Test Huawei Mate X3 : un design hors du commun… et le prix qui va avec
-
2172.83€
-
4599€
Huawei n’abandonne pas. Après l’excellent P60 Pro, voici le Mate X3, cinquième smartphone pliant de la marque chinoise. Pourvu d’un superbe design tout en finesse, il va chasser sur les terres de Samsung et du Galaxy Z Fold 4. Toujours privé des briques techniques de Google, le Mate X3 offre quasiment tout ce qu’il faut pour travailler en situation de mobilité. Et les autres usages ? Réponse dans ce test complet.
-
Rakuten2172.83€
-
Amazon4599€
Qui sont les marques les plus impliquées sur le marché des smartphones pliants ? Il y a Samsung, bien évidemment. La firme coréenne a déployé une dizaine de modèles ces quatre dernières années. Il y a Motorola, Honor, Oppo, Vivo ou encore Xiaomi. Mais la deuxième marque la plus active sur ce segment reste… Huawei, avec huit modèles, dont le Mate X3, officialisé en mai 2023. Avec les Mate X et Pocket, Huawei se positionne comme le principal concurrent de Samsung sur le segment des pliants.
Lire aussi – Test Asus Zenfone 10 : petit et puissant, comme Ant-Man !
Une ambition qui a naturellement été bridée par l’embargo sur les technologies américaines. Qu’à cela ne tienne : Huawei persévère. Et c’est tant mieux, car l’entreprise propose d’excellents produits qui font bouger les lignes. Nous en voulons pour preuve le P60 Pro que nous avons longuement testé et qui sert aujourd’hui à produire les photos d’illustration de certains de nos articles (dont celui que vous lisez actuellement). Et nous le voyons encore maintenant avec le Mate X3, successeur direct du Mate Xs 2 de 2021. Quels sont les arguments qui font de ce téléphone un modèle un peu spécial ? C’est ce que nous allons voir dans ce test complet.
Prix et disponibilité
Le Mate X3 est un produit très haut de gamme. Et son tarif le confirme : 2199 euros. Cela représente une augmentation de 200 euros par rapport au Mate Xs 2. Le Mate X3 ne se décline qu’en une seule configuration avec 12 Go de mémoire vive et 512 Go de stockage. En revanche, vous pouvez l’acquérir en deux coloris : la version noire, qui tire plutôt vers le gris, et la version verte présentée dans ce test. Le revêtement des deux versions est identique.
A 2199 euros, le Mate X3 devient le plus cher de tous les smartphones pliants sur le marché français. A titre de comparaison, le Galaxy Z Fold 4 a été lancé à partir de 1799 euros. Mais sa version la plus onéreuse, avec 1 To de stockage, est proposé à 2159 euros. Le Magic Vs de Honor est quant à lui beaucoup plus accessible : il est vendu à 1599 euros, alors que la configuration est identique.
Le Mate X3 est disponible en France depuis le 9 mai 2023. Il est commercialisé à la boutique physique de Huawei à Paris, ainsi que sur le site marchand de la marque. Vous le trouvez également chez Amazon et chez SFR.
Dans la boîte, vous retrouvez le smartphone, bien entendu, ainsi que quelques accessoires : un câble USB-A vers USB-C, une prise murale, délivrant une puissance adaptée à ce qu’accepte le Mate X3, et une coque de protection qui s’installe sur la partie extérieure du téléphone où se trouve le bloc photo.
Design
L’atout majeur du Mate X3 face à la concurrence est évidemment son design. En effet, le Mate X3 est le smartphone pliant le plus fin du marché (jusqu'à ce jour). Que ce soit plié (11,8 mm) ou déplié (5,3 mm, sans le module photo). Il est également le plus léger, ne pesant que 239 grammes dans sa version en verre minéral (ou 241 grammes dans la version cuir vegan). Si ces chiffres ne paraissent pas surprenant comme ça, cela devient évident une fois en main, tant le produit est étonnamment fin et léger. Le concurrent le plus proche est le Mix Fold 2 de Xiaomi.
Et il faut évidemment comparer avec les autres smartphones pliants. 1 mm sépare le Mate X3 et le Galaxy Z Fold 4 quand ils sont dépliés. Et la différence monte entre 2,4 et 4 mm quand ils sont pliés. La différence varie puisque le modèle de Samsung souffre d’un écart entre ses deux parties quand il est fermé. Ce n’est pas le cas du Mate X3 (comme pour la plupart des concurrents). Face à l’iPhone 14 Pro Max, le Mate X3 n’est pas beaucoup plus épais et son poids est identique.
La charnière du Mate X3 n’est pas crantée comme celle du Galaxy Z Fold 4. Mais elle permet tout de même d’ouvrir partiellement le téléphone et de le poser sur une table à plat (sur l’écran externe). Si vous l’ouvrez trop, il risque tout de même de basculer sur la charnière (celle avec le module photo), voire même de s’ouvrir complètement. Comme tous les autres smartphones pliants. La limite se situe autour des 145°.
Pour le reste, le Mate X3 est physiquement un concurrent du Fold assez classique. Sur une partie de la face externe, un écran externe avec poinçon pour un capteur selfie et du verre minéral Kunlun Glass. Sur l’autre partie, un module photo circulaire et protubérant typique des « Mate ». Notre version test est habillé de cuir vegan qui donne un cachet premium au téléphone et l’empêche de garder les traces de doigt. Il existe également une version habillée de verre minéral beaucoup plus salissante.
L’écran externe est protégé des infiltrations d’eau et de poussière par une bordure en plastique assez classique. Un poinçon pour un capteur selfie est présent dans le coin supérieur droit. Quand il est ouvert, cet écran est naturellement marqué par une pliure. Celle-ci est modérément visible à l’oeil nu (notamment à cause des reflets) et se sent légèrement sous les doigts. Bien sûr, cela s’accentue avec le temps, à force d’ouvrir ou de fermer le Mate X3.
Les tranches sont couvertes d’aluminium où vous retrouvez tous les éléments habituels : contrôle du volume, bouton de mise en marche (cachant un lecteur d’empreinte digitale), deux haut-parleurs symétriques et opposés (qui vous obligent à pivoter le téléphone pour profiter de la stéréo), un port USB-C, trois microphones (deux sur la tranche inférieure et un sur la tranche supérieure), le tiroir de la carte SIM et un capteur infrarouge. Deux des micros servent pour la réduction de bruit active.
Ecrans
Parlons maintenant des deux écrans du Mate X3, dont les tailles n’ont que très peu évolué depuis le Mate Xs 2. Ils sont assez proches de la concurrence en terme de taille, sauf Samsung qui proposent (à l’heure où nous écrivons ces lignes) des dalles légèrement plus petites en surface. Dans ces deux écrans, Huawei a mis assez de soin pour offrir une expérience qualitative. Mais la firme chinoise ne se distingue ici pas autant que sur le design. Elle est même en retrait face à Xiaomi ou Vivo. Regardons pourquoi.
Ecran externe
Commençons avec le cover screen qui, au quotidien, est plus utile que l’écran interne. Cette dalle mesure 6,4 pouces, une taille dans la moyenne du marché des smartphones, pliants ou non. Ce n’est pas le plus grand cover screen, même chez Huawei (le Mate Xs 2 profitant d’une dalle légèrement plus grande), mais ce n’est pas la plus petite non plus, Samsung étant encore un peu en retrait dans ce domaine.
Le ratio est 20,9/9e. Soit quasiment le 21/9e dont nous avons l’habitude. Huawei ne fait pas dans l’originalité, comme Samsung avec le Z Fold 4. Avec des proportions habituelles, le smartphone se manipule comme un autre quand il est fermé, que ce soit pour envoyer des messages, regarder des vidéos ou jouer. De même pour la définition : il s’agit d’un classique Full HD+. La résolution monte ainsi jusqu’à 426 pixels par pouce, comme la concurrence. Il n’y a cependant pas besoin de plus pour offrir une expérience premium.
La nature de l’écran est OLED pour des contrastes infinis et des noirs profonds. La dalle est compatible sRGB et DCI-P3, bien évidemment. Et les couleurs sont relativement bien respectée à en croire notre sonde. En mode « couleurs normales », le Delta E moyen est de 2,0 et la température des couleurs est pile à 6500°. Soit un blanc parfait. En mode « couleurs vives », la dalle est évidemment plus saturées, les blancs tirant vers le bleu.
La luminosité de la dalle est correcte, puisqu’elle frôle les 500 nits en mode manuel et peut monter jusqu’à 1000 nits en mode automatique, quand le smartphone est utilisé en extérieur et en plein soleil. La lisibilité reste bonne, même si la réflectance du verre Kunlun (qui protège l’écran) est sensible.
Dernier point sur cet écran, le taux de rafraichissement monte désormais à 120 Hz, contre 90 Hz avec son prédécesseur. Il y a donc une amélioration au niveau de la fluidité d’affichage. Il y a trois réglages possibles, entre manuel 120 Hz, manuel 60 Hz et automatique. Avec ce dernier, configuré par défaut, l’écran va jongler entre 120 Hz, 90 Hz et 60 Hz en fonction des contenus et des interactions. Cela permet d’offrir une bonne fluidité tout en optimisant l’autonomie. Nous aurions bien évidemment préféré que la dalle soit LTPO afin d’offrir une meilleure granularité du taux de rafraichissement et, surtout, la possibilité de descendre sous les 60 Hz pour les films ou les images fixes.
Ecran interne
Ouvrons maintenant le smartphone et découvrons l’écran interne. Celui-ci n’évolue que très peu par rapport à celui du Mate Xs 3. La fiche technique ne mentionne qu’une petite augmentation de la taille de l’écran, passant de 7,8 pouces à 7,85 pouces. Autant dire que la différence n’est pas flagrante. Vous aurez remarqué que cette augmentation de la taille ne signifie pas une optimisation de l’espace : le smartphone a légèrement grandit en hauteur et en largeur pour compenser.
Le ratio reste le même (10,1/9e). La définition s’adapte légèrement (quelques pixels en plus en hauteur et en largeur). Et la résolution reste identique à 425 pixels par pouce. Une fois encore, il n’y a pas besoin de plus ici, puisque cette dalle se prête davantage à un usage professionnel (consultation et modification de documents), à la lecture, voire au jeu vidéo (si les applications prennent en charge le ratio quasiment carré de l’écran). La finesse de la dalle est bien suffisante pour lisser les polices de caractères et les textures.
Comme le cover screen, l’écran interne s’appuie sur la technologie OLED, promesse de noirs profonds et de contrastes accentués. Nous retrouvons ici aussi une colorimétrie très respectueuse de l’échantillon sRGB : notre sonde nous indique que le Delta E moyen est de 1,9 seulement et la température moyenne atteint 6371° en mode « couleurs normales ». Comprenez que le blanc est très légèrement jaune, mais que cela est imperceptible à l’oeil nu. Avec le mode « couleurs vives », les teintes sont plus saturées, mais moins que sur le cover screen.
Le taux de rafraichissement de l’écran interne est identique à celui du cover screen : 120 Hz au maximum (comme pour le Mate Xs 2), avec la possibilité de le fixer à 60 Hz ou 120 Hz en fonction des besoins. Le comportement du mode automatique, réglé ici aussi par défaut, ne change pas non plus. Nous avons donc ici la même remarque : la technologie LTPO fait ici défaut, peut-être plus encore qu’avec l’écran externe, car la dalle interne est plus gourmande en énergie au quotidien de part sa taille.
Face à Samsung, Xiaomi ou encore Vivo, Huawei offre ici une expérience visuelle de bonne qualité, même si elle est en léger retrait. Mais le plus interessant est de comparer le Mate X3 avec le Magic Vs. Avec ce dernier, Honor privilégie l’utilisation de l’écran externe, tandis que Huawei met plus de soin sur l’écran interne du Mate X3 pour un usage certainement un peu plus équilibré entre les deux affichages.
Interface
Comme le P60 Pro, la version européenne du Mate X3 n’est pas animé par HarmonyOS, mais par EMUI 13.1. Cette version du système d’exploitation de Huawei est basée sur Android 12. Si cela peut choquer a priori, notamment sur le segment des téléphones très haut de gamme où la récente (et la maintenance) d’Android est importante, c’est moins le cas ici. En effet, Huawei modifie tellement l’interface d’Android que les changements apportés par la dernière version seraient masqués. Ne soyons donc pas tristes.
EMUI 13.1 est, comme avec le P60 Pro, une interface avec beaucoup de paramètres pour personnaliser le comportement du téléphone : format d’affichage des applications, navigation dans les menus, interactivité des widgets et des icônes, etc. Les fondamentaux sont toujours présents : le menu de raccourci accessible avec le pouce en glissant de la tranche droite vers le centre (par défaut), l’absence de tiroir d’application, etc. Les habitués ne seront pas perdus.
Grâce à la belle surface d’affichage de 7,8 pouces, vous pouvez choisir d’utiliser l’espace comme un seul écran d’accueil ou comme deux écrans placés côte à côte. Nous avons tendance à préférer la première option qui fluidifie le passage du cover screen à l’écran interne. Le multitâche n’est pas aussi optimisé ici qu’avec d’autres smartphones pliants : il est possible d’afficher deux applications seulement (le copier-coller entre elles est actif, bien sûr) et de redimensionner l’espace entre les deux fenêtres. Mais il n’est pas possible d’ouvrir une troisième application flottante. Notez que l’affichage multitâche fonctionne aussi avec l’écran externe… même si ce n’est pas hyper pratique.
Deux petites remarques encore sur l’adaptation de l’interface au form factor du Mate X3. D’abord, nous aimons certaines adaptations de l’interface à la taille de l’écran. C’est le cas par exemple du menu « paramètres ». En revanche, nous en attendions un peu plus de certaines applications système, comme le navigateur web qui étire simplement la fenêtre, ou encore le clavier virtuel qui ne se scinde pas en deux pour rapprocher les touches du centre des deux pouces.
Ensuite, le nombre d’applications tirant parti de l’écran partiellement fermé est très, très limité. L’application Appareil Photo est la seule à changer d’interface si vous fermez partiellement le Mate X3. Cela permet de poser le téléphone sur une table durant un appel en visio. Vous pouvez également vous servir de cette position pour prendre un selfie avec le capteur principal (à l’aide de l’écran externe). Habituellement, certaines applications Google prennent en charge cet état. Mais ces dernières étant absentes, l’expérience attendue par ce type de produit est un peu tronqué. Il faut maintenant que Huawei travaille sur cet aspect.
Nous ne pouvons pas aborder EMUI sans parler de Google. Embargo américain oblige, vous n’avez ni Play Store dans ce téléphone (mais l’AppGallery), ni les logiciels de la firme de Mountain View (remplacés pour la plupart par des solutions de très bonne qualité) ni les librairies que les applications tierces utilisent pour fonctionner et interagir entre elles. Et c’est l’absence de ces dernières qui, en vrai, occasionnent le plus de problèmes.
En effet, malgré la présence de Gspace dans l’AppGallery et la relative facilité à l’installer, il n’est pas rare de rencontrer une incompatibilité. Parce que la version d’Android de Gspace n’est pas la bonne. Parce que la version des applications installées n’est pas la bonne. Parce que les liaisons natives sont indisponibles. Nous avons longuement évoqué ce problème dans notre test du P60 Pro. Nous vous conseillons la lecture de la partie sur l’interface pour en savoir davantage.
Nous regrettons aussi la présence de nombreuses applications commerciales préinstallées ou prêtes à être installées (par un simple tapotement dessus). Elles pullulent dans des dossiers créés dès la mise en service du téléphone. Ce n’est pas très digne. Sans oublier les publicités qui se cachent non seulement dans l’interface, mais aussi dans les logiciels système. Nous protestons contre cette stratégie dans MIUI chez Xiaomi / Poco / Redmi. Nous le faisons ici aussi parce que cela gâche l’expérience.
Performances
Passons maintenant à l’intérieur du smartphone et parlons performances. Le Mate X3, comme tous les smartphones récents de Huawei, est équipé d’un SoC doublement dépassé. Deux raisons. D’abord, il s’agit d’un Snapdragon 8+ Gen 1 et non un Snapdragon 8 Gen 2. C’est dommage car, dans quelques semaines, Samsung présentera certainement des smartphones pliants avec une plate-forme à jour. Aïe. Ensuite cette version du SoC de Qualcomm n’est pas compatible 5G, mais 4G uniquement. Certains pourraient trouver cela dommage pour un téléphone aussi onéreux.
Pour nous, la présence d’une version 4G du Snapdragon 8+ Gen 1 n’est pas un souci. Pour deux raisons. D’abord, parce que la puissance développée par ce SoC est largement suffisant pour tous les usages d’aujourd’hui et de demain. Nous le voyons avec les résultats obtenus ci-contre. Ensuite parce que l’intérêt de la 5G est très surfaite. Vous n’avez que très rarement besoin de la 5G aujourd’hui. Et si vous passez d’un réseau 4G à un réseau 5G, vous ne ressentirez pas un réel changement. Vous le ressentirez dans le futur. Mais pas maintenant.
L’intérêt principal d’un Snapdragon 8 Gen 2 par rapport à un Snapdragon 8+ Gen 1 est la gestion de la charge de travail. Celle-ci est mieux répartie entre les coeurs (et entre le CPU et le GPU). Cela a une incidence sur l’énergie consommée et sur la chaleur dégagée. Bien sûr, il y a une différence de puissance au niveau du CPU et, surtout, du GPU. Mais sur un Mate X3 qui s’adresse d’abord aux professionnels nomades, la puissance brute n’est pas un critère important, tant que l’ensemble reste fluide. Et c’est le cas ici.
Cela n’empêche pas le Mate X3 de vouloir prétendre à un usage multimédia et vidéoludique comme tout porte-étendard qui se respecte. Il ne refuse d’ailleurs pas de lancer les jeux les plus gourmands de l’AppGallery ou du Play Store (après avoir réussi à contourner les difficultés éventuelles au lancement). Et ils fonctionnent plutôt bien, même si nous constatons quelques ralentissements fugaces.
En revanche, le Mate X3 ne sera jamais une option pour les joueurs compétitifs. La stabilité de la plate-forme dans les stress test est assez mauvaise (moins de 40 %), certainement pour éviter les surchauffes. Au global, la température monte au-dessus des 40°. Et certains coeurs du CPU peuvent dépasser les 60°. Pour Genshin Impact et Honkai Star Rail, ça ne pose pas de problème. Pour Fortuite, c’est plus gênant.
Batterie
Restons à l’intérieur du téléphone et étudions la batterie. Et plus précisément « les batteries » puisque le Mate X3, comme tous les smartphones type « Fold », en intègre une dans chaque partie de son châssis. La capacité totale offerte ici atteint 4800 mAh. C’est 200 mAh de mieux que le Mate Xs 2. C’est 400 mAh de mieux que le Galaxy Z Fold 4. C’est autant que le X Fold de Vivo. Et c’est moins bien que le Magic Vs de Honor. Huawei se positionne donc dans la moyenne du marché.
Notez que la version chinoise du Mate X3 profite d’une capacité supérieure à 5000 mAh. Et les batteries s’appuient sur une technologie de stockage à base de silicone et de carbone. Voilà qui aurait été un argument fort pour le Mate X3. Toutefois, même sans cette généreuse capacité, le Mate X3 européen offre une bonne autonomie. Nos tests montrent que le téléphone tient un peu plus de deux jours en usage standard et environ 5 heures pour les joueurs.
C’est un score très correct, mais qui cache deux mauvaises nouvelles. D’abord, le Mate X3 n’égale pas le Galaxy Z Fold 4, malgré une capacité plus importante chez Huawei. Samsung réussit ici à mieux optimisé l’énergie mis à la disposition de son processeur et de ses écrans. La technologie LTPO y est certainement pour quelque-chose. Ensuite, nous obtenons ce score en utilisant quasiment uniquement l’écran externe. Si vous utilisez principalement l’écran interne, l’autonomie baisse de 20 % à 25 %. Dommage pour un téléphone qui veut justement privilégier l’utilisation de son écran pliant.
Une fois les deux batteries vidées, il est temps de recharger le téléphone. Le Mate X3 est compatible charge rapide filaire 66 watts, sans changement par rapport à la génération précédente. Et comme le Magic Vs. Vivo continue donc d’offrir la charge rapide la plus véloce, avec une puissance de 120 watts. Si vous avez un chargeur sans fil, le Mate X3 accepte une puissance pouvant monter jusqu’à 50 watts, comme le X Fold 2. Donc, le Mate X3 offre l’une des meilleures expérience de recharge sans fil du marché des pliants. C’est un atout.
Encore faut-il avoir un chargeur adapté ? Huawei offre un chargeur avec son Mate X3. Mais un chargeur filaire 66 watts. Avec ce dernier, vous passez de 0 % à 100 % en 63 minutes exactement. C’est un score correct, même s’il n’est pas le plus rapide. Voici quelques étapes intermédiaires si vous n’avez pas une heure devant vous :
- 12 % en 5 minutes
- 50 % en 23 minutes
- 60 % en 30 minutes
- 79 % en 45 minutes
- 90 % en 50 minutes
Comme pour le P60 Pro, le Mate X3 profite de deux outils pour soigner la batterie. Il y a la charge limitée, pour bloquer le cycle à 70 %, 80 % ou 90 %. E il y a la charge programmée, qui va finir le cycle de recharge à un moment que vous aurez choisi (ou que le système trouvera opportun par rapport à vos habitudes). Vous avez également un indicateur de capacité maximale (pour mesurer l’usure de la batterie). Enfin, notez la présence d’un message étonnant qui vous conseille, pendant la charge, d’ouvrir le téléphone… pour éviter les surchauffes. Mieux vaut prévenir que guérir, certes. Mais c’est un peu anxiogène.
Audio
Passons à la partie audio de ce test. Nous avons trois remarques à faire à propos du Mate X3 dans ce domaine. D’abord, le smartphone dispose sans surprise de deux haut-parleurs symétriques. Ils sont positionnés sur la même moitié du Mate X3. Ils sont donc opposés l’un à l’autre, que le téléphone soit fermé ou ouvert. Ainsi, en orientation paysage, vous bénéficiez toujours d’une expérience stéréo. Voilà qui est intelligent.
La qualité du son produit par le Mate X3 est d’ailleurs plutôt bon. La puissance est assez élevée. Et cela ne grésille pas, même quand la puissance est poussée au-dessus des 50 %. Les médiums sont généreux, sans surprise. Les aigus sont plutôt clairs. Et les basses sont bien présentes, même si cela ne remplace pas un bon casque audio.
Ensuite, le Mate X3 intègre trois microphones, comme nous l’avons vu quand nous avons étudié le design. Le micro principal et deux pour la réduction de bruit active (certainement pour s’adapter aux deux positions du téléphone). Et l’expérience en communication est bonne, que le Mate X3 soit ouvert ou fermé. Nous notons en revanche l’absence de micro pour la captation vidéo. Cela aurait pu être intéressant d’en inclure un ici.
Enfin, le Mate X3 adopte, comme le P60 Pro, un égaliseur sommaire appelé Histen. Il inclut des profils sonores préfabriqués. Il y en a quatre : standard, pour réduire la consommation d’énergie, fidélité, pour donner la priorité à la qualité sonore, audio 3D, pour simuler la spatialisation du son, et automatique qui va adapter les réglages selon les situations. Il y a deux limitations dans cet égaliseur. D’abord, il n’est pas possible de personnaliser ou d’ajouter un profil. Ensuite, Histen est compatible uniquement avec un casque ou des écouteurs. Il n’est pas possible d’en profiter avec les haut-parleurs intégrés. Et ce alors que les haut-parleurs ne manquent pas d’intérêt. Dommage.
Photo
Terminons ce test par la photo. Nous avons l’habitude avec Huawei d’avoir des résultats particulièrement bons. Ce fut le cas récemment avec le P60 Pro. Il est, sans l’ombre d’un doute, l’un des meilleurs photophones actuellement. Voire le meilleur dans certains exercices. Est-ce également le cas avec ce Mate X3 ? Avant de répondre à cette question, étudions d’abord la configuration présente ici. Elle est composée de cinq capteurs dont voici les principales caractéristiques :
- Principal : capteur 50 mégapixels, objectif ouvrant à f/1.8, stabilisateur optique, autofocus à détection de phase et laser
- Téléobjectif : capteur 12 mégapixels, téléobjectif périscopique ouvrant à f/3.4, stabilisateur optique, autofocus à détection de phase, zoom optique 5x
- Ultra grand-angle : capteur 13 mégapixels, objectif ouvrant à f/2.2, autofocus à mesure de contraste
- Selfie interne : capteur 8 mégapixels, objectif ouvrant à f/2.4
- Selfie externe : capteur 8 mégapixels, objectif ouvrant à f/2.4
A première vue, nous sommes face à une configuration haut de gamme, proche de celle du Galaxy Z Fold 4. Nous voyons quelques améliorations vis-à-vis du Mate Xs 2 : un deuxième capteur selfie, un stabilisateur sur le capteur principal, un autofocus sur l’ultra grand angle, un téléobjectif avec un capteur mieux défini et un zoom optique plus profond. Sans être à la hauteur de la configuration du P60 Pro, le Mate X3 s’en rapproche. Il y a cependant quelques manques, notamment l’obturateur mécanique de l’objectif principal, le stabilisateur du téléobjectif plus efficace et, globalement, des objectifs ouvrant plus grands. Mais une fiche technique ne suffit pas à faire une bonne photo : regardons les résultats.
Le Mate X3 propose de belles photos en journée, quel que soit le capteur utilisé (principal, grand angle ou téléobjectif). Vous aurez évidemment de meilleurs résultats avec le capteur principal. Les couleurs sont belles (parfois un peu trop saturées, notamment avec l’ultra grand-angle). L’équilibre est excellent, même en contre jour. Le HDR prononcé, permettant de faire ressortir de nombreux détails. L’autofocus est rapide. Très rapide même. Mais il y a une astuce : le Mate X3 réalise plusieurs photos, dont certaines par anticipation. Ainsi, vous ne ratez jamais le sujet de votre photo.
En vidéo, les résultats sont tout aussi convaincants. Nous notons tout de même une grosse différence sur la qualité de reproduction des couleurs entre le capteur principal et l’ultra grand-angle : ce dernier tend à jaunir davantage la scène. Quand vous passez d’un capteur à l’autre, vous ressentez non seulement un accrochage dans le zoom arrière, mais vous constatez instantanément une baisse de qualité.
Par défaut, le téléphone filme en 4K à 60 images par seconde. Mais vous pouvez baisser en 720p ou en 1080p la définition, ainsi qu’en 30 images par seconde le frame rate. Le zoom numérique monte jusqu’à 15 fois, ce qui est beaucoup une fois encore. Le lissage des textures y est prononcé et le bruit assez présent. Nous vous conseillons de ne pas dépasser le rapport 10x. Petite remarque amusante : vous devez monter au rapport de zoom 6x pour passer du capteur principal au téléobjectif… alors que ce dernier offre un rapport 5x en optique.
De nuit, les résultats sont également bons, mais uniquement avec le capteur principal. Ce dernier reproduit bien les couleurs et propose de nombreux détails. L’utilisation du mode nuit n’est pas nécessaire. Il vous permet ici uniquement d’apporter plus de contraste, de mieux maitriser les sources de lumière et de faire ressortir les détails dans les ombres. Les capteurs secondaires offrent aussi des résultats corrects en soirée, même si leurs défauts vont être accentués. Le manque de lumière sur l’ultra grand-angle et le manque de piqué du téléobjectif. Le mode nuit peut, ici, vous sauvez quelques prises de vue.
Que ce soit de jour ou de nuit, le mode portrait est l’une des grandes forces du Mate X3. Le détourage est excellent. La luminosité est belle. L’effet bokeh est élégant. Le grain de la peau est intact. Il n’y a pas d’outils d’embellissement qui viendrait, de façon incongrue, dénaturer le portrait. Les portraits ne sont pris en charge que par le capteur principal. Il y a trois réglages de zoom possible : 1x, 2x ou 3x, sachant que les deux derniers sont numériques. Par défaut, le bokeh est activé sur le réglage « cercle ». Vous pouvez voir de petits ronds sur les photos ci-contre, notamment en soirée.
Quelques remarques sur le capteur ultra grand-angle et le téléobjectif. D’abord, les distorsions sont relativement bien gérées, même si nous constatons quelques imperfections dans les coins qui vont réduire le piqué (et supprimer quelques détails). Ensuite, le zoom optique monte à 5x, mais le zoom numérique monte jusqu’à 50x. Ce qui est énorme. De jour, le zoom numérique reste bon jusqu’à 15x environ (le grain peut varier selon les conditions de lumière). Après, cela devient beaucoup plus compliqué, malgré la présence d’un stabilisateur. En soirée, le zoom optique montrant quelques faiblesses en terme de grain et de lumière, nous vous déconseillons d’utiliser le zoom numérique dans ces conditions.
Finissons cette partie photo avec les selfies que vous pouvez réaliser avec l’un des deux capteurs dédiés présents dans les poinçons des écrans. Dans l’ensemble, les deux capteurs se valent. Ils ont les mêmes propriétés et leurs résultats sont très proches. Les résultats sont globalement bons de jour ou de nuit. Nous avons tendance à préférer utiliser le capteur externe plutôt que le capteur interne, parce que la taille du Mate X3, quand il est ouvert, nécessite l’utilisation des deux mains. Et c’est moins pratique. Notez que, par défaut, le bokeh est désactivé en mode portrait. Il faut l’activer manuellement, évidemment.
Conclusion
Le Mate X3 est une prouesse technique : le design du téléphone est exceptionnel. Le smartphone est fin et léger, comme pourrait l’être un smartphone traditionnel. Seulement voilà : ce n’est pas un smartphone traditionnel. C’est un modèle pliant. Et c’est là où Huawei frappe très fort. En outre, la firme chinoise soigne de nombreux autres aspects, comme l’affichage (de l’écran interne ou externe), la consommation d’énergie, la chauffe et la photo, l’un de ses domaines de prédilection.
Le Mate X3 n’est cependant pas un smartphone parfait. Nous l’avons vu dans ce test : la gestion du taux de rafraichissement des écrans, la stabilité de la plate-forme, la recharge de la batterie, la prise en charge complète du form factor (smartphone à moitié ouvert), l’interface (services Google, applications commerciales préinstallées, publicités) ou encore les photos de nuit. Tout cela fait évidemment tâche dans un smartphone à plus de 2000 euros. Difficile alors de le recommander aussi chaudement qu'un P60 Pro… ou qu'un smartphone pliant concurrent beaucoup moins cher.
Le Mate X3 a d'excellents atouts dans sa besace. Les photos avec le capteur principal. Les portraits. Les selfies. La personnalisation de l'interface. Les bonnes performances. La maitrise de la chaleur. L'autonomie. Les deux écrans. Sans oublier le design incroyable, très fin et très léger pour ce form factor. Tous ces avantages auraient pu justifier un achat à 2200 euros. Si seulement le produit n'avait aucun défaut. Or, ce n'est pas le cas. La publicité dans l'interface. Les applications commerciales préinstallées, les photos de nuit avec le téléobjectif ou l'ultra grand-angle. La lenteur de la charge rapide. La gestion archaïque du taux de rafraichissement des écrans. Sans même aborder l'absence des services Google, le Mate X3 est trop onéreux. Et le rapport qualité-prix n'est pas en sa faveur face à la concurrence.
- Le design ultra fin et ultra léger
- La bonne maitrise de la colorimétrie sur les deux écrans
- Les performances idéales pour travailler en mobilité
- L'autonomie de deux jours
- La bonne expérience audio avec les haut-parleurs
- Les belles photos du capteur principal
- Les élégants portraits et autoportraits, de jour ou de nuit
- Le taux de rafraichissement minimum coincé à 60 Hz
- L'interface chargée en publicité et en applications commerciales préinstallées
- Le manque d'adaptation au form factor des applications système
- Le manque de stabilité des performances
- La recharge rapide un peu lente
- Le bruit trop présent en zoom numérique
- Les photos de nuit de l'ultra grand-angle
- L'absence de Google (encore...)