre mâchoire lorsque vous parlez pour retranscrire une voix plus claire.

Dans les faits, les Freebuds 3 s’en tirent convenablement, sans toutefois impressionner. Un (léger) cran au-dessus des Airpods (plutôt bons dans le domaine), ils assurent des conversations claires dans les environnements calmes et moyennement bruyants (métro, bus, voiture, restaurant). Néanmoins, ils peinent à filtrer les bruits parasites plus puissants : klaxons, sirènes, bruits de moteurs, passants ou annonces en gare passent entre les mailles du filet. Oubliez donc les conversations sur un vélo à 20 km/h promises par le constructeur.

Autonomie : le haut du panier

Huawei équipe chaque écouteur d’une batterie de 20 mAh et promet 4 heures d’écoute continue. Le boîtier, lui, embarque une batterie de 410 mAh soit (toujours selon Huawei) 20h d’autonomie en plus. Si les Freebuds 3 ne tiennent pas complètement leur promesse, ils figurent tout de même dans le haut du panier.

Nous avons pu les utiliser un peu plus de 3h30 avec la réduction de bruit active (volume 75%). Le boîtier, lui, autorise quatre recharges complètes soit près de 19h en mobilité. L’autonomie dépendra évidemment de votre utilisation. Avec la réduction de bruit active, le volume à 100% et quelques conversations, les Freebuds 3 tiennent 3 heures.

Huawei propose la recharge filaire en USB-C (80% en 30 minutes), mais ne fournit pas de bloc de charge, estimant certainement que celui de votre smartphone fera l’affaire. Les Freebuds 3 sont aussi compatibles avec la recharge par induction. Comptez 40% en 30 minutes.

Notre Verdict

Nous ne cachions pas notre enthousiasme lors de notre première prise en main des Freebuds 3 à l’IFA de Berlin. Plusieurs semaines plus tard, et après une analyse approfondie, les premiers écouteurs à réduction de bruit active nous laissent un sentiment de frustration. D’abord parce que nous saturons des copies d’Airpods et qu’une marque comme Huawei dispose de moyens conséquents pour se distinguer. Ensuite parce que les Freebuds 3 restent des écouteurs médiocres si vous ne disposez pas d’un smartphone Huawei sous EMUI 10. Enfin, parce que la réduction de bruit active relève davantage du discours marketing que de la vraie révolution. Ce bilan vous semble sévère ? Vous avez raison. Car, au quotidien, les Freebuds 3 restent de bons écouteurs. Peut-être en attendions-nous trop ?

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