Test du Huawei P8 : le haut de gamme chinois est-il de taille ?
Le Huawei P8 a été présenté le 15 avril dernier lors d'une conférence en grande pompe qui se déroulait à Londres. La marque chinoise affiche l'ambition de chasser les plus grands sur leur terrain avec un mobile haut de gamme. Pour l'occasion, Huawei abandonne l'appellation « Ascend » pour un sobre « P8 ». La marque fait également un pas de plus vers le premium en proposant son smartphone à un prix supérieur à celui du P7 lors de son lancement. On voit tout de suite si le Huawei P8 a les moyens de ses ambitions !
Dans la boîte : le téléphone, les écouteurs, un chargeur, un câble USB 2.0, un guide de démarrage rapide, un guide de sécurité et une clé pour ouvrir les trappes nano-SIM et microSD.
Caractéristiques techniques
Au niveau de la fiche technique, le Huawei P8 n'a rien à envier aux meilleurs. Pour son écran 5,2 pouces, le choix du Full HD a été fait, la marque chinoise privilégiant la consommation énergétique de l'écran et estimant que la résolution sur une telle diagonale est largement suffisante (424 ppp). Le processeur huit coeurs maison Kirin 930 est embarqué, épaulé par un GPU Mali-T628 et 3 Go de RAM.
Le capteur de 13 mégapixels et sa compatibilité RGBW ont également été mis en avant lors de sa présentation, nous verrons ce qu'il vaut dans la partie photo de notre test. La batterie fait elle seulement 2680 mAh, nous verrons également son endurance. C'est parti !
Ecran | IPS-NEO LCD 5,2 pouces Full HD 1920 x 1080 pixels (424 ppi), protection Gorilla Glass 3, Ratio taille/écran 71,4 % |
Processeur | Hisilicon Kirin 930, 8 cœurs (4 x A53 à 2,0 GHz + 4 x A53 à 1,5 GHz) 64 bits |
GPU | Mali-T628 MP4 |
RAM | 3 Go |
Stockage | 16 Go (10,4 disponible) ou 64 Go |
MicroSD | Oui, jusqu'à 128 Go |
Batterie | 2680 mAh (non-amovible) |
Appareil photo principal | 13 mégapixels Stabilisateur d'Image Optique (OIS), vidéo 1080p, capteur RGBW, DSLR, Flash à double température de couleur. |
Appareil photo avant | 8 mégapixels |
Connectivité | 4G LTE Cat 4 double SIM, Bluetooth 4.1 LE, WiFi 802.11n 2,4 GHz, WiFi Direct, NFC |
Réseaux | FDD LTE : B1/B2/B3/B4/B5/B7/B8/B12/B17/B18/B19/B20/B25/B26/B28, GSM : Fréquence principale : 850/900/1800/1900MHz, Fréquence secondaire : 850/900/1800/1900MHz |
Connectique | Dual SIM (nano-SIM), micro-USB 2.0, prise casque 3,5 mm |
Audio | prise casque (tranche supérieur), haut-parleurs (tranche inférieur) |
Dimensions | 144,9 x 72,1 x 6,4 mm |
Poids | 144 grammes |
OS | Android 5.0.2 Lollipop + Emotion UI 3.1 |
DAS | 1,720W/kg |
Coloris | Mystic Champagne et Titanium Grey (16 GB), Carbon Black et Prestige Gold 64 GB) |
Un Design réussi, mais classique
Le Huawei P8 est clairement un bel objet. Une fois en main, on constate que les bordures autour de l'écran 5,2 pouces sont assez fines, même si nous ne sommes pas encore sur du borderless, avec un léger cadre noir. La prise en main est bonne, même si le téléphone est assez anguleux et que l'utiliser parfaitement d'une main n'est pas chose aisée (comme sur beaucoup de smartphones de plus de 5 pouces).
Aucune touche sur la partie inférieure, les trois boutons de navigation étant directement sur l'écran. Au-dessus, le haut-parleur pour les appels, les capteurs de luminosité et de proximité, et l'appareil photo avant de 8 mégapixels pour les selfies et la visioconférence.
Au dos, le Huawei P8 s'habille d'aluminium, ici dans sa version grise. Sur la partie haute, on retrouve en revanche une bande de plastique recouverte de verre sur laquelle se trouvent l'appareil photo de 13 mégapixels et son flash LED, dans le coin supérieur gauche. Une bande blanche est sur la partie basse pour mieux faire passer le réseau à travers tout de métal.
Le cadre du téléphone est lui entièrement en aluminium et légèrement biseauté sur les angles pour venir épouser au mieux l'écran. Sur la tranche haute, un micro et le port casque. En dessous, la prise micro-USB entourée de deux vis, et les deux haut-parleurs de chaque côté qui sont disposés de la même manière que sur l'iPhone 6 et le Galaxy S6.
Le côté droit est très fourni. Sur cette tranche se trouve le bouton de contrôle du volume, le bouton de mise sous tension qui est positionné dans un renfoncement, ce qui permet de l'identifier facilement sans avoir à le chercher. Sur ce côté se trouve également les deux trappes nano-SIM, car oui le Huawei P8 est dual-SIM. L'une de ces trappes permet d'ajouter une carte microSD, il faudra alors sacrifier un des deux ports SIM. Enfin, la dernière tranche est vierge de tout bouton.
Le design du Huawei P8 est donc une réussite, clairement premium, mais un peu classique et anguleux. Vous serez seul juge sur ce dernier point, en fonction de vos goûts.
Un excellent écran IPS
C'est un écran IPS-NEO qui équipe le Huawei P8. Une technologie qui a déjà fait ses preuves sur l'excellent Huawei Ascend Mate 7 par exemple. On ne va pas tourner autour du pot, le P8 a un des meilleurs écrans du marché. La température des couleurs est bonne (et peut être ajusté dans les réglages), les angles de vision sont excellents et les noirs profonds, même si sur ce point, les écrans AMOLED comme celui du S6 Edge gardent une longueur d'avance.
Sur ce tableau idyllique, nous avons tout de même une petite réserve sur la luminosité maximum. Si dans l'absolu elle est bonne, nous avons eu un peu de mal à consulter notre écran en extérieur avec un grand soleil. On aurait aimé que Huawei fasse un petit effort de ce côté, surement un choix pour préserver l'autonomie.
La définition Full HD est largement suffisante sur un écran de 5,2 pouces, ce qui nous donne une résolution de 424 ppp. La finesse d'affichage est au rendez-vous. Retenez que le P8 a surement le meilleur écran IPS du marché, et un des meilleurs toutes catégories confondues. Les Galaxy S6 gardent une courte tête d'avance selon moi, sur le contraste et la luminosité.
Benchmarks et performances : une déception
Il faut savoir que le Huawei P8 embarque deux processeurs 64 bits légèrement différents selon la version. Le Kirin 930 (celui que nous avons sur notre version) ou le Kirin 935, respectivement cadencé à 2 GHz et 2,2 GHz. L'architecture huit coeurs repose sur 4 coeurs Cortex A53 à 2,0 GHz et quatre autres à 1,5 GHz pour les tâches moins lourdes afin d'économiser de l'énergie.
AnTuTu | 49599 |
Geekbench 3 (Single-Core / Multi-Core) | 869 / 3620 |
Basemark OS II (Overall / System / Memory / Graphics / Web) | 1100 / 1966 / 1233 / 879 / 688 |
GFX Bench Manhattan (Onscreen / Offscreen) | 453,9 / 436 |
GFX Bench T-Rex (Onscreen / Offscreen) | 723,5 / 567,8 |
PC Mark | 4637 |
Browsermark | 839 |
3D Mark Unlimited (Gobal / Graphics / Physics) | 11927 / 12464 / 10363 / 32,9 (FPS) |
Basemark X (High Quality) | 9289 |
Epic Citadel (Ultra High Quality) | 49,7 FPS |
Gamebench (20 minutes de jeu sur Real Racing 3) | 32 FPS |
Androbench (Lecture / Ecriture Séquentielle) | 138,92 / 39,43 (MB/s) |
Androbench (Lecture / Ecriture Aléatoire) | 23,46 / 10,51 (MB/s) |
Que vaut ce processeur Kirin 930 couplé à 3 Go de RAM ? Et bien à peu près la même chose que le Kirin 925 du Ascend Mate Gold. Les scores obtenus sont un peu supérieurs, mais pas dans tous les domaines. C'est notamment le cas sur 3D Mark où le Mate 7 Gold affiche un score de 14007, contre 11927 pour le P8. Le GPU et la quantité de RAM sont pourtant les mêmes sur les deux appareils.
Sur Gamebench, le Huawei P8 ne se montre pas particulièrement véloce. Avec 32 images par secondes en moyenne sur une session de jeu de 25 minutes (Real Racing 3), c'est suffisant pour jouer dans de bonnes conditions, mais le GPU Mali-T628 MP4 ne brille pas particulièrement par sa puissance. Au niveau de l'autonomie en jeu , vous tiendrez moins de 3h, attention donc à ne pas en abuser si vous n'avez pas de quoi recharger votre P8 rapidement.
Le processeur maison de Huawei est assez loin du SoC Exynos du S6 ou du Snpadragon 810 du HTC One M9 en terme de performances. Nous sommes donc assez déçus des performances offertes par le Kirin 930 qui n'est pas en mesure de tenir tête à ses concurrents sur le haut de gamme, et qui ne surclasse pas non plus le Mate 7 sortie il y a déjà quelques mois.
Interface
L'interface Emotion UI 3.1 passe enfin sous Android Lollipop ! Au-delà des améliorations sur les performances et les notifications notamment, vous allez avoir du mal à reconnaître Lollipop et son Material Design. Emotion UI affiche toujours des icônes aux coins arrondies, et toujours aucun tiroir d'applications à l'horizon. Elles s'affichent donc toutes sur les bureaux.
Depuis l'écran de verrouillage, vous pouvez accéder aux notifications, mais également à un panneau raccourci avec un accès rapide vers certaines applications comme l'appareil photo, la calculatrice, la lampe torche, ou encore le mini player pour la musique.
Une fois sur les bureaux, on reconnaît Emotion UI qui n'a visuellement pas beaucoup changé depuis Andorid KitKat. L'interface est toujours très personnalisable, avec un nombre raisonnable d'applications préinstallées. Simplement de quoi lire sa musique, ses vidéos, ses images et gérer les applications ainsi que le nettoyage de son Huawei P8.
Le panneau des notifications a toujours cette légère transparence du plus bel effet. Les informations s'affichent sous forme d'une ligne de temps que vous pouvez nettoyer d'un simple clic en appuyant sur la poubelle. Un geste sur le côté affiche les raccourcis vers différentes fonctions du téléphone, du classique.
La gestion des applications est bien pensée. Vous pouvez choisir quelles applications peuvent fonctionner en arrière-plan lorsque l'écran est éteint. Un bon moyen de ne pas gaspiller des ressources et ainsi gagner en autonomie. Le mode « Ne pas déranger » est également intéressant. Vous pouvez le planifier (lorsque vous dormez par exemple) et y ajouter des exceptions au niveau des personnes qui vous contactent et du nombre d'appels. Si une même personne vous appelle trois fois de suite, l'appel est peut-être important.
Un mode mains libres est disponible, mais uniquement disponible en anglais. Le but est de pouvoir par exemple passer un appel si vous êtes en train de cuisiner et que vous avez les mains sales. Même en anglais, le service est loin d'être infaillible (même si mon accent n'est pas terrible). Autre fonction, le mode Knuckle qui permet de prendre des captures d'écran avec l'articulation de votre doigt. La différence est donc faite avec le bout de vos doigts. Cela fonctionne, mais n'est pas très intuitif à l'usage.
Audio et Réseaux
Commençons par la partie audio. Les haut-parleurs du Huawei P8 sont situés sur la tranche inférieure. S'ils offrent une bonne restitution sonore dans l'ensemble, nous n'aimons vraiment pas cet emplacement. En effet, vous les boucherez assez facilement en tenant le téléphone à l'horizontale lorsque vous jouez ou regardez une vidéo. Les écouteurs intra-auriculaires offrent un excellent rendu et sont particulièrement confortables. La qualité sonore des appels est également excellente. L'expérience audio du P8 est donc bonne, mais son ergonomie est perfectible.
Passons au réseau. Huawei est spécialiste dans ce domaine, c'est pourquoi nous avons été assez surpris de retrouver « seulement » de la 4G de catégorie 4 et non 6. Un choix incompréhensible quand on sait que le Ascend Mate 7 possède bien la catégorie 6. Il faudra donc s'en contenter, c'est déjà pas mal, mais pas en adéquation avec le positionnement haut de gamme que veut donner Huawei à son P8.
Parmi les technologies propriétaires, on retrouve le WiFi+ qui permet de se connecter automatiquement au meilleur réseau WiFi dans les espaces publics. Roaming+ fonctionne de la même manière en cherchant les meilleurs réseaux lorsque vous êtes en voyage à l'étranger. Deux fonctionnalités intéressantes, mais que vous n'utiliserez finalement que ponctuellement.
Un bon Appareil photo
L'application photo du Huawei P8 est riche en fonctionnalités. Les novices pourront se laisser guider avec le mode automatique et les filtres pour appliquer quelques effets. Les experts auront également une marge de manoeuvre importante dans les réglages avec la possibilité de changer les ISO, la balance des blancs, la résolution, le contrôleur audio, etc.
Dans les modes de prise de vue, on retrouve les classiques Panorama et HDR, mais également la mise au point sélective pour retoucher sa photo a posteriori en changeant la mise au point. Le mode nuit noire est également proposé, le résultat en images un peu plus loin.
Le capteur de 13 mégapixels est fabriqué par Sony. Il propose une ouverture f/2.0, la stabilisation optique et une compatibilité RBGW, le tout accompagné d'un double flash LED. Le capteur avant de 8 mégapixels, également fabriqué par Sony, prend de bons selfies. Côté vidéo, on peut filmer en 1080p, pas en 4K, encore un point de différenciation avec les meilleurs haut de gamme du moment.
La qualité des photos est bonne, particulièrement lorsque la lumière est bien présente. On constate tout de même un manque de piqué des photos par rapport aux meilleurs capteurs du marché qui se montre globalement plus précis dans les détails. Il faut dire qu'on en attendait du très lourd suite à la présentation de Huawei qui avait particulièrement insisté sur ce point. Le rendu des couleurs est lui très juste.
Le mode HDR est efficace, la prise de vue est rapide, mais la mise au point se montre parfois capricieuse sur certaines scènes. En basse lumière, les choses se compliquent, le Huawei P8 n'est pas particulièrement doué dans ce domaine, loin derrière le Galaxy S6. C'est là qu'intervient le mode nuit noire qui prend plusieurs photos avec différentes expositions afin de proposer un seul cliché le plus lumineux possible.
Le problème est que cela donne immédiatement un effet de flou aux clichés. Utiliser un trépied est ici obligatoire pour avoir un bon résultat, ce qui ne correspond pas vraiment à un usage quotidien en mobilité.
Photos avec mode HDR
Photo en basse lumière et de nuit
Le mode Nuit noire
Light Painting avec le Huawei P8
Terminons avec le light painting sur le Huawei P8. Une fois l'option activée, vous avez simplement à vous mettre dans le noir et filmer une source lumineuse qui bouge pour créer les formes que vous voulez. Cela fonctionne bien, le mieux étant d'utiliser la lampe torche. Par contre, vous allez surement vous y reprendre à plusieurs fois avant d'obtenir le résultat voulu !
Autonomie : pas à la hauteur
La batterie de 2680 mAh du Huawei P8 est correcte sur le papier. C'est mieux que le Galaxy S6 avec ses 2550 mAh, mais moins bien que le LG G4 et ses 3000 mAh. Mais quel que soit son concurrent, le Huawei P8 fait moins bien. Malgré un écran Full HD et une luminosité maximum pas trop importante, la faible autonomie du P8 semble à mettre sur le compte de l'optimisation logicielle d'Emotion UI sous Lollipop.
Vidéo YouTube (1h, WiFi, luminosité max) | – 24 % |
Vidéo locale 1080p (1h, luminosité max) | – 21 % |
Web (Page rafraîchit toutes 60 secondes, 1h, WiFi, luminosité max) | – 25 % |
GFX (Battery Test) | 148,3 minutes |
PC Mark (Work battery Test) | 4h36 |
Recharge avec fil (30 minutes, WiFi et Data désactivés) | + 18 % |
Le P8 perd même pas mal de batterie lorsqu'il est éteint, à moins que vous preniez la peine de fermer toutes les applications en arrière-plan. En lecture vidéo YouTube ou locale, nous perdons respectivement 24 % et 21 % en seulement une heure. À titre de comparaison, le S6 et sa batterie plus petite perdent 16 % et 7 % aux mêmes tests. Un mode d'économie d'énergie existe pour ajuster tout ça et gagner quelques heures, mais vous aurez du mal à tenir plus d'une journée avec le Huawei P8 avant de devoir le recharger.
Un autre point faible est l'absence de la recharge rapide, qui peut s'avérer parfois très pratique. Là où les derniers mobiles haut de gamme peuvent gagner 50 % de batterie en 30 minutes, le Huawei P8 s'est rechargé de seulement 18 % sur le même durée.
Conclusion
Le Huawei P8 est un bon smartphone dans l'ensemble, mais se montre finalement assez loin de ses ambitions, à savoir concurrencer les meilleurs smartphones haut de gamme. Une volonté qui se traduit au niveau du design premium, mais aussi du prix qui est plus élevé que celui du P7 à sa sortie. Si ce n'est son excellent écran, le P8 peine à rivaliser avec les poids lourds du marché, aussi bien au niveau des performances que de l'interface, l'appareil photo et l'autonomie.
Un positionnement difficile dans la mesure ou le Huawei P8 est moins cher que ses concurrents, mais également moins bon dans bien des domaines. Reste à voir si ce haut de gamme trouvera son public chez nous. Vous l'aurez compris, il a bien des qualités, mais ne se présente pas comme un smartphone sans compromis pour les plus exigeants.