Test HMD Pulse Pro : ce vrai-faux Nokia est-il aussi qualitatif que réparable ?
- Le design conçu pour améliorer la réparabilité
- Les kits de réparation vendus chez iFixit
- La bonne prise en main
- Le port microSDXC pour augmenter le stockage
- Le port jack 3,5 mm pour améliorer l'expérience audio
- Le design monochrome des icônes
- La très bonne autonomie
- Le prix
- La compatibilité Nokia OZO
- La définition 720p de l'écran
- La luminosité maximale
- La puissance du processeur
- La longueur de la recharge
- L'absence d'accessoires dans la boîte pour charger ou protéger le téléphone
- Les deux ans seulement de mise à jour
- L'inutilité chronique du capteur secondaire
- Le comportement global de l'autofocus
- La mauvaise gestion de la luminosité (ou son absence)
- Les zooms numériques granuleux dès le rapport 2x
En revenant sur le marché des smartphones, HMD a une idée aussi intéressante que différente : miser sur des produits abordables, réparables et fonctionnels, plutôt que sur une marque à la notoriété mondiale. Dépourvus de la griffe Nokia, les premiers smartphones de HMD issus de cette nouvelle stratégie s’appellent Pulse, Pulse+ et Pulse Pro. Et nous avons testé le meilleur d’entre eux. Verdict.
Vous ne connaissez peut-être pas la marque HMD. Mais vous avez peut-être utilisé un téléphone fabriqué par cette entreprise. En effet, HMD est le propriétaire d’une licence d’exploitation de la marque Nokia sur les feature phones et les smartphones. C’est à elle que nous devons par exemple la dernière version du Nokia 3310. Et la société continuera de créer des téléphones Nokia. Mais ce ne seront plus des smartphones.
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Petit cours d’histoire avant de démarrer. HMD est intimement lié à Nokia. La division grand public de la marque finlandaise fut rachetée par Microsoft. Puis celle-ci a été fermée et son équipe remerciée. Celui-ci a alors développé une nouvelle société, HMD, qui a racheté l’activité smartphone de Microsoft et la licence d’exploitation de Nokia. Et elle a développé une gamme de smartphones (et de feature phones) sous la marque emblématique.
Mais la sauce ne prend pas, même sur l’entrée de gamme. Les consommateurs préfèrent Huawei, Honor, Xiaomi ou Samsung. Si la marque coréenne est rassurante pour certains, d’autres se tournent vers la concurrence chinoise, symbole de rapport qualité/prix élevé. Avril 2024, HMD change de stratégie, abandonne la marque Nokia pour ses smartphones et mise sur la durabilité, l’écoresponsabilité et la réparabilité. Trois smartphones naissent de cette stratégie, dont le Pulse Pro que nous vous présentons ici. La décision a-t-elle été bonne ? C’est ce que nous allons découvrir dans ce test complet.
Prix et disponibilité
Le Pulse Pro est le smartphone le mieux équipé du catalogue « entrée de gamme » de HMD. En France, le prix public conseillé du smartphone est de 159,90 euros, soit une vingtaine d’euros de moins que dans le reste de l’Europe. Il n’existe qu’une seule configuration avec 6 Go de mémoire vive et 128 Go de stockage. Son petit frère, le Pulse, est proposé à 129,90 euros. Mais sa fiche technique est bien moins qualitative.
Au même prix, Xiaomi propose le Redmi 13C, par exemple. Chez Samsung, le produit le plus approchant est le Galaxy A15 4G, vendu 10 euros au-dessus. Chez Motorola, vous retrouvez le Moto G34 5G pour le même prix, quand ce dernier n’est pas en promotion. Le Moto G34 est certainement le meilleur concurrent du Pulse Pro. Voire le meilleur téléphone sur le segment sous la barre des 200 euros.
La force du Pulse Pro, comme les autres Pulse, est de proposer un écosystème de pièces détachées pour réparer le téléphone en cas de besoin. Au démarrage, il est possible de changer l’écran, la batterie, la coque arrière et le port USB-C. Les pièces et les outils sont officiellement vendus sur le site d’iFixit, spécialiste de la réparation de téléphone. Les pièces seront disponibles pendant au moins 5 ans. Les kits sont vendus entre 30 et 50 euros selon la pièce à changer.
Le Pulse Pro est proposé en trois coloris. Noir, très classique. Violet. Et vert, comme vous pouvez le découvrir avec la version testée ici. Dans la boîte, vous retrouvez le téléphone, un câble USB-C vers USB-C et une notice d’utilisation. Pas de coque ici, ni de chargeur adapté à la puissance acceptée par le téléphone. Un chargeur coûte entre 20 et 35 euros sur la boutique officielle. Une coque en plastique transparente y coûte généralement 25 euros.
Design
Le Pulse Pro est un smartphone visuellement assez classique. Vous pourriez retrouver un modèle très semblable dans le catalogue d’une autre marque que ce soit Realme, Oppo, Honor, Redmi ou Poco. Le format du module photo. Le positionnement des éléments techniques sur les tranches. Le design des tranches. Etc. À l’œil, ce smartphone ne dénote pas par rapport à la concurrence.
La coque est en plastique, sans surprise. La prise en main est assez agréable. Mais la finition brillante est sensible aux traces de doigt. Le module photo est très légèrement protubérant. Et il déséquilibre légèrement le téléphone quand il est posé sur une table. Ce module compte deux objectifs circulaires, ainsi qu’un flash LED. La protection semble être en verre minéral.
Les tranches sont également en polycarbonate. Vous y retrouvez les éléments usuels sans grande surprise. Le bouton de mise en marche cache un lecteur d’empreinte assez pratique (mais pas toujours très précis). Un port jack 3,5 mm est placé sur la tranche inférieure. Et un emplacement microSD est visible sur le tiroir de la carte SIM. Nous remarquons aussi l’absence d’un micro secondaire pour la réduction de bruit active pour les appels.
En façade, vous retrouvez un grand écran plat 2.5D avec des coins arrondis. Les bordures de cet écran ne sont pas protégées par le contour du téléphone, mais pas un contour noir assez fin. Il y a un poinçon pour le capteur selfie. Centré sur la bordure supérieure, ce poinçon souligne l’écouteur téléphonique caché entre l’écran et la tranche du téléphone. Contrairement à certains concurrents, il n’y a pas de protection d’écran installée par défaut.
La particularité esthétique de ce téléphone ne se voit pas. En effet, HMD a conçu ses téléphones pour qu’ils soient facilement réparables. Il n’y a donc pas de colle dans le châssis. Si bien que le téléphone supporte les éclaboussures, mais pas une immersion complète. En revanche, en passant un outil usuel entre l’écran et la coque en plastique, vous pouvez découvrir les entrailles de la bête. Au début, ce n’est pas très facile. Mais on prend vite le coup de main. Et c’est assez rapide. Il faut simplement faire attention aux connecteurs qui lient la carte mère et la coque en ouvrant.
Écran
Restons en façade pour étudier l’écran. Cette dalle mesure 6,55 pouces de diagonale. Le ratio est 20/9e. Il s’agit d’une dalle IPS et non AMOLED. Les smartphones à moins de 200 euros avec ce type de dalle sont encore assez rares. Mais ils existent quand même. Le Galaxy A15 est un bon exemple. Avec une dalle IPS, nous nous attendons à une luminosité moins élevée, des couleurs moins franches et à des contrastes moins profonds.
Notre sonde nous donne évidemment raison. L’écran du Pulse Pro affiche des couleurs correctes, avec un Delta E moyen qui atteint 4,6. Toutes les couleurs sont globalement concernées par ces écarts, même si les teintes de bleu prédominent plus que les autres. La température moyenne des couleurs dépasse les 7700°. Le blanc tire donc vers le bleu. Notez qu’il n’existe qu’un seul profil colorimétrique dans l’interface du Pulse Pro. Mais vous avez tout de même une option qui permet de réchauffer ou refroidir la dalle en fonction de vos gouts.
La luminosité maximale annoncée est de 480 nits sur l’ensemble de la dalle et 600 nits en extérieur, sous le soleil. Notre sonde parvient à un résultat assez proche, avec une luminosité manuelle maximale de 523 nits. C’est juste au-dessus des 500 nits qui nous paraissent être un minimum pour une expérience qualitative. Le taux de contraste est de 6650/1. Le gamma moyen est de 1,9. La réflectance de l’écran est assez élevée : vous avez beaucoup de reflets qui viennent gâcher l’expérience, notamment en extérieur.
La définition de l’écran n’est pas Full HD+, mais HD+ seulement. Soit 720 pixels en largeur et 1612 pixels en hauteur. Soit une résolution de 265 pixels par pouce. Cette définition est un peu trop légère à notre goût, que ce soit pour regarder une vidéo, jouer à un jeu ou même surfer sur Internet. Dans ce dernier cas, les polices de caractères manquent de finesse et peuvent devenir difficiles à lire. Chez Redmi et Motorola, vous retrouvez des chiffres équivalents. En revanche, Samsung propose du Full HD+ à un prix très légèrement supérieur.
Enfin, le taux de rafraichissement de l’écran du Pulse Pro peut atteindre 90 Hz. L’écran est donc 50 % plus fluide qu’un écran standard. Mais, c’est, une fois encore, dans la moyenne du marché. Et certains proposent mieux. C’est le cas de Motorola avec le G34 qui monte jusqu’à 120 Hz. Bien sûr, vous n’avez pas besoin en continu d’un taux à 120 Hz. Mais naviguer dans l’interface avec de belles animations ou scroller sur une page web avec un écran 120 Hz, c’est toujours plus agréable. L’absence de 120 Hz et de Full HD+ est, selon nous, une conséquence du choix du processeur dont nous parlerons dans la partie performance.
Interface
Une fois le smartphone allumé, vous arrivez sur l’interface HMD. Une interface plutôt sympa qui rappelle, dans une certaine mesure, celle des Nothing Phone. Plusieurs éléments visuels sont monochromes, notamment les icônes des applications. Il est presque dommage de constater que ces efforts ne concernent que les icônes. La personnalisation de l’interface ne touche en effet pas le menu de paramétrage ou les volets de notification et de réglage rapide. L’intention est donc bonne. Mais elle devrait aller plus loin pour ne pas décevoir.
Cette interface est basée sur Android 14. Si vous avez déjà eu un smartphone de Motorola, Samsung, Wiko ou encore Oppo, vous ne serez pas dépaysé avec le Pulse Pro, avec les mêmes options de navigation. Dans le menu de paramétrage, vous retrouvez les onglets habituels, mais rares sont les occasions d’y découvrir une fonction inédite. Seule grande différence, au premier démarrage, le système vous propose de créer votre compte HMD pour recevoir des offres commerciales.
Outre les applications obligatoires de Google, vous retrouvez une seule application signée du constructeur : HMD Home. Celle-ci intègre un lien direct vers le service client, une partie commerciale pour connaitre les dernières nouveautés de la marque, ainsi qu’un outil appelé « Santé de l’appareil ». Celui-ci scanne le smartphone et propose d’effectuer quelques réglages pour améliorer le fonctionnement de l’appareil. Si les experts trouveront cela inutile, les néophytes y apprendront quelques bonnes pratiques quotidiennes.
Bien sûr, le Pulse Pro profite aussi de quelques partenariats commerciaux. Il y en a six : Facebook, Booking, Amazon, Fitbit (qui fait partie de Google), Linked et Kindred. Pour ceux qui ne connaissent pas, Kindred, qui compte de nombreux homonymes sur l’App Store et le Play Store, est une application qui cherche des codes de réduction pour de nombreuses boutiques en ligne. Certains trouveront cela utile. Notez enfin que HMD promet deux ans de mise à jour d’Android et trois ans de patch de sécurité. Nous en aurions aimé un peu plus, surtout pour une marque qui revendique une certaine durabilité pour ces produits.
Performances
Parlons maintenant performances. Et dans ce domaine, le Pulse Pro n’égale pas la concurrence. Il se situe même dans le bas du panier. La raison est simple : HMD a opté pour un SoC peu gourmand, mais peu puissant. Il s’agit de l’Unisoc T606, un composant gravé en 12 nm. Il inclut huit cœurs cadencés à 1,6 GHz (même les plus puissants) pour le CPU et un seul cœur maigrichon pour le GPU Mali-G57. Quand, en face, la concurrence utilise des Snapdragon 695 ou des Helio G99, les performances du T606 sont… insuffisantes.
Notre unité de test dispose de 6 Go de mémoire vive que vous pouvez étendre avec de la RAM virtuelle. Mais cette fonction nous semble inutile ici : ce n’est pas la RAM qui va vous ralentir : c’est le processeur. Vous trouverez ci-dessous quelques résultats de benchmarks sans la RAM virtuelle. Et force est de constater que les chiffres sont plutôt bas, notamment quand vous comparez avec certaines plates-formes proposées par d’autres smartphones vendus au même prix.
Le T606 est peu performant. Que ce soit la navigation dans l’interface, la lecture de l’empreinte digitale, la capture de photo (notamment en soirée), le téléchargement d’applications, tout est sujet à quelques ralentissements. Et nous ne parlons pas du gaming : Honkai Star Rail, un jeu qui s’adapte particulièrement bien aux nombreuses configurations disponibles en téléphonie, manque cruellement de fluidité, même en conservant les réglages par défaut (graphismes « faibles »).
Mais il y a un avantage à cela : le smartphone ne chauffe jamais. Quel que soit le test auquel nous l’avons soumis, la température du processeur reste autour des 30°C, tandis que celle du téléphone se stabilise à 26°C. En outre, la stabilité de la plate-forme est excellente, puisqu’elle est supérieure à 95 %. Une caractéristique commune à toutes les plates-formes entrée de gamme.
Nous retrouvons cette étroitesse technique dans la connectivité. Le smartphone est compatible 4G, WiFi ac (sans Dual Band), Bluetooth 5.0 et NFC. Dans tous ces domaines (sauf le NFC), HMD aurait pu en offrir un peu plus… Le téléphone est donc facilement réparable, mais sera facilement dépassé dans un futur proche.
Autonomie et recharge
Pour alimenter cette plate-forme frugale, HMD a choisi une batterie plutôt généreuse de 5000 mAh, même si cette capacité est assez classique puisque tous les concurrents directs en offrent autant. Reste à savoir si cette batterie est capable de tenir autant sur la durée que celle des Moto G34, Galaxy A15 et autre Redmi 13C. La réponse est oui.
En effet, l’autonomie du Pulse Pro, selon le benchmark PCMark est plutôt élevé : plus de 22 heures en usage continu. Ce que nous traduisons par quasiment trois journées en usage standard (web, réseaux sociaux, casual gaming, photo, appels, streaming audio, etc.). Ce chiffre est atteint avec les réglages par défaut, notamment le taux de rafraichissement dynamique. En jeu, le Pulse Pro est capable de tenir entre 5 et 6 heures en continu, selon le jeu que vous utilisez.
Pour la recharge, un seul choix s’offre à vous ici : la charge filaire. Le Pulse Pro est compatible avec la charge 20 watts, ce qui est dans la moyenne du marché, entre le Moto G34 qui accepte 18 watts et le Galaxy A15 qui accepte 25 watts. Vous n’avez pas de chargeur dans la boîte du Pulse Pro, mais tout chargeur récent est en mesure de délivrer une vingtaine de watts (attention, le câble fourni est uniquement compatible USB-C).
Avec un chargeur standard, vous pouvez recharger le téléphone de 0 à 100 % en 2 heures environ. Ce n’est évidemment pas une expérience haut de gamme. Mais le Pulse Pro n’a pas cette prétention. Nous aurions cependant apprécié une charge un peu plus rapide, notamment sur la première heure. Voici nos mesures :
- 15 min : 18 %
- 30 min : 38 %
- 45 min : 53 %
- 60 min : 69 %
- 75 min : 83 %
- 90 min : 91 %
- 105 min : 98 %
Notez que le Pulse Pro profite de quelques fonctions pour soigner la batterie, notamment la charge programmée et la charge limitée à 80 %. Vous avez également quelques indicateurs d’utilisation et un compteur de cycle de charge.
Audio
Passons à la partie audio de ce test. Une partie audio en demie teinte : il y a du correct et du moins bon. Dans cette dernière catégorie, nous retrouvons notamment le haut-parleur mono situé sur la tranche inférieure du téléphone. Un composant qui fait clairement partie des points faibles.
D’abord, la qualité du son est très moyenne. En effet, ce haut-parleur privilégie les voix et les fréquences médiums. Mais les basses sont inexistantes. Et les fréquences élevées sont étouffées. Cela manque de rondeur. Cela manque de richesse. Ce n’est évidemment pas fait pour écouteur de la musique ou pour jouer à un jeu. En revanche, pour une conversation mains libres, c’est suffisant.
Ensuite, le haut-parleur manque de puissance : impossible de bien distinguer le contenu audio à moins de 30 % du curseur. Cela a cependant un avantage : les grésillements restent maitrisés quand le son est poussé à 100 %. En outre, HMD a inclus une fonction « extérieure » qui amplifie encore le son quand vous arrivez au maximum du curseur. Ce n’est pas très utile. Mais l’intention est bonne. Nous préférons l’expérience offerte par le Moto G34 de Motorola.
Autre détail de la catégorie moins bon : il n’y a pas de micro secondaire. Nous n’en attendions pas pour la captation vidéo. Même les smartphones à plus de 1000 euros n’en sont pas toujours pourvus. En revanche, nous sommes étonnés de constater l’absence d’un micro pour la réduction de bruit ambiant lors des conversations téléphoniques.
Passons maintenant à la seconde catégorie : le correct. Ici, nous y plaçons deux éléments. D’abord, le port jack 3,5 mm. Même s’il n’est pas compatible faible impédance, comme les connecteurs que vous retrouvez chez Asus par exemple, ce port permet tout de même de profiter de tous les contenus sans latence. En outre, il est associé à un tuner FM pour écouter la radio.
Ensuite, la technologie OZO, héritée de Nokia. Il s’agit d’une suite logicielle qui optimise l’expérience audio avec le haut-parleur, mais aussi avec les accessoires externes. À l’image du codec Dolby Atmos ou DTS-X, OZO permet d’adapter le rendu sonore en fonction du contenu. Cependant, OZO offre moins de granularité et moins de réglages possibles.
Photo et vidéo
Finissons ce test avec la photo. Et malheureusement, c’est sur une note négative que nous allons clore. Nous savions que le Pulse Pro aurait une proposition assez chiche dans ce domaine, parce que HMD est assez avare en détails techniques sur les capteurs. Et cela se confirme. Le Pulse Pro est équipé d’un capteur selfie à l’avant et de deux capteurs photo à l’arrière. Mais sur ces deux derniers, un seul prend des photos. Et c’est la première vraie déception photographique de cet appareil. Ce ne sera malheureusement pas la dernière. Faisons d’abord le tour de cette configuration :
- Principal : capteur 50 mégapixels, autofocus à mesure de contraste
- Profondeur : capteur 2 mégapixels
- Selfie : capteur 50 mégapixels
Il y a beaucoup de problèmes dans cette configuration. Le premier est l’inutilité du capteur secondaire. Pourquoi ? D’abord parce que la tâche qui lui incombe est très facile à prendre en charge autrement qu’en y dédiant un capteur. Ensuite parce qu’il est très déceptif de se rendre compte qu’un seul capteur prend des photos quand on s’attend à ce qu’il y en ait deux.
Deuxième problème, la définition du capteur principal est peut-être un peu trop élevée pour le processeur d’image de l’Unisoc T606. La prise de vue est excessivement longue, du flou désagréable venant gâchant de nombreuses photos. Nous aurions préféré un capteur 12 mégapixels plus réactif, avec un autofocus qui tienne la route. D’autant que le capteur principal prend justement par défaut des photos en 12 mégapixels.
Heureusement, les résultats offerts par ce capteur 50 mégapixels sont corrects. Les scènes sont plutôt bien respectées, même si la reproduction des couleurs est parfois un peu terne et froide. Le HDR n’est pas trop prononcé, pour un résultat assez naturel. Les portraits sont, heureusement, un exercice où le smartphone s’en sort bien, même si le détourage manque de précision. Le niveau de détail est bon. Les textures respectées. Et les couleurs naturelles.
Mais cela n’est valable que si les conditions de lumières sont bonnes. Si les scènes trop contrastées sont à éviter, parce que le capteur fera des choix qui ne seront pas toujours pertinents, les contre-jours sont vraiment à proscrire. Le capteur ne parvient jamais à contrebalancer l’afflux de lumière.
En soirée, cela se dégrade plus encore. Le piqué est faible. Les contrastes sont bas. Et les détails se perdent dans les ombres. Heureusement, le mode nuit est là pour sauver quelques clichés. Il augmente les contrastes, il rééquilibre la luminosité et il apporte même de la netteté. Mais il faudra se montrer patient : la capture en mode nuit est d’une lenteur immense. Si lent qu’ils provoquent des ratés.
L’autofocus est vraiment l’un des points faibles de ce capteur. Il est très lent : impossible de prendre un sujet en mouvement, comme une voiture, même en anticipant la prise de vue. Et le mode « sport » n’arrange rien. Même avec son fameux capteur pour le calcul des distances, le Pulse Pro parvient à faire des portraits flous. En outre, il a des difficultés à faire le point : il va perdre sa focale, recommencer la mesure et reperdre sa focale. C’est notamment le cas en soirée où les clichés sont rarement nets et précis.
Le zoom numérique est lui aussi un point faible. Il n’est pourtant pas très profond, puisqu’il monte à 6x. Mais, à deux fois, nous constatons déjà du lissage sur les textures et des détails perdus, même en pleine journée. Et évidemment cela va de mal en pis en augmentant le rapport. Cela nous parait très étonnant : nous avons déjà testé des smartphones avec un capteur principal 50 mégapixels et zoom optique uniquement qui offre de très bons résultats jusqu’à 10x. Ici, impossible.
En vidéo, le Pulse Pro peut filmer en 1080p à 30 images par seconde maximum. Le zoom numérique peut monter jusqu’à 3x. Et le résultat est très similaire à celui obtenu en photo. Quelques mots enfin sur le capteur selfie dont les résultats sont moins probants qu’avec le capteur principal. Les couleurs sont moins franches, plus jaunâtres. Le piqué est plus faible. Les textures sont plus lisses. Le détourage reste correct (comme quoi, le capteur dédié n’est pas toujours utile). La mise au point connait aussi quelques ratés, ici.
Conclusion
Prenant exemple sur certains concurrents, le Pulse Pro tient une partie de ces promesses, mais pas toutes. Oui, le smartphone semble plus durable, grâce à une construction qui facilite la réparation du téléphone. Oui, le smartphone offre une expérience très correcte pour une utilisation standard. Et ça, c'est positif.
Mais il y a quand même quelques défauts. Et certains ne sont pas négligeables. Nous parlons de la puissance de la plate-forme. Nous parlons de la photographie. Nous parlons du haut-parleur principal. Nous parlons de la recharge. Sans oublier la connectivité sans fil qui n'est pas “future proof”. Pour un prix voisin ou identique, la concurrence offre mieux. Chez Motorola ou chez Samsung notamment. Évidemment, aucun autre téléphone ne propose de réparer son smartphone soi-même. Mais cela contrebalance-t-il suffisamment le reste du bilan ? Pas sûr.
Le HMD Pulse Pro convient bien à ceux qui cherchent un téléphone qui durera dans le temps et qui en ont un usage assez sage. Réseaux sociaux. Surf sur Internet. Streaming audio et vidéo. Voire un peu de casual gaming. En revanche, pour les usages plus experts, le Pulse Pro n'a pas les épaules pour les assumer. Notamment au niveau de la photo où le téléphone montre rapidement ses limites. L'idée de créer des téléphones faits pour être réparables est pourtant bonne. Trop peu de téléphones ont cette volonté affichée. Nous encourageons donc HMD dans cette démarche. Reste à soigner l'offre qui accompagne cette stratégie.
- Le design conçu pour améliorer la réparabilité
- Les kits de réparation vendus chez iFixit
- La bonne prise en main
- Le port microSDXC pour augmenter le stockage
- Le port jack 3,5 mm pour améliorer l'expérience audio
- Le design monochrome des icônes
- La très bonne autonomie
- Le prix
- La compatibilité Nokia OZO
- La définition 720p de l'écran
- La luminosité maximale
- La puissance du processeur
- La longueur de la recharge
- L'absence d'accessoires dans la boîte pour charger ou protéger le téléphone
- Les deux ans seulement de mise à jour
- L'inutilité chronique du capteur secondaire
- Le comportement global de l'autofocus
- La mauvaise gestion de la luminosité (ou son absence)
- Les zooms numériques granuleux dès le rapport 2x