Test Huawei FreeClip : un style affirmé pas toujours facile à assumer
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Sur la trace des Linkbuds de Sony, Huawei lance les Free Clips, des écouteurs qui ciblent les télétravailleurs et les réfractaires à la réduction de bruit active. Mais ce qui choque au premier regard, c’est ce design étonnant, entre le piercing et le bijou fantaisie. Une ergonomie qui ne peut pas plaire à tout le monde. Explications.
Mars 2020. L’épidémie de Covid-19 frappe tous les pays, dont la France. Le gouvernement contraint les Français à se confiner et à travailler à distance. Quatre ans plus tard, le télétravail est devenu une habitude pour de nombreux employés. Plusieurs fois par semaine, ils préfèrent rester à leur domicile pour des questions pratiques ou pour profiter du calme que les open-spaces ne peuvent proposer.
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Pour tous ceux qui travaillent chez eux, loin du brouhaha des bureaux, Sony a lancé en 2022 les Linkbuds, des écouteurs en forme de donuts dont le but est d’offrir une très bonne qualité audio, sans isoler les utilisateurs. Lors de nos tests, nous avons constaté que la promesse est tenue, mais le produit devient inutilisable dans des environnements plus bruyants : dans la rue, dans les transports, dans une salle bondée, etc.
Si Sony n’a pas renouvelé l’expérience et a préféré créer des Linkbuds S plus classique, l’idée n’est pas morte pour autant. Huawei la reprend à son compte avec les FreeClip, en y ajoutant une composante esthétique inédite. Que valent ces écouteurs aux faux airs de piercing, au niveau audio, au niveau usage et au niveau maintien ? C’est ce que nous allons découvrir dans ce test.
Prix et date de disponibilité
Le prix public conseillé des FreeClip de Huawei est de 199 euros. Ils se positionnent donc en haut du catalogue audio de Huawei. Les FreeClip sont plus chers que les Freebuds 5, une autre paire d’écouteurs sans réduction de bruit active. Ils sont aussi chers que les Freebuds Pro 3.
À 199 euros, les FreeClip doivent se mesurer à une forte concurrence. Vous retrouvez les AirPods de 3e génération chez Apple, les Honor Earbuds 3 Pro chez Honor, les Motif de Marshall ou encore les Momentum True Wireless 3 chez Sennheiser. La plupart sont équipés de la réduction de bruit active. Les XM4, avant-derniers écouteurs haut de gamme de Sony (remplacés depuis par les XM5), sont proposés à 229 euros. Les Galaxy Buds2 Pro de Samsung et les Elite 8 Active de Jabra sont vendus moins chers, 179 euros.
Les FreeClip sont disponibles depuis décembre 2023 en France. Ils se déclinent en deux coloris : noir et violet. Dans l’emballage, outre les écouteurs, vous retrouvez également le boîtier pour recharger les écouteurs, un peu de lecture et un câble USB-C. Il n’y a pas d’embout supplémentaire, compte tenu du format des écouteurs.
Design
Entrons dans le vif du sujet avec le design du produit. Les FreeClip sont visuellement constitués de deux parties rigides, reliées par un câble. Nous reviendrons sur ce dernier d’ici quelques lignes. Mais commençons par la partie sphérique de l’accessoire. Il s’agit de l’écouteur, avec le diaphragme qui produit le son. Cette sphère est en plastique brillant. Vous pouvez y voir deux ouvertures : une grille à l’opposé du câble pour la sortie sonore et deux petites fentes près du câble pour les micros dédiés à la réduction de bruit active.
L’autre partie de l’écouteur ressemble à un haricot. Vous y retrouvez plusieurs éléments importants. D’abord la batterie pour alimenter l’ensemble. Nous en reparlerons dans la partie dédiée de ce test. Ensuite deux connecteurs sur le dessous pour recharger les écouteurs. À l’opposé, vous avez deux microphones pour réduire le bruit ambiant et capter votre voix pendant les appels. À l’intérieur, vous avez aussi quelques capteurs : un accéléromètre couplé à un gyroscope, un capteur pour la détection de la voix et un capteur capacitif.
Le câble qui relie les deux parties de chaque écouteur est également intéressant. Celui-ci n’est pas très souple, mais accepte tout de même quelques légers mouvements. Vous pouvez notamment écarter les deux parties de l’écouteur pour fixer l’appareil autour de votre oreille. Le câble n’est pas tactile. Nous y reviendrons. Et il intègre des fils spéciaux qui adaptent le serrage autour de l’oreille.
Chaque écouteur pèse 5,6 grammes. Et cela ne se ressent pas, parce que le poids est bien réparti. L’écouteur va ensuite utiliser les forces de frottement pour rester en place. Et ce même si vous faites du sport : le maintien reste excellent en mouvement. En revanche, même si vous pouvez rapidement les oublier, porter les écouteurs plusieurs heures peut s’avérer désagréable. Et ce malgré le serrage « adaptatif ». C’est un peu dommage. Enfin, les écouteurs sont certifiés IP54 contre les éclaboussures et la sueur. Vous pouvez donc courir avec sous la pluie sans vous inquiéter.
Finissons ce tour du propriétaire avec le boîtier de charge. Reprenant la rondeur de l’étui des Freebuds 3 Pro (sans être ovoïde comme celui des Freebuds 5), il adopte un format horizontal et s’ouvre sur le dessus. Le port USB-C se trouve à la base. Le bouton d’appairage est sur la droite (pour être plus pratique pour les droitiers…). Et à l’avant, vous retrouvez la griffe de la marque et la LED de notification de charge.
En ouvrant le boîtier, vous pouvez voir quatre emplacements qui correspondent aux parties rigides des deux écouteurs. Les deux emplacements centraux accueillent les connecteurs de charge. Les emplacements sont indifférenciés : vous pouvez mettre n’importe quel écouteur à n’importe quel endroit, cela n’a aucune importance. Aucun autre boîtier ne permet cela.
Expérience audio
Le design de ces écouteurs permet-il d’obtenir un bon son ? C’est ce que nous allons voir dans cette partie. Notez tout d’abord que l’expérience offerte par les FreeClip dépendra beaucoup de la bonne position de l’écouteur sur l’oreille. Si la petite boule avec l’écouteur n’est pas bien positionnée, le son sera étouffé. Et trouver la position optimale demande au départ quelques essais.
Cette position optimale est la suivante : il faut placer l’écouteur à la sortie du conduit auditif et la batterie derrière le pavillon de l’oreille. Puis, il faut glisser la batterie le long du pavillon afin d’orienter le haut-parleur vers le conduit auditif. Vous constaterez alors que le son est beaucoup plus fort et riche. Sinon, il est très faible et l’expérience est beaucoup moins qualitative.
Notez d’ailleurs que la puissance sonore est nativement assez élevée : il n’est pas nécessaire de pousser le volume trop haut avec les FreeClip. Nous n’avons jamais atteint les 50 % du volume durant nos tests, même en extérieur. Et étonnamment, malgré le design ouvert, vos voisins n’entendent jamais ce que vous écoutez. Monter le son au-dessus de 50 % est franchement déconseillé. Cela peut être utile uniquement pour les sources audio très faibles.
Une fois que vous avez trouvé la position la plus confortable, les FreeClip offrent un son de très bonne qualité. L’accent est mis sur les médiums, lesquels profitent d’une clarté élevée. Les détails sont nombreux. Et vous redécouvrirez la complexité de certains morceaux. Mettre l’accent sur les médiums renforce également la qualité de l’expérience quand vous regardez un film ou pendant un appel, puisque les voix sont bien isolées.
Tout n’est cependant pas parfait. D’un côté, les aigus nous semblent un peu étouffés. Les tintements se perdent dans le flot des médiums. De l’autre côté du spectre, les basses manquent de présence et de rondeur. Des écouteurs intra-auriculaires utilisent la conduction osseuse pour renforcer les fréquences basses. Évidemment, les FreeClip ne peuvent pas en profiter. D’où une présence moins profonde des basses.
Évoquons également le confort d’écoute en fonction des environnements. Les FreeClip offrent une excellente expérience en intérieur, chez vous ou au bureau. En ajustant finement le son, vous pouvez continuer d’écouter de la musique pendant une conversation orale. C’est pratique. Dans la rue, les FreeClip restent pertinents. En effet, l’écouteur est orienté vers le conduit auditif, permettant au son de couvrir les bruits ambiants sans monter le volume. Et vous restez en contact avec votre environnement pour éviter les accidents. L’expérience en extérieur est donc meilleure ici qu’avec les Linkbuds de Sony.
Dans les transports, les FreeClip perdent en pertinence. En effet, dans cet environnement très bruyant où vous n’avez pas besoin d’être alerte, vous avez besoin de l’isolation phonique et de la réduction de bruit active. Et les FreeClip ne peuvent vous apporter cela. De même, si un voisin fait des travaux chez lui et que l’immeuble en tremble, vous aurez également des difficultés à profiter de votre musique.
Finissons avec les codecs. Les FreeClip prennent en charge le classique SBC et AAC, ainsi que le LC3, un codec Bluetooth censé remplacer à terme le SBC. Ils sont accompagnés par un quatrième codec : le L2HC. Il s’agit d’un codec audio HD développé par Huawei et utilisé par la marque dans ses produits électroniques depuis plusieurs années. Il propose deux modes d’écoute : priorité à la qualité et priorité à la stabilité. Dans les deux cas, le codec va optimiser le taux d’échantillonnage selon le choix de l’utilisateur.
Interactivité
Abordons maintenant les fonctions interactives des écouteurs. Dans cette partie du test, nous abordons toutes les fonctions qui ne sont pas liées à l’audio. À commencer par la détection du port. Si vous enlevez l’un des deux écouteurs, la musique s’arrête automatiquement. Et elle se relance si vous remettez les deux écouteurs. C’est très pratique. Attention, cela ne fonctionne pas avec tous les appareils : un smartphone, oui, un ordinateur, pas forcément.
Autre fonction très pratique des FreeClip, ils s’inversent automatiquement. En effet, grâce à leur design symétrique, vous n’avez pas besoin de toujours mettre le même écouteur à gauche ou à droite. Grâce à l’accéléromètre, ils identifient à quelle oreille ils sont accrochés.
Les FreeClip sont compatibles « H-Protect ». Ils peuvent donc être localisés à partir du smartphone, si vous les perdez. Attention, cette fonction vous oblige à disposer d’un compte Huawei. Vous pouvez aussi faire sonner chacun des deux écouteurs. Encore faut-il qu’il soit allumé, connecté au smartphone et à proximité.
L’un des points faibles des FreeClip est le manque de contrôle tactile. Vous pouvez tapoter plusieurs fois le câble, l’écouteur ou le haricot afin d’interagir avec les écouteurs grâce à l’accéléromètre intégré. Vous pouvez tapoter deux ou trois fois et vous pouvez personnaliser les actions associées. En revanche, le câble n’étant pas tactile, vous ne pouvez pas glisser sur le câble, afin de contrôler le volume sonore. Cela vous oblige à contrôler le volume à partir du téléphone.
Évoquons également la latence des écouteurs. Les FreeClip sont compatibles Bluetooth 5.3, une version qui réduit, théoriquement, le délai entre l’affichage et le son. Faut-il encore que votre smartphone (ou le produit auquel les écouteurs sont connectés) soit compatible avec cette norme. La très grande majorité des smartphones haut de gamme sortis en 2023 sont heureusement compatibles Bluetooth 5.3. Mais ce n’est pas forcément le cas : le P60 Pro, par exemple, ne prend en charge que le Bluetooth 5.2. Pour compenser, Huawei propose une latence dynamique qui réduit le délai pour les jeux, sans la supprimer pour autant.
Notez aussi que les écouteurs peuvent être connectés à deux appareils en même temps et le passage de l’un à l’autre est automatique. Vous pouvez assigner les écouteurs à davantage de sources, mais la connexion simultanée est limitée à deux. La gestion de la source audio est manuelle, comme avec de nombreuses autres paires d’écouteurs. Elle se fait par le biais de l’application AI Life ou via HarmonyOS. Vous pouvez également assigner un appareil « préféré » auquel est écouteurs se connecteront prioritairement. Attention, si vous utilisez un iPhone, les fonctions interactives sont plus limitées.
Batterie
Parlons maintenant de la batterie. Ou plutôt des batteries, puisque vous en retrouvez une dans chaque écouteur et une dernière dans le boîtier. La première offre une capacité de 55 mAh, comme les Freebuds 3 Pro. C’est 12 mAh de mieux que pour les récents Freebuds 5. La dernière batterie profite d’une capacité assez classique de 510 mAh. Les autres écouteurs de Huawei profitent d’un accumulateur similaire.
Huawei promet 8 heures de lecture en continu et le boîtier permet de recharger les écouteurs 3 fois et demie, environ, pour un total de 36 heures. Et la promesse est relativement bien tenue. Nous avons perdu, pendant nos tests, 20 % de batterie sur les écouteurs en 90 minutes d’écoute musicale environ. Soit une autonomie totale de 450 minutes environ (7 heures et 30 minutes).
Notez que l’autonomie des écouteurs dépend également beaucoup de l’usage. Si vous optez pour la qualité de la connexion plutôt que la qualité audio, vous aurez une autonomie légèrement meilleure, puisque vous passez sur la qualité standard et non HD. De même, plus vous passez d’appels, plus l’autonomie tendra vers les 5 heures, autonomie annoncée pour les appels.
Pour recharger le boîtier, vous avez le choix entre la charge filaire, avec le câble USB-C fourni dans la boîte, et la charge sans fil, si vous avez un chargeur compatible. Comptez une bonne heure pour recharger à 100 % l’étui et les écouteurs d’une seule traite. Selon Huawei, le cycle de charge complet avec un chargeur sans fil est plus de deux fois plus long. C’est bien pour une charge nocturne par exemple. Pour recharger les écouteurs, il vous faut un peu moins d’une demi-heure. Voici nos mesures intermédiaires :
- 15 % en 5 minutes
- 70 % en 15 minutes
- 80 % en 20 minutes
Application pour smartphone
Les FreeClip sont nativement compatibles avec les autres produits de Huawei. À la première ouverture du boîtier, si vous êtes l’heureux propriétaire d’un P60 Pro, par exemple, vous aurez la bonne surprise de voir apparaitre une notification sur l’écran du smartphone qui vous invite à appairer le téléphone et les écouteurs. En outre, vous n’avez besoin d’aucune application supplémentaire pour gérer les écouteurs, même la mise à jour du firmware. Et ça, c’est chouette.
Si vous utilisez un smartphone d’une autre marque, il vous faut passer par une application, nommée AI Life. Cette application est compatible avec iOS et Android. Vous pouvez y renseigner votre compte Huawei. Mais certaines fonctions qui utilisent ce compte, notamment la géolocalisation, ne sont pas toujours présentes dans l’application.
Dans sa version Android, AI Life propose le « Hub de connexion » pour passer d’un appareil à un autre, les « effets sonores » pour affiner le profil audio des écouteurs selon vos goûts, la personnalisation des gestes (tapotement), ainsi que la mise à jour du firmware des écouteurs.
La version iOS est légèrement différente. La localisation est proposée (mais pas la géolocalisation), alors que la gestion des sources audio (double connexion) n’est pas accessible. Notez que Huawei offre aux utilisateurs d’iPhone la possibilité de mettre à jour le firmware des FreeClip. D’autres constructeurs ne permettent pas cette manipulation sur la version iOS de leurs applications.
Notez enfin que vous pouvez toujours connecter les écouteurs à un ordinateur. Mais vous ne serez pas en mesure de paramétrer finement l’accessoire (personnalisation des commandes, gestion des appareils connectés), parce que l’application AI Life n’existe pas sur Windows et macOS. Si vous voulez utiliser les FreeClip avec un ordinateur, nous vous conseillons donc de les connecter avant à un smartphone et de paramétrer ce dernier en tant qu’appareil de préférence.
Conclusion
Les FreeClip sont des écouteurs qualitatifs qui répondent bien à la problématique pour laquelle ils ont été conçus : offrir un son qualitatif sans se couper du monde extérieur. C’était aussi la promesse des Linkbuds de Sony. Et force est de constater que Huawei y parvient un peu mieux, grâce à ce haut-parleur orienté vers le conduit auditif.
Mais, comme les Linkbuds, les FreeClip ont le même défaut majeur : leur pertinence est inversement proportionnelle au bruit ambiant. Au contraire, les écouteurs intra-auriculaires à réduction de bruit active sont pertinents dans tous les environnements, notamment les plus bruyants. En outre, ils offrent un spectre sonore plus large, notamment au niveau des basses, grâce à l’appui sur le cartilage de l’oreille. C’est aussi l’un des défauts des écouteurs ouverts. Les FreeClip sont donc un meilleur kit mains libres qu’un casque pour les contenus audiovisuels.
Pour séduire, les FreeClip s’appuient donc sur un design étrange, moitié bijou fantaisie, moitié piercing qui ne se marie pas forcément avec toutes les personnes. Si vous ne souhaitez pas passer inaperçu, les FreeClip sont parfaits. Mais si vous cherchez des écouteurs plus conventionnels, il vous faudra évidemment passer votre chemin.
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Les FreeClip sont d'étonnants écouteurs qui répondent très bien au besoin pour lequel ils ont été créés : offrir un son qualitatif à ceux qui ne souhaitent pas être isolés de leur environnement. Même si le produit n'est pas sans défaut, il parvient à allier performances sonores et design ouvert. Mais ce qui freinera certainement l'utilisateur, ce n'est pas son prix, identique à celui des AirPods d'Apple, mais bien son ergonomie très particulière.
- Un design hors du commun
- Une bonne expérience audio compte tenu du design
- La connexion simultanée à deux appareils
- La compatibilité iOS et Android
- La bonne autonomie
- On reste connecté à son environnement
- Un design très clivant
- Les porter longtemps peut faire un peu mal
- La pertinence qui baisse hors de chez soi
- Des basses et des aigus trop justes
- Le manque de possibilité sur les contrôles tactiles
- Les différences de compatibilité entre les OS